En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Fête du Saint Sacrement
Robert Delaunay (1885-1941), Rythme, joie de vivre, 1930, Musée du Centre Pompidou.
Robert Delaunay, avec sa femme Sonia, est le fondateur du mouvement d’art moderne dit « orphique », où la couleur et les formes géométriques cherchent une harmonie picturale. Le mot orphisme fait référence au poème d’Apollinaire « Orphée » de 1908, qui traite de la poésie pure, sorte de « langage lumineux ».
Ce tableau fait triompher le mariage de l’art inobjectif avec la couleur. La composition est éclatée entre plusieurs disques de taille variable dont les ondes colorées clignotent dans l’espace grâce à une touche vibrante, donnent au tableau son rythme percutant son ampleur cosmique et cinétique.
La couleur est vue en force, en nombre, en module et harmonisation des modules pour créer les rythmes. Ce tableau exprime la joie de vivre, le besoin de chanter, de louer.
Le texte biblique
La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ?
Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.
Cor 10,16-17
Commentaires
Ce jour de la fête du Saint sacrement, il est proposé de lire une séquence latine composée par saint Thomas d’Aquin, c’est le « Lauda Sion ». C’est un superbe chant de louage, chef d’œuvre de la poésie dogmatique où saint Thomas expose avec splendeur et enthousiasme le dogme eucharistique de la Transsubstantiation, la conversion de la substance du le pain et du vin en celle du corps du Christ, sans que changent les espèces.
Sion, célèbre ton Sauveur,
Chante ton chef et ton pasteur
Par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser,
Car il dépasse tes louanges,
Tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie,
Il est aujourd’hui proposé
Comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène,
Il est bien vrai qu’il fut donné
Au groupe des douze frère
Louons-le à voix pleine et forte,
Que soit joyeuse et rayonnante
L’allégresse de nos coeurs !
C’est en effet la journée solennelle
Où nous fêtons de ce banquet divin
La première institution.
À ce banquet du nouveau Roi,
La Pâque de la Loi nouvelle
Met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre ancien le cède au nouveau,
La réalité chasse l’ombre,
Et la lumière, la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène,
Il ordonna qu’en sa mémoire
Nous le fassions après lui.
Instruits par son précepte saint,
Nous consacrons le pain, le vin,
En victime de salut.
C’est un dogme pour les chrétiens
Que le pain se change en son corps,
Que le vin devient son sang.
Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
Notre foi ose l’affirmer,
Hors des lois de la nature.
L’une et l’autre de ces espèces,
Qui ne sont que de purs signes,
Voilent un réel divin.
Sa chair nourrit, son sang abreuve,
Mais le Christ tout entier demeure
Sous chacune des espèces.
On le reçoit sans le briser,
Le rompre ni le diviser ;
Il est reçu tout entier.
Qu’un seul ou mille communient,
Il se donne à l’un comme aux autres,
Il nourrit sans disparaître.
Bons ou mauvais le consomment,
Mais pour un sort bien différent,
Pour la vie ou pour la mort.
Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
Vois : ils prennent pareillement ;
Quel résultat différent !
Si l’on divise les espèces,
N’hésite pas, mais souviens-toi
Qu’il est présent dans un fragment
Aussi bien que dans le tout.
Le signe seul est partagé,
Le Christ n’est en rien divisé,
Ni sa taille ni son état
N’ont en rien diminué.
Le voici, le pain des anges,
Il est le pain de l’homme en route,
Le vrai pain des enfants de Dieu,
Qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
Par Isaac en sacrifice,
Par l’agneau pascal immolé,
Par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
Ô Jésus, aie pitié de nous,
Nourris-nous et protège-nous,
Fais-nous voir les biens éternels
Dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
Toi qui sur terre nous nourris,
Conduis-nous au banquet du ciel
Et donne-nous ton héritage,
En compagnie de tes saints.
Amen.