En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Les 4 Vivants et les 24 Vieillards
Abside du monastère saint Apollo de Bawit, Egypte, 6e siècle, conservée au musée copte du Caire
Cette fresque vient de l’abside du monastère saint Apollo de Bawit, dans la province d’Assiout, en Moyenne Egypte. Ce fut un important monastère au 4e siècle, fondé par le moine Apollo. Le monastère était, prospère, la messe y était dite quotidiennement et l’office y était chanté en commun. Aux 6 et 7e siècles il abrita une communauté de femmes, sous le patronage de sainte Rachel. Après l’invasion musulmane, le monastère décroît et est abandonné vers le 10e siècle.
Le Christ en gloire est inscrit dans une mandorle, assis sur son trône, portant le livre de la Parole, avec la terre à ses pieds comme cela est décrit dans le livre d’Isaïe : « Le ciel est mon trône, et la terre, l’escabeau de mes pieds »( Is 66,1).
Il est entouré des quatre Vivants, les quatre animaux ailés. C’est le tétramorphe où les Pères de l’Eglise on vu l’emblème des quatre évangélistes , le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l’homme pour Matthieu et l’aigle pour Jean.
Dans la rangée inférieure, de part et d’autre de la Vierge en majesté, sont figurés les 24 vieillards offrant de l’encens en signe de louange perpétuelle.
Le texte biblique
Après cela, j’ai vu : et voici qu’il y avait une porte ouverte dans le ciel. Et la voix que j’avais entendue, pareille au son d’une trompette, me parlait en disant : « Monte jusqu’ici, et je te ferai voir ce qui doit ensuite advenir. »
Aussitôt je fus saisi en esprit. Voici qu’un trône était là dans le ciel, et sur le Trône siégeait quelqu’un.
Celui qui siège a l’aspect d’une pierre de jaspe ou de cornaline ; il y a, tout autour du Trône, un halo de lumière, avec des reflets d’émeraude.
Tout autour de ce Trône, vingt-quatre trônes, où siègent vingt-quatre Anciens portant des vêtements blancs et, sur leurs têtes, des couronnes d’or.
Et du Trône sortent des éclairs, des fracas, des coups de tonnerre, et sept torches enflammées brûlent devant le Trône : ce sont les sept esprits de Dieu.
Devant le Trône, il y a comme une mer, aussi transparente que du cristal. Au milieu, autour du Trône, quatre Vivants, ayant des yeux innombrables en avant et en arrière.
07 Le premier Vivant ressemble à un lion, le deuxième Vivant ressemble à un jeune taureau, le troisième Vivant a comme un visage d’homme, le quatrième Vivant ressemble à un aigle en plein vol.
Les quatre Vivants ont chacun six ailes, avec des yeux innombrables tout autour et au-dedans. Jour et nuit, ils ne cessent de dire : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Dieu, le Souverain de l’univers, Celui qui était, qui est et qui vient. »
Lorsque les Vivants rendent gloire, honneur et action de grâce à celui qui siège sur le Trône, lui qui vit pour les siècles des siècles,
les vingt-quatre Anciens se jettent devant Celui qui siège sur le Trône, ils se prosternent face à celui qui vit pour les siècles des siècles ; ils lancent leur couronne devant le Trône en disant :
« Tu es digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance. C’est toi qui créas l’univers ; tu as voulu qu’il soit : il fut créé. »
Ap 4, 1-11
Commentaires
En cette fin d’année liturgique, il nous est offert de lire des textes de l’Apocalypse.
Par ce genre littéraire, l’auteur veut « révéler » à l’aide d’images et de symboles le sens caché de l’histoire du monde et de l’humanité.
L’apocalypse est d’abord révélation du salut pour aujourd’hui. Il s’agit d’une littérature d’espérance, dans un monde dont l’histoire paraît tragique et dont le sens nous échappe complètement. Elle révèle et proclame un sens de l’histoire comme affirmation d’une victoire de Dieu et d’une proximité du salut.
Le livre de l’Apocalypse est encadré par une double « ouverture des cieux ». Nous lisons aujourd’hui la première au chapitre 4. Suit alors une grande liturgie d’adoration de Dieu, puis la remise du livre scellé de sept sceaux à l’agneau égorgé et déjà victorieux.
Au chapitre 19, l’auteur voit le ciel ouvert, d’où s’élance un cheval blanc monté par celui qui se nomme « la Parole de Dieu » et qui combat « la bête » ; définitivement vaincue, la bête tombe dans l’étang de feu, et malgré un sursis de mille ans, y est définitivement précipitée avec les siens.
A cette victoire finale du Christ succède la nouvelle création, et la descente de la Jérusalem céleste.
Telle est la révélation du Christ époux de l’humanité pour laquelle il a donné sa vie en traversant pour elle la souffrance et la mort.
Notre passage commence donc par la mention d’une « porte ouverte dans le ciel » ; comme au chapitre 1, 17, Jean est admis dans le ciel, où il voit un Trône et celui qui siège sur ce trône.
Le mot trône revient souvent dans l’Apocalypse. Pour décrire la scène céleste, Jean fait appel à de nombreux symboles vetero-testamentaires, vingt-quatre Anciens, quatre Vivants, éclairs et coups de tonnerre, proclamation de Dieu « Saint ! Saint ! Saint ! ».
Le caractère liturgique de cette séquence est souligné par la mention des reflets d’émeraude, des torches enflammées qui brûlent devant le trône, par l’insertion de deux hymnes, par la mention des activités des quatre Vivants et des vingt quatre Anciens. Il s’agit d’une liturgie de gloire se terminant par le rythme ternaire du « saint, saint, saint » et de la doxologie, « gloire, honneur et puissance, » pour souligner la plénitude de la gloire de Dieu.
Les vingt quatre Anciens représentent les classes sacerdotales d’Israël et les quatre Vivants font référence à la vision d’Ezéchiel, (Ez 1,10), les séraphins avec six ailes et des figures de bêtes ou d’homme représentant toute la création.
Le trône est baigné d’une intense lumière irisée qui interdit toute figuration.
Seul le Christ siégeant, l’agneau blessé et vainqueur, peut donner à voir la face de Dieu.