En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Jésus, jardinier
Abraham Janssens (1575-1632) et Jan Wildens (1584-1653), Noli me tangere , vers 1620, Musée des beaux de Dunkerque
Abraham Hanssens est un peintre flamand baroque, connu pour ses œuvres religieuses et mythologiques, fort influencées par Caravage.
Janssens a longtemps séjourné en Italie. Il a collaboré avec Pierre-Paul Rubens dans le domaine de la grande peinture d’histoire. Le style et la composition des deux artistes de leur peinture sont semblables, Rubens montrant d’une manière générale une plus grande maitrise des couleurs et une plus grande liberté.
Jan Wildens est un peintre et dessinateur flamand spécialisé dans les paysages qu’il traite de manière réaliste avec un sens du détail remarquable. Lui aussi a collaboré avec Rubens, ainsi qu’avec d’autres grands peintres baroques flamands pour lesquels il peint les paysages, notamment pour les modèles de tapisserie de Rubens.
Jésus représenté en jardinier et Madeleine occupent le grand espace du premier plan.
La représentation de Jésus peut paraître étrange, il est torse nu, faisant apparaître sa blessure sur son côté, et la marque du clou sur son pied et sa main. Ce sont les seuls éléments qui évoquent une représentation de Jésus. Il est drapé dans une large cape rouge savamment disposée. Un chapeau champêtre sur la tête, il tient de la main droite une pelle et de la main gauche s’approche de Madeleine en signe de paix pour la saluer et la calmer.
Madeleine est agenouillée devant Jésus, un grand vêtement jaune clair l’enveloppe, de manière peu réaliste.
Une nature morte de fruits divers est disposée étrangement derrière Jésus, abondance de biens promise par Jésus ?
Tout l’arrière plan est occupé par un paysage qui doit être l’œuvre de Jan Wildens. La composition est classique, grands arbres importants au premier plan, et horizon campagne douce et sereine.
L’atmosphère est propice aux retrouvailles de la femme amoureuse, qui cherche à saisir son bien-aimé. Mais elle doit accepter de le perdre, de le retrouver autrement sans se renfermer sur l’objet de son désir, de le laisser aller vers d’autres. Sa relation avec Jésus devient autre, ancrée dans l’amour infini de Jésus ressuscité.
Le texte biblique
Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.
Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.
Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. »
Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.
Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. »
Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.
Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »
Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.
Jn 20,11-18
Commentaires
« Mais ne peut-on pas dire que cette femme tout en se trompant ne fut pas dans l’erreur en croyant que Jésus était le jardinier? N’était-il pas pour elle un jardinier spirituel, lui qui par la force de son amour avait semé dans son coeur les germes féconds de toutes les vertus? Mais comment se fait-il, qu’en voyant celui qu’elle prenait pour le jardinier, et sans lui avoir dit qui elle cherchait, elle lui fait cette question: Seigneur, si c’est vous qui l’avez enlevé? etc. Tel est le caractère d’un amour ardent, il ne suppose point que personne puisse ignorer celui qui est l’objet constant de ses pensées. Après l’avoir d’abord appelé de son nom de femme sans en avoir été reconnu, le Sauveur l’appelle par son nom propre: «Jésus lui dit : Marie», comme s’il lui disait : Reconnaissez celui qui vous reconnaît. Marie, en s’entendant appeler par son nom, reconnaît son divin Maître, car celui qu’elle cherchait extérieurement, était le même qui lui inspirait intérieurement le désir de le chercher : «Elle, se retournant, lui dit : « Rabboni, c’est-à-dire Maître».
Grégoire le Grand, 540-604, Homélies sur les Évangiles (Livre II, Homélie 25)