En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
L’entente fraternelle
Atelier de Hishikawa Moronobu (1618- 1694), divertissement sous les cerisiers en fleurs, 1680-1690, détail de paravent, Musée Guimet
Hishikawa Moronobu est un peintre japonais et créateur de l’estampe japonaise, au 17e siècle.
« Voici la description du jardin promis à ceux qui craignent Dieu. Il y aura là des fleuves dont l’eau est incorruptible, des fleuves de lait au goût inaltérable, des fleuves de vin, délices pour ceux qui en boivent, des fleuves de miel purifié. Ils y trouveront aussi toutes sortes de fruit et le pardon de leur Seigneur » (Coran XLVII-15)
Ce jardin décrit par Hishikawa Moronobu présente ce lieu favorable au repos, à la méditation, à la conversation et au dialogue et au pardon.
Des personnages déambulent par petits groupes.
Les deux hommes en bas à gauche se tournent le dos. A l’arrière l’homme tourne la tête vers l’arrière mais a les mains tendues vers l’autre. L’homme à qui il s’adresse fuit en avant tout en retournant vers son interlocuteur. Se sont ils querellés ?
Au milieu deux hommes discutent ensemble et ont l’air de bien s’entendre.
Enfin à droite un groupe de trois hommes semblent parler avec véhémence.
En haut de la représentation, un homme est agenouillé devant une maison, un temple ?, il se recueille.
Tous ces éléments sont reliés entre eux par des guirlandes de branches d’arbres et de fleurs qui rendent une atmosphère de paix et de concorde qui doit régner au cœur de ce groupe de personnages.
Le texte biblique
Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.
S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.
S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
Mt 18 15-20
Commentaires
Matthieu parle ici de « péché » considéré comme un acte qui perturbe la vie communautaire ou qui vu de l’extérieur, jette le discrédit sur le groupe.
L’Eglise dont il est question ici correspond à une communauté locale bien concrète, avec ses qualités et ses imperfections. Il peut lui arriver de procéder à des exclusions qui ne se substituent pas au jugement de Dieu, mais qui avouent que, tout ayant été repris, tel frère n’est plus supportable !
Toute proche de ses origines juives, l’Eglise dont parle Matthieu, met en garde les règles strictes de séparation : le païen ou le collaborateur avec l’occupant sont considérés comme impurs, donc exclus. On pourrait voir ici un moment où l’ouverture aux païens n’était pas encore acquise. Ou plutôt l’éternelle difficulté d’accueillir avec la miséricorde du Père et le regard aimant de Jésus tous ceux qui ne vivent pas comme nous, mais pour qui Jésus a donné sa vie sans exclusion.
Matthieu continue avec l’affirmation que Dieu ratifiera les décisions de la communauté , la réintégration ou l’exclusion du pécheur, les décisions disciplinaires, selon le sens du couple lier/délier dans le vocabulaire juridique du judaïsme ancien..
Jésus privilégie la démarche de dialogue, avant tout, dialogue qui peut être difficile et superficiel.
Le pardon est une dimension de la vie fraternelle, loin d’être évident en profondeur, pardon donné et pardon reçu, avec la nécessité d’être en lien avec Jésus.
Jésus a promis « tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous l’avez déjà reçu, cela vous sera accordé ». Dans son difficile dialogue avec le pécheur, l’Eglise se mettra à l’écoute de Dieu.
Parce que c’est Jésus qui rassemble les chrétiens, quand ils se réunissent pour agir en son nom pour régler les questions difficiles, ils sont assurés de sa présence active et efficace.
Ici Matthieu insiste sur le climat de prière et sur la volonté d’agir « au nom » du Christ qui doivent souder ensemble tous ceux qui s’impliquent dans cette démarche.