Menu

Centre d'enseignement de théologie à distance

La femme aux sept maris, les Sadducéens et la résurrection des morts

Fra Angelico, (vers 1044-1455) le paradis, detail du Jugement dernier, 1435, Muse San Marco, Florence

 

Nous regardons ici un détail du tableau de Fra Angelico, le jugement dernier.

Jésus est représenté au sommet du tableau, accompagné de Marie et Jean Baptiste, en juge du monde. Des saints et des prophètes demandent d’intercéder pour les humains.

Dans la partie latérales gauche, à droite du Christ, un cercle d’anges dansent dans la végétation verdoyante du Paradis ; ils sont les nouveaux élus illuminés par les rayons lumineux dorés provenant de la porte ouverte de la Cité de Dieu.

Cette partie est connue pour être entièrement de la main du maître.

Chaque ange est peint avec précision appelant la qualité technique du miniaturiste.

 

Contrairement aux autres personnages humains que l’on peut reconnaître grâce à des attributs spécifiques, tant parmi les saints et les prophètes que parmi les damnés caractérisant les différents péchés capitaux, les anges ne sont pas caractérisés, on les voit de dos, légers, immatériels, dans une ronde pleine d’allégresse. Ils restent anonymes dans le paradis, ils sont la foule des âmes célestes, parvenues au paradis dans une béatitude totale.  

Le texte biblique

Des sadducéens – ceux qui affirment qu’il n’y a pas de résurrection – viennent trouver Jésus. Ils l’interrogeaient :

 « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une femme, mais aucun enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère.

 Il y avait sept frères ; le premier se maria, et mourut sans laisser de descendance.

 Le deuxième épousa la veuve, et mourut sans laisser de descendance. Le troisième pareillement.

 Et aucun des sept ne laissa de descendance. Et en dernier, après eux tous, la femme mourut aussi.

 À la résurrection, quand ils ressusciteront, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »

 Jésus leur dit : « N’êtes-vous pas en train de vous égarer, en méconnaissant les Écritures et la puissance de Dieu ?

 Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme les anges dans les cieux.

 Et sur le fait que les morts ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du buisson ardent, comment Dieu lui a dit : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ?

 Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Vous vous égarez complètement. »

 

Mc 12,18-27

Commentaires

Les Sadducéens à qui Jésus s’adresse sont des représentants de l’aristocratie sacerdotale, ils sont conciliants avec l’occupant et sont conservateurs attachés à la Torah écrite, les cinq premiers livres de la Bible, rejetant les doctrines postérieures, notamment la résurrection des morts.

 

Les Sadducéens interrogent Jésus à partir de la loi de Moïse, ici la loi du Lévirat (de levir, beau-frère). A la mort d’un homme, si son épouse n’a pas d’enfant mâle, son beau frère se doit de la prendre pour femme pour assurer la descendance (Dt 25,5-10). Ils en arrivent à poser à Jésus un curieux cas de conscience.

La question est excessive, sept cas de mariage, sept étant un nombre parfait, cela rend l’histoire extravagante, sans fondement dans la vie. L’idée est de présenter la doctrine de la résurrection comme une impasse.

 

Jésus répond vivement et accuse les Sadducéens d’être dans l’erreur, de méconnaître les Écritures et la puissance de Dieu.

Jésus attaque cette conception matérialiste de l’au-delà assez répandue de son temps, reconduction de la vie terrestre. La vie des ressuscités n’est pas rationnellement concevable.

En déclarant qu’on ne se marie pas , mais qu’on est comme des anges, Jésus n’entend pas dire pour autant que l’homme et la femme ressuscités auront une condition angélique. Jésus veut faire comprendre que l’union charnelle n’est plus de mise dans l’au-delà, il y a une transformation du mode humain d’exister. Mais en parlant des anges Jésus ne pouvait pas convaincre ses interlocuteurs. Qui ne croyaient ni aux anges ni a la résurrection des morts.

 

Mais Jésus continue en posant la question de savoir si l’Écriture parle de la résurrection des morts, en choisissant le récit du buisson ardent ; son interprétation est déroutante : les patriarches Abraham, Isaac et Jacob ne peuvent pas n’avoir été que des interlocuteurs éphémères de Dieu, on les sait entrés dans une vie nouvelle auprès de Dieu. Le Dieu de l’Alliance n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. La foi en la résurrection des morts ne peut trouver de preuves dans l’Ecriture, mais des appuis. Elle dépasse les raisonnements humains et repose directement sur la confiance absolue au Créateur dans sa puissance de vie.

 

Et les Sadducéens sont renvoyés sèchement ; ils sont dans l’erreur.

 

Partagez votre amour

Recevez notre newsletter

Saisissez votre adresse e-mail ci-dessous et abonnez-vous à notre newsletter