En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le repas de la Vie
Juan de Juanes, 1507- 1579, la sainte Cène, 1556, musée du Prado
Juan de Juares est considéré comme le peintre le plus important de son époque à Valence. Il s’est consacré principalement à la peinture religieuse qu’il considérait comme un acte de dévotion de sa part.
Ses œuvres sont caractérisées par une solide construction, un dessin précis, l’usage de magnifiques couleurs, et une finition minutieuse.
Ce tableau représentant la Cène a été peint pour servir de retable à l’autel de l’église San Esteban de Valence.
La composition et l’expression donnée aux apôtres ont été inspirées par la Cène de Léonard de Vinci et son style rappelle Raphaël.
Conservant l’iconographie traditionnelle espagnole, il centre la scène sur Jésus, qui apparaît triomphant consacrant l’hostie. Le calice est posé au centre de la table (il doit reproduire le calice conservé dans la cathédrale de Valence).
Au premier plan est représenté un pichet qui évoque le lavement des pieds.
Tous les apôtres portent des auréoles sur lesquelles sont inscrits leur nom, à l’exception de Judas dont le nom est inscrit sur son siège. Sa barbe et ses cheveux sont roux, et il porte un vêtement jaune qui symbolise l’envie, et cache un sac d’argent.
Le texte biblique
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Voilà ce que Jésus a dit, alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.
Jn 6,52-59
Commentaires
Nous lisons aujourd’hui un texte difficile et souvent controversé en raison de son apparence anthropophage, manger de la chair et boire du sang. C’est la question que se posent les juifs. Et Jésus insiste.
La traduction liturgique utilise le mot « manger », Jean est encore plus réaliste et utilise le mot « croquer », « mordre », ce qui pourrait souligner l’appropriation et l’intériorisation nécessaires.
Ce passage fait partie du discours de Jésus sur le pain de vie (Jn 24-65) qui oppose la « nourriture » périssable », pain multiplié par Jésus ou manne recueillie dans le désert, à la « nourriture qui demeure en vie éternelle » , c’est à dire la personne même de Jésus, « le fils qu’a mandaté le Père , à proprement parler « le pain de Dieu qui descend du ciel et donne la vie au monde ».
La présentation de Jésus comme pain de vie ou « pain vivant » implique que la communion à cette vie soit également présentée sur le registre alimentaire : la foi en Jésus apaise toute « faim » et préserve définitivement de la soif. En effet les paroles que Jésus a dites sont esprit et vie pour celui qui les accueille dans la foi. Ainsi on peut parler de vie éternelle, une vie qui est participation à la vie et à l’amour divins, qui est dès lors présente dès maintenant dans le quotidien des croyants et qui passe aussi bien par et au-delà de la mort terrestre. Ainsi celui qui mange le pain de l’eucharistie vivra à jamais, puisqu’il vit du don de Dieu.
En effet, Paul explique que la communion est un style de vie : « devenez eucharistiques » (Col 3,16). Ce qui nous est offert c’est une assimilation à la vie divine, le Christ se fait source intarissable de vie divine dans notre humanité la plus charnelle. Dans la tradition juive, le sang c’est la vie. C’est sa vie que le Christ nous donne, pas sa vie dans les jours terrestres, mais sa vie au sens fort, sa personne toute entière, sa vie spirituelle, une vie qui ouvre à la Résurrection. Nous partageons la coupe, la coupe de l’alliance, la coupe qui nous donne la vie du Ressuscité.