En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Saint Bernard, l’habit de noce et la justice et le pardon de Dieu
Andrea Kostiaev: , Vladimir Ermilov, Nikolay Ermilov, la parabole du banquet des noces du fils du roi, 20e, Maison Sainte-Geneviève à Épinay-sous-Sénart, Essonne
Il a fallu six mois pour ces iconographes venus de Moscou pour exécuter ce grand ensemble de fresques décorant le réfectoire du séminaire orthodoxe d’Epinay sous Sénart.
Plusieurs fresques représentent des repas auxquels a participé Jésus, chez Simon le pharisien Lc 7,36-38), chez Simon le lépreux (Mc 14,3).
Ici est représentée la parabole du banquet des noces du fils du roi.
Dans le cadre d’une palais royal évoqué par une architecture byzantine, le roi imposant couronné, entre en bénissant l’assemblée de la main droite. Les mariés sont installés autour d’une table principale. Le fils est également couronné et se tourne vers son père. Tous regardent le roi
D’autres invités, sont également installés autour de plus petites tables, potent de beaux vêtements. Ils discutent entre eux.
Mais un invité en habit de travail est rejeté vivement, jeté la tête la première dans un trou béant, l’enfer ?
La scène est racontée de manière narrative, et abrupte.
Le texte biblique
Jésus se mit de nouveau à leur parler et leur dit en paraboles :
« Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : “Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.”
Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ;
les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.
Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : “Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes.
Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.”
Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce.
Il lui dit : “Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?” L’autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs : “Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.”
Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »
Mt 22, 1-14
Commentaires
Cette parabole racontée par Jésus rejoint ses auditeurs qui connaissaient bien la bible, i l utilise en effet des traits allégoriques renvoyant au sujet du refus d’Israël de participer aux noces du fils du roi. L’Ancien Testament parlait couramment de Dieu comme d’un roi.
Un roi célèbre le mariage de son fils.
Les noces duraient plusieurs jours et sont souvent le symbole de la communion joyeuse et définitive de Dieu avec son peuple. Dans cette parabole l’accent est mis sur le refus de l’invitation par les invités.
Suite au refus des uns et à la violence des autres envers les envoyés du roi. Celui-ci fait subir un châtiment aux meurtriers et incendie leur ville. Cela est une allusion à la destruction de Jérusalem.
Tous sont alors invités à entrer dans la salle de noces, sans distinction. La bonté ou la justice ne constituent pas le critère d’invitation, tous, indépendamment de leurs qualités, mauvais ou bons, seront tous assis à la table de noce.
Et l’histoire continue : le roi arrive et chasse de la salle de noce celui qui ne porte pas de vêtement noce .
Le critère d’exclusion de celui que le roi traite pourtant d’ami, « mon ami ». n’est donc pas la méchanceté ou d’injustice, mais bien le vêtement de noce. Qu’est-ce que cela représente ? Souvent l’image est interprétée dans une perspective éthique. La métaphore désignerait les « œuvres bonnes » du disciple. Rappelons la phrase de Jésus après le discours sur le sel et la lumière « que votre lumière brille aux yeux des hommes , pour qu’en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux ».
Il serait ici question de la « justice supérieure » qu’il doit manifester, celle que Jésus décrit « si votre justice ne surpasse celle des scribes et des Pharisiens, non vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5, 20)
On pourrait aussi lire ce texte dans une visée baptismale. L’habit de noce symboliserait alors l’appartenance à la communauté chrétienne. Dieu offre le vêtement du pardon et de justice qu’il faut revêtir.
Le roi insiste sur le vêtement de noce, mais l’homme ne répond pas puisque l’exclusion semble inévitable. Il lui est reproché de ne pas admettre qu’il a besoin d’être revêtu d’un autre vêtement que les siens propres. Son silence atteste qu’il est replié sur lui-même, incapable de rentrer en dialogue avec l’autre qui est venu à sa rencontre.