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Centre d'enseignement de théologie à distance

Jacques et Jean, fils de Zébédée, préséance et service dans le Royaume de Dieu

Maitre de Ventosilla, Saint Jacques et saint Jean, apôtres, fils débédée. 1501-1533, Musée des pélerinages à Saint Jacques de Compostelle, Galice, Espagne

 

Nous admirons ici un panneau de la prédelle d’un retable exécuté par le maître de Ventosilla (petite bourgade située près de Burgos).

Ce peintre espagnol fut actif au 16e siècle, dans la mouvance de la Renaissance en Castille. Il n’a signé aucune œuvre, et c’est donc un nom générique qui lui a été donné. On lui attribue un certain nombre de retables conservés à Burgos, au Prado. Celui ci est conservé à saint Jacques de Compostelle.

Son style est caractéristique du premier tiers du 16e siècle, finesse des traits, fonds dorés.

 

Sont représentés ici Jacques et Jean fils de Zebédée, les autres panneaux représentant Pierre et André, ; il est signifié ainsi que les pécheurs du lac de Nazareth sont au point de départ de la foi chrétienne.

 

Jacques porte le costume de pèlerin de Compostelle, avec son chapeau et son bâton caractéristiques.

L’apôtre aurait quitté le Proche Orient avec pour mission de prêcher la parole du Christ jusque dans la péninsule ibérique. Et de retour en Palestine il fut mis à mort par Agrippa en l’an 44 (Ac 12,2). Sa dépouille aurait été portée dans une embarcation guidée par un ange qui échoua sur les côtes de Galice.

 

La légende selon un récit relaté dans la Concordial de Antealtares écrit en 1077, rapporte que son corps fut inhumé à Compostelle. Charlemagne aurait reçu l’ordre du saint de venir délivrer son tombeau alors aux mains des Maures. Ce qu’il fit avant de subir sa terrible défaite à Roncevaux.

Une somptueuse église y fut construite en l’honneur de saint Jacques, fils de Zébédée.

Aujourd’hui on ne parle plus de tombeau de saint Jacques mais de mémorial de saint Jacques.

Néanmoins un grand pèlerinage fut instauré, haut lieu de la chrétienté médiévale.

 

Quant à Jean, son frère, il est représenté comme un jeune homme frêle aux traits fins, portant une coupe d’où sort un serpent, allusion au questionnement de Jésus sur la capacité des frères à le suivre dans la souffrance et la mort, et les doigts levés en signe d’enseignement.

 

Dans les actes apocryphes de Jean, l’apôtre est présenté dans un pèlerinage permanent en tant que communicateur de la foi dans la rencontre avec des « âmes capables d’espérer et d’être sauvées ». Les Orthodoxes le nomment le « théologien » car il est capable de parler en termes accessibles des choses divines et qu’il révèle un accès mystérieux à Dieu à travers l’adhésion à Jésus.

Selon la tradition il œuvra longtemps autour d’Ephèse, où il mourut très âgé, sous l’empereur Trajan (les Orthodoxes le représentent souvent sous les traits d’un homme très âgé)

Saint Jean enseignera la grande leçon d’amour à suivre pour aimer le Christ jusqu’au bout et donner sa vie pour lui.

Le texte biblique

 

 Les disciples étaient en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Prenant de nouveau les Douze auprès de lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver :

 « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes,

qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. »

 Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »

Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »

 Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »

 Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »

 Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.

 Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »

 Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.

Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.

 Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.

Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous :

car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Mc 10, 32-45

Commentaires

Ce texte est l’une des trois annonces de la passion que Jésus fait à ses disciples après la confession de Pierre à Césarée. Maintenant, Jésus a pris sa décision et ils montent ensemble à Jérusalem. Jésus annonce clairement ce qui va se passer. La livraison du Fils de l’homme aux grands prêtres puis aux païens, sa condamnation, les outrages, sa mort puis sa résurrection.

Jésus marche devant, les autres suivent. Le maître précède ceux qui sont appelés.

 

Les fils de Zebédee jouent un rôle semblable à celui tenu par Pierre lors de la première annonce de la passion.

Jacques et Jean s’adressent à Jésus comme a un maître. Jésus ne les rabroue pas, mais leur demande de réexprimer leur demande, pour qu’elle soit bien appropriée par les demandeurs.

 

Mais une profonde incompréhension demeure chez les deux frères. Ils comprennent que Jésus est sur le point d’entrer dans sa gloire, mais ils imaginent le royaume de Dieu sur le modèle des royaumes terrestres. Jésus y exercera le pouvoir royal siégeant au centre, et Jacques et Jean s’imaginent bien participer à sa souveraineté.

 

Jésus reproche aux deux frères de ne pas savoir ce qu’ils demandent, ils ne comprennent pas la vraie nature du Royaume. Les frères imaginent cette montée vers Jérusalem comme une ascension vers la gloire en oubliant que que le chemin du Fils de l’homme conduit d’abord vers la souffrance et la mort.

Pour répondre Jésus utilise deux métaphores, celle de la coupe et celle du baptême.

L’image de la coupe est celle du destin que l’on doit boire, assumer jusqu’au bout ; or, la coupe de Jésus est amère, coupe évoquée à Gethsamani, mais aussi coupe de la Cène, annonçant sa mort, dans l’attente du repas eschatologique.

L’image du baptême est bien la plongée dans la mort du Christ, mais aussi le passage vers une nouvelle naissance.

 

Mais les frères continuent à rêver de grandeur terrestre ; mais oui ! ils peuvent tout cela. Présomption ou nouvelle incompréhension ? En fait coupe et baptême seront à vivre par tous les disciple qui suivent Jésus.

A leur espoir de gloire, Jésus affiche donc une fin de non recevoir, les places sont déjà préparées, c’est le Père qui dispose de tout. Les disciples n’ont qu’une chose à faire, suivre Jésus. Et leur gloire comme la sienne, sera d’abord celle d’avoir été serviteurs.

 

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