En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Notre dame du rosaire, réjouis toi comblée de grâce, Magnificat
Macha Chmakoff, artiste contemporaine, Magnificat, coll part
Macha Chmakoff est psychologue et psychanalyste. Elle est également peintre, et exerce à part égale ses deux métiers. Elle a fait des études de théologie à l’ Institut catholique de Paris.
Ses œuvres picturales illustrent principalement des thèmes bibliques.
Sa peinture est réalisée au couteau à partir de pigments qu’elle broie elle même. Elle aspire à évoquer la « vie silencieuse » des objets, des personnages . Elle tente de traduire au-delà de l’apparence, et ainsi elle s’inscrit à la limite de la figuration.
Ici, elle suggère l’explosion de joie de Marie, sa louange sans fin vers son Dieu qui a fait des merveilles. Macha nous invite à découvrir ce sentiment d’action de grâce qui est en nous, à le faire surgir et à l’extérioriser. Elle préfère laisser parler ses œuvres, sans faire de commentaire.
Laissons nous donc transporter par cet élan de bleus au multiples variations qui se détache sur le jaune lumineux évoquant le divin.
“La peinture, à condition qu’elle résiste à la tentation de l’anecdotique et du spectaculaire, peut entraîner le spectateur au-delà de la surface de la toile pour le mettre en contact avec l’intime du mystère … comme si la toile absorbait en sa surface colorée notre extériorité pour nous permettre de nous rendre un instant au point aveugle de nous-mêmes, là où, irrémédiablement, une parcelle de divin s’est inscrite.” (M. Chmakoff)
Le texte biblique
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »
Lc 1, 46-55
Commentaires
En cette fête de Notre Dame du Rosaire la liturgie nous propose de relire ce cantique extrait de l’évangile de Luc, le magnificat.
Ce texte est une véritable mosaïque de textes de l’Ancien Testament. Comme le cantique d’Anne qui lui sert de modèle (1 Samuel 2,1-10), c’est une hymne de louange. On y retrouve aussi des allusions à la Genèse, à Malachie, à Job, à Isaïe et surtout aux Psaumes .
Comme Anne qui avait conçu de manière merveilleuse, Marie commence par exprimer ce qu’elle ressent . Puis elle décrit le motif de sa louange : le Seigneur s’est penché sur son humble servante, il a fait pour elle des merveilles. Si les générations la diront bienheureuse, c’est en raison de celui dont elle est enceinte et non en raison d’un mérite personnel quelconque.
Puis la suite du texte illustre les bouleversements des situations et des valeurs qui caractérisent le passage de ce monde-ci au monde nouveau. C’est Dieu qui est sujet de tous les verbes, il est le tout puissant, le tout miséricordieux.
L’intervention de Dieu qui veut sauver le monde, a commencé par la naissance de son fils dans ce peuple des “pauvres” d’Israël : il rendra prioritairement justice aux humiliés, aux écrasés.
Ainsi, ce cantique est-il construit sur un jeu de contraste opposant abaissement et élévation.
Dieu est grand, puissant, il fait de grandes choses. Le bras fort de Dieu inverse les valeurs humaines: les orgueilleux sont dispersés, les puissants détrônés, les riches dépouillés, tandis que les humbles sont élevés, les affamés nourris.
L’espoir est en Marie, cet espoir d’un monde renouvelé que chantent les écrits apocalyptiques, cet espoir est déjà réalité pour elle, elle porte le projet divin. En son corps elle incarne la dignité retrouvée des pauvres et des humiliés.
Marie peut ainsi élargir le sujet dans son action de grâce, elle ne parle plus de ce que Dieu a fait pour elle seulement, mais aussi pour Israël. Le Seigneur a protégé son peuple de maintes vicissitudes, il l’a gardé au milieu des grands empires et des bouleversements terribles de l’histoire.
Cette hymne de louange éclaire la profondeur humaine de Marie, elle dont tout l’être est accueil, et donne le ton à l’événement de la Visitation.