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saint Thomas
Martin Schongauer, 1450 -1491 , Incrédulité de Thomas, détail du retable des dominicains à Colmar, musée Unterlinden
Martin Schongauer est un peintre graveur allemand de la fin du Moyen Age de grande réputation et admiré par Albrecht Dürer. Son œuvre la plus connue est la Vierge au buisson de roses (1473). Il fait preuve d’une connaissance approfondie de l’art flamand du 15e qu’il intègre avec beaucoup de finesse à un style joignant l’expressionnisme et l’idéalisme du gothique international au naturalisme de la Renaissance nordique.
Jésus regarde intensément Thomas agenouillé devant lui. Il se tient debout enveloppé dans le manteau rouge de la passion, laissant paraître ses blessures aux mains, au pieds et au côté. Il tient de la main gauche une croix, d’où s’envole un fanion. Son auréole faite de motifs précieux accentue son caractère de ressuscité.
Thomas porte lui aussi une auréole plus habituelle de cercle doré, saint pardonné de son manque de foi. Il s’avance vers Jésus, tend la main vers le côté de Jésus, et Jésus lui tient la main, lui porte secours : oui c’est bien moi, et Thomas dans son regard éperdu vers Jésus s’écrie : « mon Seigneur et mon Dieu ». Il porte déjà le livre de la Parole sur ses genoux.
Le texte biblique
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Jn 20,24-29
Commentaires
Ce dernier récit des apparitions de Jésus ressuscité à ses disciples, est tout spécialement destiné à ceux qui n’ont vécu ni la découverte du tombeau vide, ni les apparitions du Ressuscité.
Thomas personnifie ainsi le disciple des générations futures qui peut mettre en doute les paroles prêchées et exige un signe tangible qui les valident.
Ne s’agit-il pas d’incrédulité ? Car si l’agir de Dieu, dont la résurrection est la plus haute expression, pouvait être vérifiée empiriquement, Dieu ne cesserait-il pas d’être Dieu ?
L’apparition du Ressuscité met Thomas en difficulté. En l’invitant à une vérification, qui en fait n’aura pas lieu, Jésus l’invite à passer de l’incrédulité à la foi, du doute à la confession de foi, comme elle n’avait jamais été exprimée jusque là. Thomas reconnaît Jésus comme Dieu.
Jean termine son texte par une citation de Jésus, une réelle béatitude : le bonheur n’est pas lié à un voir ponctuel qui fonderait la foi, mais à un non-voir. Ainsi pour les générations futures, l’accès à la foi a lieu, par l’Esprit Saint, dans la réception de la Parole qui fait mémoire de toute la destinée du Jésus terrestre et fait ainsi voir Dieu en vérité.