En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Avent (5) : Noel, L’annonce aux bergers
Rembrandt, 21606/7-1669, l’annonciation aux bergers, 1634, gravure, BNF
Rembrandt a situé ce passage biblique dans un cadre nocturne impressionnant.
Dans le ciel une lumière éblouissante, rayonnante, surplombe la campagne. Une gloire nimbe une multitude d’angelots ainsi qu’un ange dont l’apparition affole les bergers et leurs troupeaux qui s’enfuient.
Les hommes sont représentés à petite échelle accentuant la nouvelle grandiose qui est annoncée.
L’ange lève la main en un geste de harangue tandis que l’autre s’abaisse en signe d’apaisement.
Au-dessus de lui voltigent les angelots parmi les rayons qui émanent de la gloire de Esprit Saint. La lumière projetée par la gloire a un effet différent sur chaque homme, animal ou plante ; l’affolement des animaux se traduit par une explosion de mouvement.
Cette révélation extraordinaire de la naissance de Jésus est faite aux bergers qui, à l’époque de Luc, jouissaient d’une mauvaise réputation : ils étaient considérés comme impurs car ils touchaient le sang, et on les tenait pour malhonnêtes et voleurs. Ces méprisés sont les premiers concernés par la naissance de cet enfant qui porta la bonne nouvelle aux pauvres.
La révélation elle-même rappelle les récits d’annonce à Zacharie et à Marie. Seule l’objection humaine est omise.
Une troupe céleste innombrable est venue se joindre à l’ange annonciateur de l’Evangile.
La Bonne nouvelle se communique de Dieu aux bergers et au monde
Le texte biblique
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre –
ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. –
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. »
Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Lc 2,1-16
Commentaires
Reconnaissez, mes frères bien-aimés, la grandeur de la solennité de ce jour, pour laquelle ce jour est trop court et la terre entière, trop étroite. Elle fait un emprunt au temps, un emprunt à l’espace, elle prend sur la nuit et remplit le ciel avant de remplir la terre. En effet, la nuit devint éclatante comme le jour, quand une lumière nouvelle resplendit tout à coup dans le ciel aux yeux des bergers, à l’heure des plus épaisses ténèbres.
Mais remarquez en quel endroit la joie de cette solennité a commencé à éclater : c’est parmi les anges, car, selon leurs propres paroles, ce n’est que plus tard qu’elle sera partagée par le peuple tout entier, et aussitôt toute l’armée céleste fait retentir les airs de ses chants de gloire.
Mais que d’or et de pierreries étincellent aujourd’hui sur nos autels! Que de riches tentures tapissent ces murailles! Les anges pourront-ils bien les dédaigner, leur préférer les haillons des pauvres? S’ils ne le faisaient pas, pourquoi auraient-ils apparu aux bergers plutôt qu’aux rois de la terre et aux prêtres du temple? Pourquoi le Sauveur lui-même, à qui l’or et l’argent appartiennent en propre, aurait-il préconisé la sainte pauvreté dans son corps ? Pourquoi enfin les anges ont-ils signalé cette pauvreté avec tant de soin ? Car ce n’est point sans quelque raison mystérieuse que le Sauveur est enveloppé de langes et déposé dans une crèche, puisque c’est le signe particulier que nous donne l’Ange quand il nous l’annonce : « Et voici la marque, dit-il, que je vous donne pour le reconnaître : vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche (Luc. II, 12). »
Bernard de Clairvaux, sermon IV pour Noël