En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le serviteur vigilant
Nicolas Maes (1634-1693), La sertvante oisive, 1655, National Gallery Londres
Nicola Maes est un peintre néerlandais, élève de Rembrandt dont il garda la manière en clair-obscur. Après avoir quitté Amsterdam, où il a réalisé des œuvres religieuses, il s’installe à Dordecht où il se consacra à réaliser des petites scènes d’intérieur avec des femmes et des enfants.
Il utilise beaucoup de noir brillant, de rouges chauds et l’intensité du contraste entre les zones en pleine lumière. Les intérieurs sont calmes, les figures silencieuses. La maîtresse nous prend à témoin pour montrer sa servante qui est restée oisive. Peut être elle s’est régalée de vin de ses maîtres et a négligé son travail, ce que révèlent la vaisselle posée en désordre à même le sol et le chat juché sur le buffet à l’arrière plan, qui s’empare du poulet
Le texte biblique
Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
Lc12 35 38
Commentaires
Jésus s’entretient avec ses disciples et aborde un thème nouveau, la vigilance et la fidélité.
Il invite tous les disciples à rester en tenue de travail.
Il faut être prêt, la ceinture autour des reins : la ceinture tient repliés les pans du vêtement, rendant possible le travail du serviteur, tout comme pour le guerrier ou le voyageur.
La lampe aussi doit restée allumée, symbole de la vie active : « veillez sur votre vie ; que vos lampes ne soient pas éteintes et que vos reins ne soient pas déliés, mais soyez prêts ; car vous ignorez l’heure où notre Seigneur viendra » (Didachè, 16.1), (la Didachè est un ouvrage de la fin du premier siècle qui comporte des enseignements éthiques et liturgiques, et divers conseils accompagnant la vie quotidienne des chrétiens).
Les disciples sont comparés alors à des serviteurs dont le maître, parti à une noce ou à une fête, peut revenir à n’importe quel moment de la nuit. La situation est réaliste et bien compréhensible pour son auditoire, le personnel de maison était tenu de veiller jour et nuit pour accueillir le maître.
Il leur faut être prêts à l’accueillir, guetter le moment où Jésus va frapper à la porte.
Jésus déclare bienheureux les serviteurs que le maître trouvera veillant, ils auront place à sa table.
Alors se produit un renversement des rôles, c’est le maître qui sera en tenue de service et qui servira ses serviteurs. Cela fait allusion à la vocation de Jésus « moi je suis au milieu de vous à la place de celui qui sert » (Lc 22,27). La référence christologique fait éclater le réalisme de la parabole pour faire comprendre aux disciples que celui qui vient n’est autre que le Seigneur qu’ils accompagnent et qui donnera sa vie pour eux.
Par deux fois Luc cite l’idée de la béatitude promise au serviteur fidèle qui attend l’arrivée tardive du maître , durant la deuxième ou troisième veille de la nuit, c’est-à-dire au milieu ou la fin de la nuit.