En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Oeil pour œil, dent pour dent
Giotto (1267/68-1337), saint François donne son manteau à un pauvre, 1297-1299, basilique saint Francois d’Assise
« Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
La foi du chrétien ne l’isole pas du monde et de ce que vivent tous les hommes. Le Dieu auquel nous croyons est un Dieu qui aime tout homme, qui nous invite à vivre de son amour et à le partager.
Giotto réalisa les fresques représentant la vie de Saint François dans la basilique d’Assise a la fin du 13e siècle. On y apprécie la force et la liberté d’inspiration de Giotto.
Les fresques racontent la vie de saint François : la vocation, le renoncement aux biens de ce monde, le Latran qui croule, la rencontre avec le Sultan d’Égypte, le prêche aux oiseaux…
François rejette la vie à succès du monde, à toute richesse.. et va jusqu’à se dépouiller de son manteau le donnant à un chevalier pauvre et mal vêtu,.. qui est loin de paraître démuni !
Cette fresque, qui fut la première réalisée de l’ensemble du cycle, montre encore les caractères du début des œuvres de Giotto. La peinture est transparente et elle a des reflets presque métalliques qui confère aux rochers du paysage un effet semblable à celui du quartz.
François au centre, à la tête juvénile, auréolée, est vêtu d’une simple tunique grise, offrant un beau manteau orange au pauvre qui s’incline vers lui.
Les touches de couleurs sont délicates et se répondent dans l’ensemble de la fresque.
La courbe de l’encolure du cheval qui incline la tête jusqu’au sol accompagne le mouvement d’ensemble tout de simplicité et d’attention à l’autre.
Le texte biblique
Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.
Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.
À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !
Mt 5,38-42
Commentaires
Ce passage fait partie du discours sur la montagne. Jésus expose une série d’antithèses entre ce qui a été appris par les Anciens et ce que lui Jésus annonce. Il donne son véritable sens à la Loi et aux promesses prophétiques. Ici il s’agit de la loi du Talion (Ex 21,24) qui dans son véritable sens veut limiter la vengeance et mesurer la juste compensation d’une offense. Au 1er siècle on donnait à cette image de l’œil ou de la dent, une portée symbolique et on débattait davantage d’arrangements financiers ! Jésus, lui, propose une solution radicale, ne pas riposter au méchant.
Jésus appelle au dépassement de la Loi. « Tendre l’autre joue » n’est pas présenté comme un geste de soumission servile, mais une attitude visant à bousculer les états d’esprit de l’époque où l’on était bien sûrs qu’il faut répondre à la violence par la violence.
Jésus n’énonce pas une nouvelle loi d’Etat, mais une orientation pour ceux qui ont choisi les Béatitudes et qui savent bien que le coup rendu n’est pas une fin, mais le début d’une réaction en chaîne. Au contraire, donner son manteau désarme le violent.
L’exemple de la réquisition pour faire les mille pas vient du fait que la police romaine d’occupation demandait de la guider jusqu’au carrefour aiguillant vers le village suivant, et Jésus demande qu’on aille jusqu’au village même ! Enfin Jésus demande de ne pas se dérober à qui a simplement besoin de nous.
Ainsi Jésus invite à changer les rapports entre les hommes, à reconsidérer la compréhension du monde. Il présente, au-delà de tout ce que la Sagesse ou la Loi demandent, la nouveauté de la Loi du Royaume, de la Bonne Nouvelle qu’il est venu annoncer. Il prend l’initiative incroyable d’interpréter la Parole de Dieu.