En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Daniel dans la fosse aux lions
Pierre Rubens, 1577-1640, Daniel dans la fosse aux lions, 1614-16, National Gallery Wahington
Rubens peint ce tableau pendant la Réforme quand l’Eglise catholique célèbre le rôle des premiers martyrs chrétiens afin de favoriser la ferveur religieuse. Daniel dans la fosse aux lions fournissait un exemple extraordinaire d’un martyr qui a échappé à la persécution, grâce à sa foi personnelle, sa force, sa constance et son endurance.
Rubens, catholique fervent, arrive à combiner le réalisme et la théâtralité pour représenter Daniel dans la fosse aux lions.
Les fauves nous regardent fixement, et nous menacent comme ils menacent Daniel. Ils sont presque grandeur nature et en sont d’autant plus impressionnants !
Leur fourrure et leur stature sont superbement rendues, et cela résulte de l’observation qu’a pu en faire Rubens dans la ménagerie royale de Bruxelles.
La lumière qui est jetée sur Daniel rend la scène dramatique et sa pose dévote ajoute une dimension émotionnelle presque exagérée.
Il en résulte une œuvre puissante, réalisée par Rubens à une époque où sa gloire est à son apogée.
Le texte biblique
Les hommes qui avaient comploté contre lui se précipitèrent et le surprirent en train de prier et de supplier en présence de son Dieu.
Ils allèrent trouver le roi et lui dirent : « N’as-tu pas fait mettre par écrit cette interdiction : Tout homme qui, dans les trente jours à venir, adressera une prière à un dieu ou à un homme autre que le roi, sera jeté dans la fosse aux lions ? » Le roi répondit : « Oui, c’est la décision que j’ai prise. Et, selon la loi des Mèdes et des Perses, elle est irrévocable. »
Ils dirent alors au roi : « Daniel, un des déportés de Juda, ne tient compte ni de toi, ni de ton interdiction, ô roi ; trois fois par jour, il fait sa prière. »
En apprenant cela, le roi fut très contrarié et se préoccupa de sauver Daniel. Jusqu’au coucher du soleil, il chercha comment le soustraire à la mort.
Les mêmes hommes revinrent à la charge auprès du roi : « N’oublie pas, ô roi, que, selon la loi des Mèdes et des Perses, toute interdiction, tout décret porté par le roi est irrévocable. »
Alors le roi ordonna d’emmener Daniel, et on le jeta dans la fosse aux lions. Il dit à Daniel : « Ton Dieu, que tu sers avec tant de constance, c’est lui qui te délivrera ! »
On apporta une plaque de pierre, on la plaça sur l’ouverture de la fosse ; le roi la scella avec le cachet de son anneau et celui des grands du royaume, pour que la condamnation de Daniel fût irrévocable.
Puis le roi rentra dans son palais ; il passa la nuit sans manger ni boire, il ne fit venir aucune concubine, il ne put trouver le sommeil.
Il se leva dès l’aube, au petit jour, et se rendit en hâte à la fosse aux lions.
Arrivé près de la fosse, il appela Daniel d’une voix angoissée : « Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, que tu sers avec tant de constance, a-t-il pu te faire échapper aux lions ? »
Daniel répondit : « Ô roi, puisses-tu vivre à jamais !
Mon Dieu a envoyé son ange, qui a fermé la gueule des lions. Ils ne m’ont fait aucun mal, car j’avais été reconnu innocent devant lui ; et devant toi, ô roi, je n’avais rien fait de criminel. »
Le roi ressentit une grande joie et ordonna de tirer Daniel de la fosse. On l’en retira donc, et il n’avait aucune blessure, car il avait eu foi en son Dieu.
Le roi ordonna d’amener les accusateurs de Daniel et de les jeter dans la fosse aux lions, avec leurs enfants et leurs femmes ; or, avant même qu’ils soient au fond de la fosse, les lions les avaient happés et leur avaient broyé les os.
Alors le roi Darius écrivit à tous les peuples, nations et gens de toutes langues, qui habitent sur toute la terre : « Que votre paix soit grande !
Voici l’ordre que je donne : Dans toute l’étendue de mon empire, on doit trembler de crainte devant le Dieu de Daniel, car il est le Dieu vivant, il demeure éternellement ; son règne ne sera pas détruit, sa souveraineté n’aura pas de fin.
Il délivre et il sauve, il accomplit des signes et des prodiges, au ciel et sur la terre, lui qui a sauvé Daniel de la griffe des lions. »
Dn 6,12-28
Commentaires
Cet épisode de Daniel dans la fosse aux lions est bien connu, tout comme celui des trois jeunes gens dans la fournaise.
Nous avons à faire à un récit de cour, qui met en valeur l’intégrité et la valeur des options religieuses de Daniel, face à la jalousie des grands.
Le roi des Perses, Darius confie d’importantes responsabilités à son serviteur Daniel, ce qui attire à Daniel la jalousie des hauts fonctionnaires. Ces derniers vont suggérer au roi de prononcer un décret irrévocable interdisant pendant trente jours de prier un dieu autre que Darius lui-même, sous peine d’être jeté dans la fosse aux lions.
Mais Daniel continue à prier le Dieu d’Israël ; aussi est-il dénoncé, et le roi est alors obligé de le faire jeter dans la fosse aux lions.
Mais Daniel reste sain et sauf parmi les fauves.
Deux conséquences : les jaloux sont condamnés à la même peine que Daniel, et Darius écrit à tous les peuples pour affirmer que le Dieu de Daniel est le Dieu vivant dont le royaume dure éternellement.
Ainsi est reconnue la prédominance absolue du Dieu de Daniel.
De plus, le récit montre que les difficultés que les juifs peuvent rencontrer des difficultés dans la diaspora ne relèvent pas forcément de la nature du pouvoir païen mais tout simplement de la jalousie de fonctionnaires de la cour. Le pouvoir lui-même n’est pas hostile, au contraire.
Dieu que les non juifs acclament et confessent à la fin, est capable de protéger ses fidèles dans des situations où leur vie est en danger.