En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Notre Dame des douleurs
Fra Angelico, 1395-1455, La déposition, 1436. det, couvent st Marc Florence
Commandée à Fra Angelico pour la compagnie de la Croix au temple en 1436, cette déposition est une des œuvres les plus émouvantes de Fra Angelico par la douleur profonde et silencieuse de Marie et des saints de toutes époques présentés dans l’ensemble du tableau.
Stabat mater
Debout, la mère des douleurs
Près de la croix était en pleurs
Quand son Fils pendait au bois
Alors, son âme gémissante
Toute triste et toute dolente
Un glaive la transperça.
..
Qu’elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu!
..
Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.
Le texte biblique
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction
– et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Lc 2, 33-35
Commentaires
Averti par l’Esprit Saint qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu l’accomplissement de la promesse messianique, Syméon se rend au Temple de Jérusalem au moment de la présentation par ses parents de l’Enfant-Jésus. Reconnaissant aussitôt l’accomplissement de la promesse sous les traits du premier-né qu’il s’empresse de prendre dans ses bras, Syméon entonne alors son fameux cantique d’action de grâce, « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix, selon ta parole.Car mes yeux ont vu ton salut », prière qu’il clôturera par une prophétie adressée à Marie, annonçant la souffrance qu’elle endurera à cause de cet enfant.
Ainsi après avoir annoncé que l’enfant serait le Messie d’Israël, Symeon prononce un oracle menaçant : le fils de Marie deviendra une source de division en Israel. Jésus reprendra cette parole : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. » (Lc 12,51-53).
Ce rejet de la parole de Jésus et de sa parole par Israël, ici prophétisé, se retrouvera plusieurs fois dans l’œuvre de Luc, se terminant dans les Actes : aux Juifs de Rome divisés, Paul affirmera que c’est aux Païens qu’a été envoyé « Donc, sachez-le : c’est aux nations (les païens) que ce salut de Dieu a été envoyé. Les nations, elles, écouteront. » (Ac 28, 28).
Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il va falloir se prononcer pour ou contre l’envoyé de Dieu, et cela révélera nécessairement les pensées secrètes de beaucoup, c’est à dire l’endurcissement de leur cœur.
L’oracle de Syméon hérite du symbolisme de la pierre d’achoppement et de la pierre angulaire appliquée, dans l’Ancien Testament, à Dieu lui-même : « il sera… un rocher qui fait tomber, une pierre d’achoppement pour les deux maisons d’Israël » (Is 8, 14) ; « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » (Ps 118, 22)
Cela souligne que les mêmes dons de Dieu sont source de vie ou de mort suivant les dispositions de ceux qui les reçoivent.
Syméon indique qu’une telle division du peuple blessera Marie au plus intime de son cœur : elle reste à la fois fille d’Israël, et première disciple de son Fils.