En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le Berger maître de ses brebis
Mosaïque du monastère de Kykkos, La brebis perdue, 18e siècle
Le monastère de Kykkos est un des plus beaux monastères de Chypre. Dédié à La Mère de Dieu, il a été fondé à la fin du 11e siècle par l’empereur byzantin Alexis 1er Comnène (1081-1118). Il est situé à 1318m d’altitude en face du massif Troodos. Il a été plusieurs fois détruit par des incendies, les bâtiments actuels datent pour la plupart du 18e.
Cette mosaïque de la brebis perdue orne un couloir.
Jésus paraît immense, ce qui souligne sa puissance divine ; debout au milieu de ses brebis, il en a pris une sur ses épaules. Les unes se reposent, d’autres s’abreuvent, d’autres mangent les feuilles d’un arbre. Des bouquetins gambadent dans les montagnes.
Un paysage réaliste de prairies, de plaines terreuses et de montagnes rocheuses se détache sur un fond d’or montrant que le divin est omniprésent.
Le texte biblique
La parole du Seigneur me fut adressée :
« Fils d’homme,
prophétise contre les bergers d’Israël, prophétise.
Tu leur diras :
Ainsi parle le Seigneur Dieu :
Quel malheur pour les bergers d’Israël
qui sont bergers pour eux-mêmes !
N’est-ce pas pour les brebis qu’ils sont bergers ?
Vous, au contraire, vous buvez leur lait,
vous vous êtes habillés avec leur laine,
vous égorgez les brebis grasses,
vous n’êtes pas bergers pour le troupeau.
Vous n’avez pas rendu des forces à la brebis chétive,
soigné celle qui était malade,
pansé celle qui était blessée.
Vous n’avez pas ramené la brebis égarée,
cherché celle qui était perdue.
Mais vous les avez gouvernées avec violence et dureté.
Elles se sont dispersées, faute de berger,
pour devenir la proie de toutes les bêtes sauvages.
Mon troupeau s’égare
sur toutes les montagnes et toutes les collines élevées ;
mes brebis sont dispersées dans tout le pays,
personne ne les cherche, personne ne part à leur recherche.
C’est pourquoi, bergers, écoutez la parole du Seigneur :
Par ma vie – oracle du Seigneur Dieu –,
puisque mon troupeau est mis au pillage
et devient la proie des bêtes sauvages, faute de berger,
parce que mes bergers ne s’occupent pas de mon troupeau,
parce qu’ils sont bergers pour eux-mêmes
au lieu de l’être pour mon troupeau,
eh bien, bergers, écoutez la parole du Seigneur :
Ainsi parle le Seigneur Dieu :
Me voici contre les bergers.
Je m’occuperai de mon troupeau à leur place,
je les empêcherai de le faire paître,
et ainsi ils ne seront plus mes bergers ;
j’arracherai mes brebis de leur bouche
et elles ne seront plus leur proie.
Car ainsi parle le Seigneur Dieu :
Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis,
et je veillerai sur elles. »
(Ez 34, 1-11)
Commentaires
Notre texte reproche à ces chefs d’être bergers pour eux-mêmes et non pour leur troupeau. : les dirigeants pervertissent le sens d’une tâche qui est par définition orientée vers autrui et non vers soi.. Ils se servent au lieu de servir.
Utiliser son troupeau pour subvenir à ses propres besoins n’est pas répréhensible pour un berger, sauf s’il n’est pas propriétaire, mais quand il est en danger, il se doit de le protéger.
La charge pastorale exige une attention particulière pour chacune des brebis. Mais gouverner ne se fait pas avec violence, comme le dira Jésus : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. » (Mc 10,42.
C’est la dispersion du troupeau qui résultera d’une telle gouvernance ; le texte fait allusion à la dispersion de la communauté juive après 587. Le besoin de bons pasteurs selon le cœur de Dieu se fait alors cruellement sentir.
Le peuple d’Israël est devenu la proie d’un empire étranger. Les bêtes sauvages étaient la hantise des bergers qui devaient les affronter. Les brebis appartiennent à Dieu et les pasteurs sont mandatés par Dieu.
Des sanctions sont données : les bergers sont dessaisis de leurs fonctions, le Seigneur prendra lui-même leurs charges, puisque les bergers ont été les prédateurs du troupeau comme ces bête sauvages dont ils auraient du le défendre.
Mais tout n’est pas fini. Éloigner les corrompus ne suffit pas pour reconstruire le pays. Dieu doit manifester sa puissance et s’occuper lui-même de son troupeau.