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Centre d'enseignement de théologie à distance

L’Assomption de la Vierge Marie

Fra Angelico, 1400-1455, la mort et l’assomption de la Vierge, panneau de reliquaire, 1432 env., Isabella Stewaer Gardner Museum, Boston

 

Ce panneau a été peint par Fra Angelico pour l’Eglise Dominicaine de Santa Maria Novella à Florence.

Fra Angelico fait preuve ici d’une grande délicatesse mais est aussi bien complexe.

Le panneau est divisé en deux registres :

– le registre inférieur représente la « Dormition » de la Vierge : les disciples apparus miraculeusement entourent le corps vieilli de Marie qui repose sur un somptueux drap d’or. Quatre disciples s’apprêtent à soulever le corps pour l’emporter dans son tombeau.

 

Et le Christ, debout, au centre, maître de l’événement, a déjà accueilli son âme représenté sous la forme d’un jeune enfant.

 

La partie supérieure : Fra Angelico montre la Vierge montée dans le ciel. Elle est entourée d’anges musiciens.

Au dessus le Christ vêtu d’une tunique d’un bleu intense, est représenté dans le ciel penché en avant ouvrant grand ses bras pour accueillir la Vierge.

 

On peut souligner ici la variété des bleus utilisés par Fra Angelico, donnant a chacun une signification particulière, bleu sombre pour la Vierge morte, bleu clair, délicat, léger pour la Vierge montée au ciel, et bleu sur-saturé pour le Christ.

L’emploi de l’or donne à la scène une atmosphère mystique qui est équilibrée par les détails naturalistes remarquables dans le traitement des visages ou des poses des disciples.

Le texte biblique

Debout, à la droite du Seigneur,
se tient la reine, toute parée d’or.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

 

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

 

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

 

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

 

Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

Commentaires

La joie du ciel

 

En ce jour, la Vierge glorieuse montant au ciel vint ajouter sans aucun doute une part abondante à la joie des habitants d’en haut. C’est elle en effet dont un simple mot de salutation fait tressaillir de joie ceux mêmes que renferment encore les entrailles maternelles. Si l’âme d’un enfant encore à naître fut comme liquéfiée d’amour dès qu’eut parlé Marie, pouvons-nous imaginer l’allégresse des citoyens du ciel quand il leur fut donné à la fois, et d’entendre sa voix, et de voir son visage, et de goûter le bonheur de sa présence ? Et pour nous, mes très chers, quelle occasion de fête en cette assomption de la Vierge, quelle source de joie, quel sujet de réjouissance ! Par la présence de Marie, c’est tout l’univers qui est illuminé au point que désormais la patrie céleste elle-même resplendit d’une clarté plus vive, irradiée qu’elle est par le rayonnement de cette lampe virginale. Aussi est-ce à juste titre que retentissent, là-haut, l’action de grâces et la louange. Entraîne-nous sur tes pas ; nous courrons dans les effluves de tes parfums Mais pour nous, semble-t-il, nous devons gémir bien plus qu’applaudir. N’est-il pas logique en effet que la mesure dont le ciel se réjouit de la présence de Marie, soit la mesure même dont notre bas monde doive s’attrister de son absence ? Non, cessons nos plaintes ! Pour nous non plus, l’ici-bas n’est pas notre patrie, et nous cherchons justement celle où Marie, la bénie, fait son entrée aujourd’hui. Si nous sommes déjà inscrits citoyens de cette cité, il est juste de nous souvenir d’elle jusqu’en notre exil, d’y vivre de cœur même sur les bords des fleuves de Babylone, de communier à son bonheur, de prendre part à ses joies, tout particulièrement à cette joie qui, en ce jour, inonde la cité de Dieu d’un flot si abondant que nous-mêmes en sentons les gouttes ruisseler sur la terre. Elle a pris les devants, notre reine ! Elle a pris les devants, et l’accueil qu’elle a reçu fut si glorieux que les pages peuvent suivre leur dame en toute assurance et lui crier : « Entraîne-nous sur tes pas ; nous courrons dans les effluves de tes parfums » (Ct, 1, 4ss). C’est une avocate que notre caravane envoie devant elle, une avocate qui, en tant que mère du juge et mère de miséricorde, traitera l’affaire de notre salut avec insistance et succès. C’est un cadeau de prix qu’aujourd’hui notre terre a adressé au ciel afin que, donnant donnant, une heureuse alliance d’amitié unisse l’humain au divin, la terre au ciel, les abîmes aux cimes. L’accueil de son Fils Quant à l’Assomption, qui pourrait même imaginer dans quelle gloire en ce jour s’avança la reine du monde ; avec quels élans de ferveur la multitude des esprits célestes se porta tout entière au-devant d’elle ; quels cantiques l’accompagnèrent à son trône de gloire ; avec quel visage souriant, avec quel air radieux et par quels joyeux embrassements, son Fils l’accueillit et l’exalta au-dessus de toute créature, avec tous les honneurs dont était digne une telle mère et toute la gloire dont était capable un tel Fils ? Heureux sans aucun doute, les baisers imprimés par les lèvres du nourrisson que la mère caressait sur son sein virginal ! Pourtant, ne faut-il pas estimer encore plus heureux les baisers reçus aujourd’hui par Marie, en signe de bienvenue, des lèvres de celui qui siège à la droite du Père, pendant qu’elle gravissait les marches de son trône de gloire en chantant ces paroles de l’épithalame : « Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche ? » (Ct 1, 1) –

 

Sermon de Saint Bernard (1090-1153) sur l’Assomption 1

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