En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La danse de David
Rebecca Brogan, artiste américaine vivant en Tasmanie (Australie) depuis 2003. la danse de David près de l’arche, graphite sur papier, coll part
Rebecca Brogan veut traduire ses expériences spirituelles dans son œuvre. Artiste photographe, elle voit dans la nature l’œuvre de Dieu.
Rebecca Brogan présente en trois dessins cette danse de David qui semble désordonnée. Tout le corps du danseur est en mouvement, jambes et bras semblent se désarticuler. Il frappe avec force le sol, puis s’étant retourné, il lève les bras vers le ciel, s’adresse directement à Dieu en action de grâce, en louange ; et dans dans un troisième temps il est comme en transe, les pieds ne touchent plus le sol, des traits autour de lui forment comme un espace qui le transporte ailleurs.
Cette façon de danser se retrouve dans les pratiques de certains groupes de prophètes extatiques (1 S 10,5 ; 2 R 3,15 ; 1 Ch 25,3)
Le texte biblique
On rapporta au roi David : « Le Seigneur a béni la maison d’Obed-Édom et tout ce qui lui appartient, à cause de l’arche de Dieu. » David partit alors et fit monter l’arche de Dieu de la maison d’Obed-Édom jusqu’à la Cité de David, au milieu des cris de joie.
Quand les porteurs de l’Arche eurent avancé de six pas, il offrit en sacrifice un taureau et un veau gras.
David, vêtu d’un pagne de lin, dansait devant le Seigneur, en tournoyant de toutes ses forces.
David et tout le peuple d’Israël firent monter l’arche du Seigneur parmi les ovations, au son du cor.
Or, comme l’arche du Seigneur entrait dans la Cité de David, Mikal, fille de Saül, se pencha par la fenêtre : elle vit le roi David qui sautait et tournoyait devant le Seigneur. Dans son cœur, elle le méprisa.
Ils amenèrent donc l’arche du Seigneur et l’installèrent à sa place, au milieu de la tente que David avait dressée pour elle. Puis il offrit devant le Seigneur des holocaustes et des sacrifices de paix.
Quand David eut achevé d’offrir les holocaustes et les sacrifices de paix, il bénit le peuple au nom du Seigneur des armées.
Il fit une distribution à tout le peuple, à la foule entière des Israélites, hommes et femmes : pour chacun une galette de pain, un morceau de rôti et un gâteau de raisins. Ensuite tout le monde s’en retourna chacun chez soi.
2 Sam 6, 12b-15.17-19
Commentaires
Le récit de la venue de l’arche d’alliance à la maison d’Obed-Edom jusqu’à la cité de David a pour rôle de présenter David comme prêtre, prophète et roi. Il s’habille en prêtre, avec notamment un ephod de lin, offre des sacrifices et bénit le peuple. Il danse comme le faisaient certains prophètes, il donne de la nourriture au peuple et affirme que son élection vient de Dieu.
David est ainsi celui qui rassemble les pouvoirs. Toute l’importance du roi David dans l’histoire du peuple juif est soulignée ici. La Seigneur soutient sa dynastie et pourrait même rétablir son règne. C’est l’une des formes que prendra l’espoir messianique, au retour d’exil.
Ce récit de la danse du roi prépare la prophétie qui redonnera espoir aux Juifs en exil au 6e siècle av JC.
Les cris de joie accompagnent la venue de l’arche qui représente la présence de Dieu auprès de son peuple. Et David saisi par la puissance de cette joie se laisse emporter dans une danse tournoyante qui est l’expression de sa prière d’action de grâce et de louange.
Mais on ne saurait oublier que David ainsi perd quelque chose de sa dignité, il s’oublie lui-même et s’humilie, ce que Mikal, sa femme, lui reprochera amèrement. Car si David est l’élu de Dieu, c’est qu’il a su se dépouiller de lui-même pour célébrer follement son Seigneur !
Dans le judaïsme la danse n’est pas mal vue. L’hommage à Dieu peut prendre la forme de l’expression corporelle. Sans doute est-ce l’origine du balancement des juifs au moment de la prière. La danse est toujours présente dans la liturgie juive.
Il y a bien différentes manières de prier : silence intérieur ou expression corporelle joyeuse en communauté. Dans la liturgie, musique et danse ne sont pas seulement des activités facultatives destinées à embellir la prière, elles sont elles-mêmes prière.
Ce qui importe est la qualité de sa relation à Dieu ; dans sa prière dansée David était authentiquement empli de joie, dans l’enthousiasme de célébrer son Dieu. Cette joie résonne dans tous les foyers de la cité, tous ont reçu la bénédiction de Dieu.