En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
carême (4) Femme voici ton fils
Rogier Van der Weyden 1399/1400-1464, Triptyque de la crucifixion, v 1445, det , panneau central, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Rogier de le Pasture dit Rogier van Weyden est un peintre primitif flamand, suiveur de Van Eyck. Il a vécu à Bruxelles à la fin de sa vie, au moment où la cour de Bourgogne s’y était installée.
Ce triptyque devait être autrefois un retable en un seul panneau. Ont été coupés les panneaux latéraux représentant Marie Madeleine avec son vase de parfum d’une part et Véronique avec son linge imprimé du visage du Christ.
Les trois panneaux se détachent sur un superbe paysage vallonné et au loin avec la ville de Jérusalem . Rogier van der Weyden hérite de l’expérience à dominante spatiale de Van Eyck et de l’expérience plastique du Maitre de Flemalle.
Ainsi ses personnages acquièrent un volume équilibré. Le rendu des matières, l‘évocation des carnations sont respectueux d’une réalité vivante et vigoureuse. Il fait preuve d’une intériorisation de ses sujets et ainsi exprime les émotions ressenties de ses personnages.
On voit ici l’accent pathétique de Marie et de Jean au pied de la croix, ils participent aux souffrances du Christ. Marie s’agrippe a la croix, mère désespérée, Jean la soutient.
Du haut de la croix Jésus les regarde avec compassion. Il les confie l’un à l’autre, leur donne mission de poursuivre sa mission en Eglise, avec tous les hommes évoqués ici par les donateurs représentés en bas à droite du tableau.
Les couleurs sont riches, chaudes, bleu de la robe de Marie, rouge du manteau de Jean, vie présente, mouvante, tandis que les donateurs restent habillés de couleurs sombres. Les différents blancs se répondent depuis le pagne de Jésus, le voile de Marie et la coiffe de la donatrice, mettant un lien entre les trois protagonistes.
Le pagne blanc de Jésus qui s’envole des deux côtés de la croix pour rejoindre les anges qui sonnent de la trompette annonce à la fois le linceul et les linges défaits pour la résurrection.
Le texte biblique
Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. »
Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
Jn 19, 26-27
Commentaires
La communauté de Jésus s’est désintégrée, elle renaît au pied de la croix, la mère reçoit un fils, le disciple reçoit une mère. c’est l’Église qui naît. Marie est nommée, Femme, nouvelle Eve, mère de tous ceux qui vivent par la foi, communauté qui n’exclut personne.
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« La Sainte Vierge nous a engendré deux fois, dans l’Incarnation et au pied de la Croix : elle est donc deux fois notre Mère. »
phrase souvent répétée par le Curé d’Ars (1786 1859 )
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Marie, la Mère du Seigneur, était debout devant la croix de son Fils. Nul autre ne me l’a dit que saint Jean l’Évangéliste. […] C’est Jean qui m’a appris [..] comment Jésus sur la croix a appelé sa mère ; il a donné plus de prix à cette marque de piété filiale donnée à sa mère par le Christ vainqueur des supplices qu’au don du royaume céleste. C’était sans doute un trait de bonté que de pardonner au larron ; mais c’est bien encore plus une marque de piété que d’honorer sa mère d’un tel amour ; « voila , dit-il, ton fils, voila ta mère »
C’est le testament du Christ en croix, répartissant entre sa mère et son disciple les devoirs de piété.
Ainsi le Seigneur établissait son testament, non seulement son testament public, mais encore son testament domestique, et Jean y apposait sa signature, digne témoin d’un si grand testateur. Testament précieux, qui lègue non de l’argent, mais la vie éternelle. ; qui est écrit non avec de l’encre, mais par l’Esprit du Dieu vivant, de celui qui a dit « ma langue est comme la plume d’un scribe qui écrit vite » (Ps 45,2).
Et Marie n’a pas été au-dessous de ce qui convenait à la Mère du Christ : tandis que les apôtres étaient en fuite, elle se tenait debout au pied de la croix, et de ses yeux maternels , elle contemplait les blessures de son fils ; elle en attendait non la mort de son bien-aimé, mais le salut du monde.
Saint Ambroise (340-397), De Virginibus (376)
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Prière de saint Bonaventure
Oh ! quel changement ! quel partage inégal l quelle désolation! quelle tristesse profonde pour une mère, alors que pour soutien c’est le Disciple qui lui est donné à la place du Maître, alors qu’au lieu de Dieu c’est un homme qui devient son appui ; qu’au lieu du loi, c’est un simple serviteur qui demeure à Marie ! Et moi aussi, ô Jésus ! je me recommande humblement à votre grâce, et je m’abandonne pour toujours à votre providence, afin qu’aidé des prières que la Vierge vous adressera pour moi avec amour, je puisse être en tout temps à l’abri des orages du péché.