En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le vrai pain
Maitre de la manne, La récolte de la manne, 1470, la Chartreuse de Douai
Ce tableau fait partie d’un triptyque comprenant trois volets, la récolte de la manne, la crucifixion, et l’offrande des juifs (ce dernier conservé au musée de Rotterdam). Sont ainsi mis en parallèle des scènes d’ Ancien Testament et du Nouveau Testament, comme cela se trouve dans les enluminures contemporaines. La récolte de la manne est en lien avec la Cène, et l’offrande des juifs préfigure la crucifixion. (on pense que l’œuvre comprenait un 4e volet avec la Cène.)
Sont représentés ici les Israélites recueillant la manne dans le désert tombant du ciel (Ex 16). La scène est encadrée d’un décor architectural en trompe l’œil.
L’exécution de ce tabeau est très raffinée, avec l’emploi des couleurs vives, jaunes et rouges, mises en aplat sans réelle harmonie apparentes entre elles, et mettant en valeur la diversité des personnages, les motivations différentes. Les attitudes et les gestes de chacun, les accoutrements bizarres évoquent une vie débordante et désordonnée du peuple en détresse.
Le Maître de la Manne fait preuve d’ un expressionnisme étonnant, insistant sur le pittoresque des figures.
Ces Israélites seront-ils satisfaits dans le temps ? Sont-ils dans l’attente d’un pain « autre » qui leur donnera la vraie vie ?
Le texte biblique
Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?
Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. »
Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.
Jn 6,30-35
Commentaires
Ce passage fait partie de ce qu’on a l’habitude de nommer le discours sur le « pain de vie ». Cette expression métaphorique désigne ce qui est le plus nécessaire à l’existence humaine pour qu’elle puisse atteindre sa plénitude. Après deux récits de miracles, le partage du pain en surabondance et la marche de Jésus sur la mer, Jean déploie un enseignement dans le dialogue entre Jésus et ses contradicteurs.
Dans l’échange que nous lisons aujourd’hui, la foule, tout en admettant que le véritable pain est un don, s’interroge sur la légitimité du donateur. Elle demande un signe qui authentifie la prétention de Jésus.
Les Juifs connaissent l’histoire de la manne donnée au peuple hébreu dans le désert (Ex 16).
Alors Jésus les appelle à un double dépassement :
la source du pain ne se trouve pas dans le passé célébré par la tradition, mais dans le présent, c’est Dieu qui donne aujourd’hui, comme un Père à ses enfants.
Ce pain véritable est donné par Dieu directement sans l’intermédiaire de Moïse. Car le pain donné aujourd’hui n’est plus une matière, mais une personne.
Ce pain « céleste » est d’une qualité « insurpassable », c’est le Christ lui-même qui, en donnant sa vie, offre la vie en plénitude à tous les hommes, une vie qui ne mourra plus.