En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup
Arrestation du Christ, église de Nohant sur Vicq, Indre, 12e
L’église de Nohant sur Vicq est située au sud est du département de l’Indre. Elle existe depuis au moins 1092-99 quand elle est donnée à l’abbaye de Déols. Elle a beaucoup souffert pendant la Révolution et les fresques ne furent redécouvertes qu’au 19ème. Des travaux de restauration sont réalisés et l’église est restituée au culte. Le décor peint s’ étend sur le choeur et le mur de la nef attenant au cheour. Bien que distribuées dans un désordre apparent, les fresques s’avèrent être l’œuvre d’un artiste unique.
Les personnages sont tous caractérisés par des visages ronds à peu près identiques, avec des joues colorées, des sourcils en accolades.
Émile Mâle écrit : « le peintre de Vicq a une passion du mouvement, une fougue tout à fait extraordinaire pour le 12ème siècle ». Les apôtres aux côtés du Christ ne restent pas immobiles, ils parlent entre eux et gesticulent. Le baiser de Judas est tumultueux : Judas se rue sur Jésus, pendant que les autres apôtres l’entraînent brutalement.
Les palettes de couleur est à base de pigments minéraux, charbon de bois, chaux, ocre. En les mélangeant le peintre réussit à diversifier les effets, les couleurs, les ombres, les lumineux.
La scène de l’arrestation du Christ est composée de trois parties, au centre est l’arrestation du Christ livré par Judas qui se précipite pour donner un baiser à Jésus. Judas est suivi des soldats. Et Jésus est entraîné par l’un des soldats.
Le mouvement est intense, les drapés tournent autour de Jésus, les gestes et les regards se croisent en diagonales, les mains partent dans tous les sens.
Cette violence apparente est bien contraire aux attentes des disciples : Jésus, pour qui ils avaient tant d’admiration, est livré aux mains des violents.
Le texte biblique
En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Au dire des foules, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean le Baptiste ; mais pour d’autres, Élie ; et pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. »
Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Pierre prit la parole et dit : « Le Christ, le Messie de Dieu. »
Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne,
et déclara : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Lc 9 18-22
Commentaires
Ce dialogue avec Pierre suit la scène de la multiplication des pains ; Pierre a vu son maître donner le pain à la foule et se manifester comme le prophète des temps ultimes.
Jésus veut préparer les disciples à sa montée vers Jérusalem. Mais ils ne comprennent toujours rien à la mission de Jésus, à sa passion à venir.
Jésus annonce une deuxième fois sa passion aux seuls disciples, mais ici, à la différence du récit de Marc (Mc 9,10), il n’explique pas sa mort et ne parle pas de sa Résurrection. Aussi les disciples ne comprennent-ils pas la nécessité de la Passion ; le sens d’une telle annonce leur est caché. Cela fait partie du plan divin de Dieu.
Les disciples avaient été fascinés par le bien que faisait Jésus par ses miracles notamment. Mais Jésus refuse de s’engager dans un messianisme triomphant et politique qui signifierait qu’il extirpe de force le mal du monde. Mais ce serait contradictoire, car Jésus choisit la voie humble, qui n’impose pas le bien. Cela paraît absurde aux yeux des hommes. L’homme reste libre, la mort de Jésus reflète-t-elle le« dessein de Dieu ou le crime des hommes » ? (Ch. Ducocq, « Le mal, énigme du bien », le Supplément, Revue d’éthique et de théologie morale, n°172, 1990)