En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le Carême avec st Joseph (5)
Le Caravage, 1571-1610, le repos pendant la fuite en Egypte, 1596/7, galerie Doria- Pamphili, Rome
Le Caravage est un peintre italien, un des principaux représentants du baroque pictural.
Il a peint ce tableau de la fuite en Egypte qui est un chef d’œuvre de sa jeunesse et sans doute le plus poétique.
Joseph conduit sa famille vers l’Egypte pour échapper au massacre des jeunes enfants ordonné par Hérode. Dans ce moment dramatique, le Caravage invente une pause presque magique, baignée dans la lumière du soleil couchant : on a l’impression que le temps s’est arrêté, et que même la nature retient son souffle pour écouter les notes de l’ange violoniste.
Joseph et Marie qui tient tendrement son enfant dans les bras, sont assis dans la campagne.
Joseph tient une partition de musique pour l’ange.
Un ange à peine couvert d’un léger voile se tient debout devant eux, le dos tourné au spectateur, joue du violon. Il s’agit de l’extrait d’un motet en l’honneur de la Vierge Marie, assimilée à l’épouse du Cantique des cantiques. On semble entendre cette berceuse pour le superbe et attendrissant enfant Jésus.
Le décor est verdoyant. La famille est installée sous un chêne, près d’un bosquet de
peupliers, et une trouée est ouverte pour fait apparaître un paysage vallonné
Marie est assise sur le sol dans une posture qui rappelle celle d’une Marie Madeleine repentante représentée dans tableau réalisé par le Caravage à la même époque. Le même modèle a sans doute été choisi.
Méditation du Pape François
Quand on rencontre des difficultés, il nous faut rechercher en nous le courage créatif. En effet on peut s’arrêter et abandonner ou bien on peut réagir et se donner de la peine. Ce sont parfois les difficultés qui tirent de nous les ressources que nous ne pensions même pas avoir !
Dieu intervient à travers les événements et les personnes. Joseph est l’homme par qui Dieu prend soin des commencements de l’histoire de la Rédemption. Il est le vrai « miracle » par lequel Dieu sauve l’Enfant et sa mère. Dieu intervient en faisant confiance au courage créatif de Joseph qui finit par trouver un logement à Bethléem, qui emmène sa famille en Egypte pour fuir Hérode.
La bonne nouvelle de l’Evangile montre comment, malgré l’arrogance et la violence des dominateurs terrestres, Dieu trouve toujours un moyen pour réaliser son plan de salut.
Si quelques fois Dieu semble ne pas nous aider, cela ne signifie pas qu’il nous a abandonnés, mais qu’il nous fait confiance, qu’il fait confiance en ce que nous pouvons projeter, inventer, trouver.
A la fin de chaque événement Joseph « prend avec lui l’Enfant et sa mère et fait ce que Dieu lui a ordonné », ils sont son trésor le plus précieux.
Nous devons toujours nous demander si nous défendons de toutes nos forces Jésus et Marie qui sont mystérieusement confiés à notre soin, à notre garde.
Dieu fait confiance à Joseph, Marie trouve en Joseph celui qui veut lui sauver la vie et qui s’occupera d’elle. En ce sens, Joseph ne peut ne pas être le gardien de l’Eglise.
Le texte biblique
Après leur départ, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte,
où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages.
Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie :
Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.
Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte
et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »
Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël.
Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée
et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Mt 2, 13-23
Commentaires
« Hérode succomba peu de temps après que les enfants furent massacrés pour le Sauveur, et Joseph ramena Jésus avec sa mère dans la terre d’Israël ; c’est là une figure que toutes les persécutions qui devaient être suscitées contre l’Église cesseraient à la mort des persécuteurs, que la paix serait de nouveau rendue à l’Église, et que les saints, qui avaient été obligés de fuir et de se cacher, retourneraient dans leur patrie. Le retour de Jésus en Judée, après la mort d’Hérode signifie aussi qu’à la voix d’Hénoch et d’Elie les Juifs laisseront s’éteindre les feux de leur haine envieuse, et se convertiront à la foi et à la vérité. »
Bède le Vénérable (672/3- 735), Commentaire de l’évangile de Matthieu