En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Un regard d’amour
Rembrandt, 1606-1669, la fiancée juive, 1667,Rijksmuseum, musée d’Amsterdam,
On a beaucoup écrit sur ce tableau. Rembrandt fait ici le portrait d’un couple amoureux, et il a été suggéré qu’il s’agissait celui du poète Miguel de Barrios et sa femmpe Abigaël de Pina. Ils sont sensés personnifier Isaac et Rebecca dans la tente de Sara.
L’homme dans un geste protecteur, a passé son bras gauche autour des épaules de la jeune femme. Il pose sa main droite sur la poitrine de sa compagne. Celle-ci répond à ce geste tendre en effleurant légèrement de sa main les doigts de son compagnon, le plus beau geste du tableau.
Pour Rembrant, au terme de sa vie, chaque portrait, chaque scène biblique, n’est qu’un prétexte pour raconter la beauté et la complexité de l’aventure humaine dans laquelle se mêlent l’amour, la solitude, la joie, la tristesse, la vieillesse.
Rembrandt ici cherche moins à identifier Isaac et Rebessa qu’à montrer l’amour conjugal et l’intimité qui lient ce couple.
Il s’attache à traduire avec justesse le regard et le geste doux et protecteur de l’homme, la caresse silencieuse de son épouse perdue dans ses pensées.
La technique de la peinture est magnifique. Sur les vêtements de l’homme on peut remarquer que Rembrandt utilise à la fois la brosse et la le couteau, technique tout à fait novatrice pour l’époque, ce qui donne un relief au tissu et permet à la lumière de vibrer. Les visages des personnages sont peints très finement, Rembrant s’étant attardé sur la réalisation des yeux, des nez, attirant tout spécialement notre regard.
Rembrant ne fait pas appel à des mouvements extravagants, mais pourtant exprime une émotion intense.
Le texte biblique
SARA vécut cent vingt-sept ans.
Elle mourut à Kiriath-Arba, c’est-à-dire à Hébron, dans le pays de Canaan. Abraham s’y rendit pour le deuil et les lamentations.
Puis il laissa le corps pour aller parler aux Hittites qui habitaient le pays :
« Je ne suis qu’un immigré, un hôte, parmi vous ; accordez-moi d’acquérir chez vous une propriété funéraire où je pourrai enterrer cette morte. »
Après quoi, Abraham ensevelit sa femme Sara dans la caverne du champ de Macpéla, qui est en face de Mambré c’est-à-dire à Hébron, dans le pays de Canaan.
ABRAHAM était vieux, avancé en âge, et le Seigneur l’avait béni en toute chose.
Abraham dit au plus ancien serviteur de sa maison, l’intendant de tous ses biens :
« Je te fais prêter serment par le Seigneur, Dieu du ciel et Dieu de la terre : tu ne prendras pas pour mon fils une épouse parmi les filles des Cananéens au milieu desquels j’habite.
Mais tu iras dans mon pays, dans ma parenté, chercher une épouse pour mon fils Isaac. »
Le serviteur lui demanda : « Et si cette femme ne consent pas à me suivre pour venir ici ? Devrai-je alors ramener ton fils dans le pays d’où tu es sorti ? »
Abraham lui répondit : « Garde-toi d’y ramener mon fils !
Le Seigneur, le Dieu du ciel, lui qui m’a pris de la maison de mon père et du pays de ma parenté, m’a déclaré avec serment : “À ta descendance je donnerai le pays que voici.” C’est lui qui enverra son ange devant toi, et tu prendras là-bas une épouse pour mon fils.
Si cette femme ne consent pas à te suivre, tu seras dégagé du serment que je t’impose. Mais, en tout cas, tu n’y ramèneras pas mon fils. »
ISAAC s’en revenait du puits de Lahaï-Roï. Il habitait alors le Néguev.
Il était sorti à la tombée du jour, pour se promener dans la campagne, lorsque, levant les yeux, il vit arriver des chameaux.
REBECCA, levant les yeux elle aussi, vit Isaac. Elle sauta à bas de son chameau
et dit au serviteur : « Quel est cet homme qui vient dans la campagne à notre rencontre ? » Le serviteur répondit : « C’est mon maître. » Alors elle prit son voile et s’en couvrit.
Le serviteur raconta à Isaac tout ce qu’il avait fait.
Isaac introduisit Rébecca dans la tente de sa mère Sara ; il l’épousa, elle devint sa femme, et il l’aima. Et Isaac se consola de la mort de sa mère.
Gn 23, 1-4.19 ; 24, 1-8.62-67
Commentaires
Le chapitre 23 de la Genèse rapporte la mort de Sara et la négociation d’Abraham pour acquérir un terrain où enterrer sa femme, rapportant ainsi la première acquisition de la Terre Promise. Abraham est revenu au lieu où il avait reçu la promesse de la naissance d’Isaac, en face de Mambré, là où Dieu s’était engagé à lui donner une descendance et une terre. Il donne consistance à la promesse en recevant ce petit terrain à Hébron.
En même temps Abraham sait qu’il reste un immigré, un hôte, et c’est peut-être pour mieux le signifier qu’il envoie chercher une femme pour son fils dans le pays lointain d’où lui-même il est venu.
L’auteur souligne ici le difficile équilibre entre la possession d’une terre « promise » et le fait qu’elle est toujours reçue d’un autre, l’être humain restant un immigré jusque sur sa propre terre.
Nous est racontée une belle histoire d’amour, qui commence près du puits si important dans le monde biblique, lieu de survie, d’échanges, de rencontres nuptiales.
Abraham n’a pas ménagé sa peine pour trouver à Isaac une femme issue de sa tribu d’origine. Mais il est bien souligné que c’est Dieu qui pourvoit au bien de ses amis « C’est lui qui enverra son ange devant toi, et tu prendras là-bas une épouse pour mon fils. » Cet ange du Seigneur signifie la présence de Dieu.
Après la mort de Sara, la vie se poursuit avec le mariage d’Isaac. Leur rencontre est décrite sobrement avec la même formule pour chacun : « levant les yeux, il/elle vit.. ». Cette formule est souvent l’annonce d’un événement important, ici c’est la naissance d’un amour.
Les promesses de Dieu se donnent et se disent dans les péripéties ordinaires de la vie.