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Centre d'enseignement de théologie à distance

Vivons notre carême avec le Pape François en méditant sur la pauvreté (4)

Confiance envers le Père, être Fils


El Greco, 1541-1614 , L’agonie dans le jardin de Gethsemani, 1590, National Gallery , Londres

Jésus est au centre, en prière, les yeux levés vers le ciel. Il voit un ange présentant les instruments de la passion. Il entretient une relation intense de prière angoissée mais confiante avec son Père ; les apôtres sont au loin dormant .

La richesse de Jésus, sa confiance envers son Père


La pauvreté du Christ qui nous enrichit, c’est le fait qu’il ait pris chair, qu’il ait assumé nos faiblesses, nos péchés, en nous communiquant la miséricorde infinie de Dieu. La pauvreté du Christ est la plus grande richesse : Jésus est riche de sa confiance sans limite envers le Père, de pouvoir compter sur Lui à tout moment, en cherchant toujours et seulement la volonté et la gloire du Père. Il est riche comme est riche un enfant qui se sent aimé et qui aime ses parents et ne doute pas un seul instant de leur amour et de leur tendresse.

La richesse de Jésus, c’est d’être le Fils ; sa relation unique avec le Père est la prérogative souveraine de ce Messie pauvre. Lorsque Jésus nous invite à porter son « joug qui est doux », il nous invite à nous enrichir de cette « riche pauvreté » et de cette « pauvre richesse » qui sont les siennes, à partager avec lui son Esprit filial et fraternel, à devenir des fils dans le Fils, des frères dans le Frère Premier-né (cf. Rm 8, 29).

On a dit qu’il n’y a qu’une seule tristesse, c’est celle de ne pas être des saints (L. Bloy) ; nous pourrions également dire qu’il n’y a qu’une seule vraie misère, c’est celle de ne pas vivre en enfants de Dieu et en frères du Christ.

Message du Pape François pour le carême 2014

Le texte biblique

Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.

Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »

Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant :

 « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »

Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.

 Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre.

Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse.

 Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »

 

Lc 22,39-46

Commentaires

Jésus sait que le Père ne l’abandonnera pas même dans les heures sombres.

« Dans ce drame de l’agonie de Jésus, de l’angoisse de la mort, de l’opposition entre la volonté humaine de ne pas mourir et la volonté divine qui s’offre à la mort, dans ce drame du Gethsémani, se réalise tout le drame humain, le drame de notre rédemption. Saint Maxime nous dit, et nous savons que cela est vrai :  Adam (et Adam c’est nous) pensait que le “non” était le sommet de la liberté. Seul celui qui peut dire “non” serait réellement libre; pour réaliser réellement sa liberté, l’homme devait dire  “non”  à Dieu ; ce n’est qu’ainsi qu’il pense être finalement lui-même, être arrivé au sommet de la liberté. Cette tendance était aussi contenue dans la nature humaine du Christ, mais il l’a surmontée, car Jésus a vu que le “non” n’est pas le sommet de la liberté. Le sommet de la liberté est le “oui”, la conformité avec la volonté de Dieu. Ce n’est que dans le “oui” que l’homme devient réellement lui-même; ce n’est que dans la grande ouverture du “oui”, dans l’unification de sa volonté avec la volonté divine, que l’homme devient immensément ouvert, devient “divin”. Etre comme Dieu était le désir d’Adam, c’est-à-dire être complètement libre. Mais l’homme qui se referme sur lui-même n’est pas divin, n’est pas complètement libre; il l’est en sortant de lui-même, c’est dans le “oui” qu’il devient libre ; et tel est le drame du Gethsémani:  non pas ma volonté, mais la tienne. C’est en transférant la volonté humaine dans la volonté divine que naît l’homme véritable et que nous sommes rachetés. »

Benoit XVI, audience générale du Mercredi 1er février 2012, sur Maxime le Confesseur (580-662

« Le Christ au moment de la passion salvatrice, alors qu’il imprimait réellement en lui notre vouloir, et que, comme l’homme, il demandait que s’éloigne de lui la mort, se montra comme ayant deux vouloirs.. Mais il n’y a pas d’opposition à Dieu dans le fait de lui adresser une supplication et de montrer délibérément sa faiblesse à travers l’angoisse de la chair, et de ne pas se raidir, en aucune façon, mais de dire : « si c’est possible… mais non ce que je veux mais ce que tu veux », et de lier ensemble l’angoisse et un mouvement fort et décidé devant la mort. Il imprimait réellement en lui ce qui était nôtre à travers l’angoisse de ce moment afin de nous libérer d’elle, de rendre l’assurance à la nature de la chair qu’il avait faite sienne, et de rendre l’économie pure de toute apparene docète. En un sens inverse, il amena directement le grand désir contre la mort qui était l’extrémité de sa volonté humaine, à entrer en cohésion et en communion avec le vouloir de son Père qui était le sien, en se décidant par ces mots : « que ta volonté se fasse et non la mienne ». Ecartant par cette dernière phrase la séparation des volontés et par la précédente la confusion entre elles. »

Maxime le Confesseur, in J.M. Garrigues, Maxime le confesseur. La charité, avenir divin de l ‘homme, Paris 1976



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