En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La mission de Paul
Lucas Cranach le jeune, 1515-1586, la conversion de Paul, 1549, Musée de Musée national germanique de Nuremberg,
Lucas Cranach le jeune est le fils de Lucas Cranach l’ancien, grand pionnier de la Renaissance. Il collabora étroitement avec son père dans son atelier et son style est tellement proche de celui de son père qu’il est parfois difficile de les distinguer. De 1549 à 1568 il sert le conseil municipal de Wittemberg, comme chancelier puis bourgmestre. Alors les commandes des princes de Saxe affluent assurant sa prospérité jusqu’à sa mort en 1586.
Dans cette peinture, l’artiste montre la conversion de Paul, Jésus lui apparaissant sur le chemin de Damas où Paul allait pour persécuter les chrétiens.
Paul est vêtu de son armure de vaillant guerrier typique de l’époque de la Renaissance. Cela montre l’émancipation de Lucas Cranach par rapport à son père : les tonalités sont sombres avec les contrastes blancs et clairs, la composition est particulièrement dynamique ; tout cela dénote une évolution propre à la nouvelle génération.
Au premier plan, est figuré Saint Paul qui est projeté en avant par la chute de son cheval.
A la mêlée foisonnante des guerriers du bas du tableau, s’oppose le ciel clair, presque doré, présenté derrière des rochers escarpés et des arbres aux feuillages fins qui laissent passer la lumière.
Tout en haut la silhouette du Ressuscité, derrière un nuage stylisé délimitant son espace divin, se montre en maître de la situation, par les gestes de ses mains.
Le texte biblique
Vous avez entendu parler du comportement que j’avais autrefois dans le judaïsme : je menais une persécution effrénée contre l’Église de Dieu, et je cherchais à la détruire.
J’allais plus loin dans le judaïsme que la plupart de mes frères de race qui avaient mon âge, et, plus que les autres, je défendais avec une ardeur jalouse les traditions de mes pères.
Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère ; dans sa grâce, il m’a appelé ; et il a trouvé bon
de révéler en moi son Fils, pour que je l’annonce parmi les nations païennes. Aussitôt, sans prendre l’avis de personne,
sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient Apôtres avant moi, je suis parti pour l’Arabie et, de là, je suis retourné à Damas.
Puis, trois ans après, je suis monté à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je suis resté quinze jours auprès de lui.
Je n’ai vu aucun des autres Apôtres sauf Jacques, le frère du Seigneur.
En vous écrivant cela, – je le déclare devant Dieu – je ne mens pas.
Ensuite, je me suis rendu dans les régions de Syrie et de Cilicie.
Mais pour les Églises de Judée qui sont dans le Christ, mon visage restait inconnu ;
elles avaient simplement entendu dire : « Celui qui nous persécutait naguère annonce aujourd’hui la foi qu’il cherchait alors à détruire. »
Et l’on rendait gloire à Dieu à mon sujet.
Gal 1, 13-24
Commentaires
Les chapitres 1 et 2 le la lettre aux Galates, offrent une narration du passé de Paul et de l’origine de sa mission, sous la forme d’une autodéfense, Paul revenant sur son passé et sur le bouleversement qu’a été pour lui la révélation de Jésus Fils de Dieu.
Dans les versets qui précèdent notre passage, Paul rappelle que l’évangile qu’il a pour mission d’annoncer n’est pas une création humaine, il lui a été enseigné par une révélation de Jésus Christ
Il affirme ainsi sa parfaite indépendance par rapport à ceux qui l’on précédé dans l’apostolat, car toute son activité est liée à sa rencontre du Ressuscité. Sa mission dépend entièrement de l’initiative de Dieu, hors de toute initiative humaine.
Puis Paul fait appel à la mémoire de ses correspondants. Un changement s’est opéré en lui. Il met en évidence son passé de persécuteur. Sa transformation que chacun a pu observer, justifie sa qualité d’apôtre et fonde sa parfaite indépendance dans sa mission.
Avant sa venue à la foi, Paul voulait détruire l’Eglise de Dieu en quelque lieu qu’elle se trouve et il manifestait un grand zèle pour les traditions de ses pères. Il ne change pas de Dieu, pour lui la révélation de Jésus Christ est dans la ligne droite des oracles des prophètes de l’Ancien Testament ; il décrit sa vocation à la manière de celle des grands serviteurs d’Israël (Isaïe, Jérémie), comme la mise à part de ceux que Dieu destine à une tâche particulière. Il va mettre désormais mettre le même zêle, la même passion, au service de l’Evangile.
Paul ne s’attarde pas sur un quelconque événement extérieur ; il semble dire que cette révélation a lieu en lui-même, et qu’ainsi il a découvert qu’il était appelé à son tour. La révélation, c’est que chacun, sans préalable, sans condition, sans discrimination, est appelé dans le Christ à devenir fils adoptif de Dieu. Paul est chargé de l’annoncer à tous, aux « nations », ce qui inclut les païens. Paul, par son existence, est devenu témoin de la grâce de Dieu qui lui confie une tâche, celle d’annoncer Jésus Fils de Dieu à tous, Jésus que Dieu a fait « le premier né d’une multitude de frères ».