En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Sainte Thérese de l’enfant Jésus, douceur et tendresse de Dieu
Renoir, 1841-1919, femme allaitant son enfant, 1886, Musée Van Gogh, Amsterdam
Renoir est surnommé le peintre du bonheur ! Il a abandonné le paysage impressionniste au bénéfice de la représentation de l’être humain et a placé la gaieté au cœur de ses toiles, par notamment la mise en scène du quotidien joyeux dans un cadre urbain ou bucolique.
Renoir représente ici son premier fils Pierre né le 21 mars 1885, que sa mère Aline allaite, thème qu’il a repris de nombreuses fois. Les figures sont nettement abouties mais le fond évoquant l’extérieur d’une maison de campagne est simplement suggéré.
Octave Mirebeau, critique d’art, commente : « admirez la femme à l’enfant, qui évoque, dans son originalité, le charme des primitifs, la netteté des japonais et la maîtrise d’Ingres ».
Cette composition mêle intimement familiarité et éternité. Les traits d’Aline ont été simplifiés et ont pris un caractère général. Elle porte des vêtements campagnards devant un arrière plan typiquement rural.
On atteint un archétype de la maternité campagnarde : la jeune mère nous regarde pour partager avec nous les joies de la maternité.
Le texte biblique
Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez !
Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire.
Car le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux.
Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés.
Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs,
Is 66,10-14
Commentaires
Beaucoup de paroisses reçoivent les reliques de la petite sainte, modèle de foi et d’espérance. Une occasion pour relire quelques textes
Ce texte d’Isaïe est une invitation au bonheur, elle touche ceux qui aiment Jérusalem et qui ont porté son deuil. Cette annonce de joie présuppose la compassion et de pouvoir dire de Jérusalem : « c’est ma mère » (Ps 87). Partager cette compassion , c’est goûter comme l’enfant le lait nourricier, la compassion de Dieu.
Dieu lui-même prend en charge comme un père et une mère son peuple, il nourrit, porte sur la hanche son peuple épuisé.
Tous nous sommes héritiers de cette Jérusalem revenue de l’exil, épuisée mais relevée. Qui cherche Dieu sera nourri et gagné par la force de Dieu. Le Seigneur l’annonce à ses serviteurs .
Le Pape François commente ce texte, en évoquant cette Sion-mère entourée de nouveaux nés, et en soulignant que la douceur de cette image a fasciné Saint Thérèse de Lisieux :
« Une accumulation de paroles intenses : réjouissez-vous, exultez, soyez dans l’allégresse, mais également consoler, délices, débordant, caresses, etc. La fidélité et l’amour s’étaient évanouis et tout s’achevait dans la tristesse et la stérilité. Mais désormais, la puissance et la sainteté de Dieu redonnent sens, plénitude de vie et de bonheur, en s’exprimant avec des termes qui appartiennent aux racines affectives de tout être humain et qui réveillent des sensations uniques de tendresse et de sécurité.
Portrait délicat mais vrai d’un Dieu qui vibre comme une mère et dont les émotions intenses sont contagieuses. Une joie du cœur (cf. Is 66,14) qui naît de Dieu – visage maternel et bras qui soulève – et se répand au milieu d’un peuple estropié par mille humiliations et dont les os sont devenus fragiles. C’est une transformation gratuite qui s’élargit dans la fête aux cieux nouveaux et à la terre nouvelle (cf. Is 66,22), pour que tous les peuples connaissent la gloire du Seigneur, fidèle et rédempteur. »
Et voilà ce qu’écrit Sainte Thérèse :
« Au Ciel seulement vous connaîtrez toute la reconnaissance qui déborde de mon coeur… O ma Soeur chérie ! vous voudriez entendre les secrets que Jésus confie à votre petite fille ; ces secrets Il vous les confie, je le sais, car c’est vous qui m’avez appris à recueillir les enseignements divins, cependant je vais essayer de balbutier quelques mots, bien que je sente qu’il est impossible à la parole humaine de redire des choses que le coeur humain peut à peine pressentir… (1Co 2,9)
Ne croyez pas que je nage dans les consolations, oh non ! ma consolation c’est de n’en pas avoir sur la terre. Sans se montrer, sans faire entendre sa voix, Jésus m’instruit dans le secret, ce n’est pas par le moyen des livres, car je ne comprends pas ce que je lis, mais parfois une parole comme celle-ci que j’ai tirée à la fin de l’oraison (après être restée dans le silence et la sécheresse) vient me consoler: « Voici le maître que je te donne, il t’apprendra tout ce que tu dois faire. Je veux te faire lire dans le livre de vie, où est contenue la science d’amour. » La science d’Amour, ah oui ! cette parole résonne doucement à l’oreille de mon âme, je ne désire que cette science-là. Pour elle, ayant donné toutes mes richesses, j’estime comme l’épouse des sacrés cantiques n’avoir rien donné… (Ct 8,7).
Je comprends si bien qu’il n’y a que l’amour qui puisse nous rendre agréables au Bon Dieu que cet amour est le seul bien que j’ambitionne. Jésus se plaît à me montrer l’unique chemin qui conduit à cette fournaise Divine, ce chemin c’est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son Père… » Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi. » a dit l’Esprit Saint par la bouche de Salomon et ce même Esprit d’Amour a dit encore que » La miséricorde est accordée aux petits. » (Pr 9,4 Sg 6,7). En son nom, le prophète Isaïe nous révèle qu’au dernier jour » Le Seigneur conduira son troupeau dans les pâturages, qu’il rassemblera les petits agneaux et les pressera sur son sein. » (Is 40,11). Et comme si toutes ces promesses ne suffisaient pas, le même prophète dont le regard inspiré plongeait déjà dans les profondeurs éternelles, s’écrie au nom du Seigneur : » Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous caresserai sur mes genoux. » (Is 66,12-13). O Marraine chérie ! après un pareil langage, il n’y a plus qu’à se taire, à pleurer de reconnaissance.»
(Histoire d’une âme, 1873-1897, chap 11)