En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
saint Thomas, la construction de l’Eglise
Jean Fouquet, Construction du Temple de Jérusalem par ordre de Salomon, 1470-7,. miniature illustrant les Antiquités judaïques de Flavius Josephe, BNF
Ce manuscrit illustré des Antiquités juives de l’écrivain juif Flavius Josèphe (37-90) fut entrepris au début du 15e siècle et il fut complété tout au long du siècle pour le duc de Berry puis pour des descendants. Le duc de Nemours confia à Fouquet de finaliser de grandes miniatures.
Le livre retrace en 20 livres l’histoire de la nation juive depuis la Genèse jusqu’en 66 de notre ère.
On y trouve relatée la construction du Temple de Jérusalem par le roi Salomon :
« Le roi Salomon commença à bâtir le Temple en la quatrième année de son règne ; et au second mois que les Macédoniens nomment Artémisios et les Hébreux Jar (qui est le mois d’avril), cinq cent quatre-vingt-douze ans depuis la sortie d’Égypte, mille vingt ans après qu’Abraham fut sorti de Mésopotamie pour venir en la terre de Canaan, mille quatre cent quarante après le déluge, et trois mille cent deux ans depuis la création du monde… Les fondations du Temple furent faites très profondes et, afin qu’elles pussent résister à toutes les injures du temps et soutenir sans s’ébranler cette grande masse que l’on devait construire dessus, les pierres dont on les remplit étaient si grandes que cet ouvrage n’était pas moins digne d’admiration que ces superbes ornements et ces enrichissements merveilleux auxquels il devait servir de base, et toutes les pierres que l’on employa depuis les fondements jusqu’à la couverture étaient fort blanches… Toute la structure de ce superbe édifice était de pierres si polies et tellement jointes qu’on ne pouvait en apercevoir les liaisons ; mais il semblait que la nature les eût formées de la sorte d’une seule pièce, sans que l’art ni les instruments dont les excellents maîtres se servent pour embellir leurs ouvrages y eussent contribué en rien. »
Ce chapitre fait référence au premier Livre des Rois (1 R 6,1)
Le peintre Fouquet a replace cette scène de construction à sa propre époque, en se référant à ce qu’il connaissait, c’est à dire le chantier d’une cathédrale.
L’espace est occupé aux trois quarts par la masse imposante du Temple et à gauche on peut voir le palais royal reconnaissable à sa bannière fleurdelisée. Un groupe d’hommes monte l’escalier pour venir contempler l’édifice depuis les appartements de Salomon.
Dans la partie inférieure les tailleurs de pierres s’affairent. Enfin sur la droite une procession de fidèles, porteurs de cierges et d’offrandes, se dirige vers le portail.
Ainsi le temple de Salomon est devenu un merveilleux édifice gothique, garni de statues colonnes de personnages sculptés dans les voussures.
En revanche le plan n’est pas celui d’une cathédrale gothique mais il s’inspire du livre des Rois notamment pour le sanctuaire qui était de forme carrée.
Sur le devant de la scène, sans se laisser distraire par le va-et-vient des visiteurs, les acteurs principaux, les ouvriers, s’activent à la préparation des matériaux que leurs compagnons réceptionnent en haut de l’édifice grâce à la roue qui sert d’instrument de levage.
Une douzaine d’ouvriers s’activent, l’un prépare le mortier , d’autres taillent la pierre ou la sculptent d’autres encore transportent les matériaux et on peut apercevoir des peintres terminant le revêtement doré.. chacun apporte son travail pour l’édification de l »ensemble de l’édifice.
Le temple sacré, magnifique, n’est qu’une représentation temporelle de l’alliance du Seigneur Dieu et de son peuple.
Le texte biblique
Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu,
car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même.
En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur.
En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint.
Ep 2,19-22
Commentaires
Dans ce passage, l’auteur de la lettre aux Éphésiens, met en valeur la dynamique qui habite la nouvelle création. Les Nations païennes sont définies dans le passé par un manque, une absence, elles sont sans circoncision, sans Christ, exclues de la promesse, étrangères à l’Alliance. Une telle définition est faite par rapport aux Juifs qui, eux ; possèdent ce qui fait défaut aux Nations. La seconde partie de cette adresse aux Éphésiens que nous lisons aujourd’hui montre que les chrétiens issus des Nations sont eux aussi, avec ceux qui viennent du judaïsme, « concitoyens des saints », ils forment une construction bien ajustée. Si un tel enrichissement est possible, c’est grâce au Christ, qui abolit toutes les divisions.
L’image de la construction est introduite par l’opposition « loin-proche » qui caractérise les nations païennes avant ou après leur baptême. Ceux qui étaient loin, étrangers à la Promesse, sont maintenant de la maison de Dieu.
Tous appartiennent désormais pas la foi à la maison de Dieu, qui est construite par les apôtres et les prophètes. Par la transmission de l’Évangile, ces derniers sont considérés comme le fondement de l’édifice et la Christ en est la clef de voûte. C’est lui qui communique à tout l’édifice un dynamisme qui lui appartient en propre, car il vient de l’Esprit.
Alors que le vocabulaire paulinien de la construction pouvait rester statique, l’auteur emploie ici des verbes qui mettent l’accent sur la croissance et le dynamisme de la construction. Celle-ci représente l’Église élargie aux dimensions de l’univers et dont le Christ est la clef de voûte, attirant tout vers lui.L’édifice est orienté, il est un corps dont le Christ est la Tête. Dans le Christ c’est toute l’humanité qui est réconciliée et animée de l’intérieur par la force de l’Esprit.