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Centre d'enseignement de théologie à distance

Le témoignage de paques

Bartolomeo Cavarozzi ( vers 1590- 1625), le diner d’Emmaus, 1615-1625, musée Paul Getty

 

Bartolemeo Cavarozzi, appelé Crescenzi ou dei Crescenzi, nom de la maison du marquis de Crescenzi où il a vécu dans sa ville natale de Viterbe, est un peintre d’italien du 16/17e, spécialiste des sujets religieux.

 

Il est dans la lignée du caravagisme, tempéré par l’influence de Gentileschi, et se révèle ainsi comme un peintre sobre qui utilise l’éclairage artificiel pour mettre en valeur un dessin ciselé, de beaux reflets dans les draperies et des visages lourds et idéalisés. Ainsi il développe sa propre variante du caravagisme. Il aime aussi à représenter, avec talent, les objets au naturel, comme nombre de fruits, animaux et autre bizarreries qu’offrait la ville de Rome ! Son séjour en Espagne lui a apporté des grandes qualités pour rendre les couleurs et les matières.

 

Jésus se montre dans sa splendeur lumineuse rendue par le blanc et l’éclairage, à la fois irréel et humain par la nudité de son torse. Son geste est puissant et son regard est bienveillant. Doit-on croire ? se demandent les disciples. Tous sont attirés par lui, regards et postures des corps. La table du repas est richement garnie, occasion de montrer une superbe nature morte, fruits, carafes, pain. Le repas est bien réel, mais une présence plus profonde l’habite.

 

Le texte biblique

À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »

Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.

 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?

 Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »

Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.

 Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »

 Ils lui présentèrent une part de poisson grillé

qu’il prit et mangea devant eux.

 Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »

 Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.

Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,

 et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

À vous d’en être les témoins.

 

Lc 24,35-48

Commentaires

Jésus est ressuscité, il est entré dans sa gloire. Il se manifeste auprès de différents disciples qui ne peuvent le reconnaître que dans un acte de foi. Il est difficile de passer de l’incrédulité à la reconnaissance. Jésus est tout autre, on le prend pour un esprit. D’ailleurs les pélerins d’Emmaus l’ont longtemps pris pour un pèlerin anonyme. Et pourtant le Ressuscité n’est autre que le Crucifié. Il est le même que celui que les disciples ont connu. D’où cette scène qui illustre le fait que le Ressuscité  n’est pas un esprit sans corps, il le montre en mangeant.

 

Jésus commence par souhaiter la paix, un des bienfaits de son règne messianique. Mais les disciples sont terrorisés. Jésus les accuse même d’avoir en eux ces raisonnements pervertis (cf 5,22). Pour les convaincre Jésus leur offre une parole, un geste : il montre ses mains et ses pieds de crucifié, Jésus est bien de condition humaine. Les disciples sont dans la joie, mais ils refusent encore de croire et ils demeurent étonnés, ils ne peuvent croire. Jésus offre un second geste : il va manger avec eux. Il montre la réalité de sa résurrection.

 

Puis le Ressuscité prononce un nouveau discours qui mène à son terme la reconnaissance ; enifn il envoie en mission les Onze et leurs compagnons. Luc rappelle une fois de plus, que pour reconnaître le Ressuscité, il faut reconnaître que le dessein salvifique de Dieu s’est accompli dans la Pâque du Christ. Les disciples ont besoin d’une leçon d’exégèse à travers les Écritures. Comment réaliser que les Écritures parlaient de lui ? Quelles sont les Écritures qui annoncent que le Christ devait souffrir sa passion et entrer dans sa gloire ? Luc utilise sans cesse de façon typologique les grandes figures de l’Ancien Testament, Moïse, Élie, le serviteur du livre d’Isaïe, comme autant de modèles et de promesses auxquels Jésus vient de donner une forme de pleine réalisation. L’Écriture désormais se réalise.

 

La reconnaissance du Crucifié Ressuscité se réalise lorsqu’on saisit en profondeur le rapport entre les événements et le projet salvifique de Dieu.

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