En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Sainte Thérese de l’enfant Jésus , devenez comme les petits enfants
Lucas Cranach, l’ancien, 1472 – 1553, Jésus bénit les enfants, 1540, musée d’art de Francfort
Lucas Cranach est un peintre, graveur et dessinateur de la Renaissance allemande (il est le père de Cranach le Jeune 1515-1586).
Influencé par Dürer, il préféra un humanisme allemand aux inventions italiennes. Il fut l’ami de Marin Luther, qui l’attira vers les idées protestantes et ainsi il participa à la création de l’iconographie protestante, représentant des thèmes chers à la Réforme tirés de l’Ancien et Nouveau Testament, en introduisant parfois des citations de la Bible.
Et pourtant Cranach est connu pour la sensualité des femmes qu’il portraiture en Eve ou personnages bibliques et mythologiques. Ces inconciliables contradictions furent sans doute la clé de son immense succès.
Il fut longtemps peintre de la cour des électeurs Jean-Constant et Jean- Frederic pour laquelle il peint d’innombrables nus bibliques et mythologiques à l’érotisme allusif.
Cranach fut assez habile pour conserver une riche clientèle catholique. Il sut toujours se placer au-dessus des conflits.
Ici Jésus est entouré de parents qui viennent lui présenter leurs enfants. Au centre Jésus embrasse un enfant. Il accueille tous ces enfants, laissez-les venir à moi ! Il invite les adultes à se faire semblables à ces enfants qu’il chérit, pour entrer dans le Royaume de Dieu.
La peinture est réalisée avec soin dans tons clairs. Les personnages sont multiples mais bien délimités se détachant sur un fond sombre. Pas d’aération pour donner l’impression de multitude. Les visages présentent des traits rigoureusement dessinés, sous un éclairage homogène.
Les carnations sont claires couleur porcelaine, et la facture est lisse. Peu de détails, pas d’arrière plan. Tous les visages sont tournés vers Jésus, à part la femme qui se bat pour faire approcher son propre enfant, ce qui anime le tableau.
Au fond à gauche cependant, les disciples restent mécontents ou sceptiques.
Le texte biblique
À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? »
Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux,
et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.
Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi.
Mt 18,1-5
Commentaires
Qui ne cherche pas à être le plus grand ou ne souhaite pas être le meilleur ?
Mais ici Matthieu place la question sur un autre plan, celui du Royaume des cieux. Chacun des disciples désire correspondre à la volonté de Dieu.
Comme à son habitude Jésus va utiliser des images compréhensibles par tous pour s’expliquer.
Il place un enfant au centre de leur groupe, véritable parabole vivante. A son époque l’enfant n’était pas l’enfant roi comme il n’est parfois aujourd’hui. L’enfant était celui qui devait servir les grands, qui n’avait pas la parole et devait obéir à tout, Paul nous dit même qu’il ne diffère en rien d’un esclave.
Jésus explique donc que pour participer à la vie du Royaume, il faut changer et devenir comme des enfants. C’est à dire retrouver un esprit de dépendance et d’humilité. Ne pas se prendre pour un puissant, qui maîtrise tout et ne dépend de personne, voilà ce qui est important aux yeux de Dieu.
Ainsi l’accueil d’un enfant et de ce qu’il représente se fera au nom de Jésus qui lui-même s’identifie aux petits, c’est lui qu’on recevra en eux.
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Ecrits de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus :
Le bon Dieu veut que je m’abandonne
comme un tout petit enfant qui ne s’inquiète pas de ce qu’on fera de lui.
le « carnet jaune » de mère agnès 15 juin 1897
C’est à toi seul, Jésus, que je m’attache ;
C’est dans tes bras que j’accours et me cache.
Je veux t’aimer comme un petit enfant ;
Je veux lutter comme un guerrier vaillant.
Comme un enfant plein de délicatesses,
Je veux, Seigneur, te combler de caresses ;
Et, dans le champ de mon apostolat,
Comme un guerrier je m’élance au combat !
poésie PN 36
1. Heureux petits Enfants, avec quelles tendresses
Mc 10,13-16)
Le Roi des Cieux
Vous bénit autrefois et combla de caresses
Vos fronts joyeux!
De tous les Innocents vous étiez la figure
Et j’entrevois
Les biens que dans le Ciel vous donne sans mesure
Le Roi des rois.
-
C’est vous que Le Seigneur me donna pour modèle
Saints Innocents (Mc 10,13-16)
Je veux être ici-bas votre image fidèle
Petits Enfants.
Ah! daignez m’obtenir les vertus de l’enfance.
Votre candeur,
Votre abandon parfait, votre aimable innocence
Charment mon coeur.
11.
Oui, je veux augmenter la candide phalange
Des Innocents
Mes souffrances, mes joies, je les offre en échange
D’âmes d’Enfants.
Parmi ces Innocents, je réclame une place n.9
Roi des Elus.
Comme eux, je veux au Ciel, baiser ta Douce Face
O mon Jésus!….
poésie PN 44, 1,9,11
(Les 54 poésies de Thérèse, édition du centenaire 1979)