En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le Christ créateur
Bible de saint Louis, dite bible de Tolède, Christ pantocrator, vers 1220-1240, cathédrale sainte Marie de Tolède
A la fin du Moyen Age, apparaissent des manuscrits de la Bible dits bible moralisée ou historiée et qui consistent en la reprise de versets de la bible en latin, accompagnés de commentaires prodiguant des leçons de morale et systématiquement associés à des miniatures illustrant ces extraits.
La bible moralisée dite de Tolède (lieu où elle est conservée, à part 8 folio conservés à la Morgan Library and Museum de New York), appelée aussi bible de saint Louis ou bible riche de Tolède, est une bible moralisée en trois volumes qui aurait été réalisée au milieu du 13e siècle pour le roi Louis IX, saint Louis, à la demande de sa mère Blanche de Castille pour la formation du jeune roi. Elle ne contient pas le texte intégral de la Bible.
Nous regardons ici le folio 1, une enluminure à pleine page montrant le Christ présenté comme le créateur du monde.
Le Christ est inséré dans une immense mandorle quadrilobée à l’élégant contour coloré de vert et d’orange.
Puissant, il est assis sur un trône, vêtu d’une tunique brune et d’un manteau bleu. Le bleu suggère son humanité, tandis que le fond de l’image est doré pour suggérer le ciel et sa divinité..
De sa main droite il tient les outils nécessaires à son œuvre, un énorme compas, aux pointes métalliques. L’une est piquée sur le centre de l’univers, et l’autre dessine le périmètre extérieur du monde représenté comme un globe fait de magma et d’eau, que le créateur tient de la main droite. Ce globe est dépeint en lien avec le texte du premier chapitre de la Genèse.
Aux quatre coins sont représentés des anges supportent la mandorle et semblent obéir aux ordres donnés par le Créateur.
Le Christ porte un nimbe crucifère. Son visage est minutieusement dépeint, yeux bleus, barbe blonde touffue et des cheveux de la même couleur. Il a une allure jeune et apparaît heureux de son œuvre.
Ses pieds reposent sur une arche dorée et la perspective est inversée comme dans l’art byzantin.
Le texte biblique
Le Christ, lui, est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute création :
en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui.
Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui.
Il est aussi la tête du corps, l’Église.
Il est, lui, le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté.
Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude
et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel.
Col 1, 15-20
Commentaires
Reprenant l’enseignement de Paul en Romains 8, l’auteur de Colossiens écrit un hymne extraordinaire au Christ créateur et sauveur.
Deux strophes déploient,
l’une, le Christ présent à l’oeuvre créatrice de Dieu, et premier-né de cette création, inaugurant l’immense aventure du monde créé,
l’autre, le Christ ressuscité, premier-né de la nouvelle création qui entraîne avec lui dans la vie nouvelle tous les hommes qu’il est venu sauver.
Ainsi le Christ est-il au début et à la fin du projet de Dieu créant l’humanité pour la conduire à Lui : par le Christ, il la fait passer de l’ancienne création à la nouvelle.
Le Christ est aussi la tête de l’Eglise, le corps qui se constitue en lui, mais cette Eglise appartient encore à l’ordre de l’ancienne création, elle est comme la pointe extrême de l’humanité que le Christ rassemble et qu’il commence à attirer à lui pour la faire passer vers la création nouvelle, comme dans une immense naissance où le Christ tête est né à la vie, tirant après lui le corps Eglise, élargi aux dimensions de l’humanité.
Ainsi pour entrer dans la Résurrection, l’Eglise doit-elle s’ouvrir à tous les hommes rassemblés et appelés par Dieu à la paix universelle.