En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La Toussaint
Fra Angelico,( 1395-1455) couronnement de la Vierge, det, 1434 -1435 , musée des Offices Florence
Fra Angelico a peint plusieurs versions du couronnement de la Vierge. Nous regardons ici un détail du tableau conservé au musée des Offices à Florence , montrant la foule des anges munis de différents instruments de musique chantant la louange de Marie de Jésus couronnant sa mère.
Le fond est doré signifiant, selon les règles du Moyen Age que la scène se déroule au Paradis en milieu divin. Le tableau est rutilant d’or. Le fond d’or est incisé en profondeur et des rayons venant des Jésus et Marie sont ainsi formés, atteignant la foule des anges.
Les longues trompettes dont jouent les anges se détachent clairement… on les « entend » louer leur Dieu.
Le texte biblique
Après cela, j’entendis comme la voix forte d’une foule immense dans le ciel, qui proclamait : « Alléluia ! Le salut, la gloire, la puissance à notre Dieu.
Ils sont vrais, ils sont justes, ses jugements. Il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par sa prostitution ; il a réclamé justice du sang de ses serviteurs, qu’elle a versé de sa main. »
Et la foule reprit : « Alléluia ! La fumée de l’incendie s’élève pour les siècles des siècles. »
Les vingt-quatre Anciens et les quatre Vivants se prosternèrent et adorèrent Dieu qui siège sur le trône ; ils proclamaient : « Amen ! Alléluia ! »
Et du Trône sortit une voix qui disait : « Louez notre Dieu, vous tous qui le servez, vous tous qui le craignez, les petits et les grands. »
Alors j’entendis comme la voix d’une foule immense, comme la voix des grandes eaux, ou celle de violents coups de tonnerre. Elle proclamait : « Alléluia ! Il règne, le Seigneur notre Dieu, le Souverain de l’univers.
Soyons dans la joie, exultons, et rendons gloire à Dieu ! Car elles sont venues, les Noces de l’Agneau, et pour lui son épouse a revêtu sa parure
AP 19, 1-7
Commentaires
« Louons Dieu, mes frères, et par la voix, et par l’intelligence, et par les bonnes actions ; et d’après l’exhortation du psaume [Ps 149], chantons-lui un cantique nouveau. Car c’est ainsi qu’il commence : « Chantez au seigneur un nouveau cantique » [Ps 149, 1]. Le vieux cantique est celui du vieil homme, le nouveau cantique, celui de l’homme nouveau […] Et ce cantique est celui de la paix, le cantique de l’amour.
Quiconque se sépare de l’assemblée des saints, ne chante pas le cantique nouveau. Il s’attache en effet à la haine qui est antique, et non à l’amour qui est nouveau. Que trouvons-nous dans l’amour nouveau, sinon la paix, le lien d’une société sainte, une union spirituelle, un édifice de pierres vivantes ? Où rencontrer cela ? Non point dans un seul endroit, mais dans l’univers entier. […] celui qui ne chante pas avec toute la terre, ne chante point un cantique nouveau, quelles que soient les paroles qui sortente de sa bouche. A quoi bon écouter le son de la voix, quand je connais la pensée ? Mais vous, dira-t-on, connaissez-vous la pensée ? Les actes me l’apprennent. […] Il est beaucoup de pensées qui demeurent dans notre intérieur : mais il en est beaucoup qui passent dans nos oeuvres, et qui deviennent évidentes pour les hommes […]
« Qu’ils chantent ses louantes au son du tambour et du psaltérion ». Pourquoi choisir ici le tambour et le psaltérion ? Afin qu’on ne loue pas Dieu de la voix seulement, mais aussi par les oeuvres. Chanter sur le tambour ou sur le psaltérion, c’est joindre la main à la voix. De même pour toi, lorsque tu chantes l’Alleluia, si ta main donne le pain à celui qui a faim, revêt celui qui est nu, donne l’hospitalité à l’étranger, l’action est en accord avec les paroles. Tu as pris la harpe en main, et les doigts et la langue sont en harmonie. Ne passons pas sous silence la signification mystérieuse du tambour et du psaltérion. Le tampour est formé d’une peau tendue, le psaltérion de cordes tendues aussi. L’un et l’autre de ces instruments désignent la chair crucifiée. Il chantait admirablement sur le tambour et sur le psaltérion, celui qui disait : « Le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde » [Ga 6, 14]. Or il l’engage à prendre le psaltérion et le tambour, celui qui aime le cantique nouveau, et qui te donne cette leçon : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » [Mt 16, 24]. Qu’il ne quitte pas le psaltérion, ne quitte point le tambour, qu’il s’étende sur le bois et desséche la convoitise de la chair. Plus les cordes sont tendues, plus le son en est aigu. Que dit saint Paul, afin de rendre un son plus aigu sur le psaltérion ? « J’oublie ce qui est en arrière, je m’étends vers ce qui est devant moi, poursuivant la palme de la vocation éternelle » [Ph 3, 13-14] L’Apôtre s’étendait pour ainsi dire, et sous le doigt du Christ il rendait le son harmonieux de la vérité. « Chantez ses louanges sur le psaltérion et sur le tambour. »
(Saint Augustin, Discours sur le Ps 149, 1 ; 2 ; 8).