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Centre d'enseignement de théologie à distance

Saint Pierre marchant sur les eaux

Luis BORASSA  (1350-1424/5), Saint Pierre marchant sur les eaux  (1411-13) ;  église St Pierre, Tarrasa (près de Barcelone)

En 1377 le pape Grégoire IX revint à Rome et le magnifique palais d’Avignon  fut abandonné, mais  il continua à servir de lieu où les peintres se formaient ; ainsi l’art gothique se répandit peu à peu dans toute l’Europe. C’est en Avignon que Luis Borrossa découvrit l’art gothique, aux environs des années 1400.
Cette peinture provient de l’église sainte Marie de Terrassa : elle illustre le récit de l’évangile de  Matthieu : Jésus marchant sur les eaux du lac de Galilée. On y voit les disciples en train de pêcher dans leur barque, les filets encore à l’eau. Jésus les rejoint marchant sur les eaux et appelle Pierre. On voit Pierre qui veut rejoindre son  Seigneur mais qui sombre dans l’eau transparente, élégamment dessinée par de fines ondes agitées par le vent ;même un coquillage flotte. Pierre manifeste sa peur en suppliant Jésus d’un regard intense et Jésus le prend par la main pour le sauver de son doute et de son manque de foi.
Le visage et les gestes du Christ sont magnifiques, mais ceux de Pierre et des disciples sont encore stéréotypés, leur taille sont différenciées comme c’était le cas dans les peintures religieuses précédentes. Le traitement du pêcheur qui rame prouve le sens de l’observation du peintre  et sa capacité à rendre le réel.
Ainsi ce tableau d’autel manifeste la transition entre les techniques anciennes et le gothique international. La technique de la couleur est byzantine tandis que  la manière découper le bateau en oblique, les différences de tailles des personnages de l’arrière plan donne un réel sentiment de perspective.
La façon dont Pierre s’enfonce dans l’eau rend la scène dramatique et l’accent est mis sur la relation entre Pierre et Jésus.

Le texte biblique

Aussitôt après avoir nourri la foule, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule.
Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier.
Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre.
Voyant qu’ils se débattaient avec les rames, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il allait les dépasser.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples crurent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris, car tous l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! »

Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient complètement bouleversés de stupeur, car ils n’avaient pas compris la signification du miracle des pains : leur cœur était aveuglé.

Marc 6, 45-52

Commentaires

Cet épisode suscite la curiosité. Il donne l’impression d’un prodige réalisé par Jésus, mais sous des images fortes, Marc montre  l’expérience de la foi chrétienne.

Jésus rompt avec violence avec la foule galiléenne qu’il vient de rassasier par la multiplication des pains. Marc précise qu’il oblige ses disciples à s’embarquer sans lui pour le précéder « sur l’autre rive ». Bethsaïde est située à l’est du Jourdain et sert de frontière entre Israël et le territoire des  païens. Les disciples se montrent réticents à gagner cette zone païenne inhospitalière. Jésus les force donc à prendre le large et à se tourner délibérément vers la mission auprès des païens .

 Il peut alors se retirer seul sur la montagne pour prier. Cette prise de distance par rapport aux hommes et son rapprochement de Dieu laissent augurer un événement décisif.

Le soir venu, les disciples se retrouvent isolés en mer, Marc souligne l’absence de Jésus. La nuit tombe, une rude aventure se prépare, la mer fait peur, elle recèle les forces du mal et de la mort pour le monde juif.

Mais Jésus va intervenir dans la tempête, au moment où tout fait craindre le naufrage des disciples.  Jésus vient à eux de manière mystérieuse. Ses pas foulent les flots, ce qui est un pouvoir réservé à Dieu dans la Bible : lui seul peut dompter les forces du mal et de la mort.

 Il y a ici une évocation de la résurrection. La réaction des disciples rejoint le doute dont ils seront assaillis lors des apparitions de Jésus ressuscité. S’agit-il d’un fantôme ? Ils sont saisis de stupeur et d’effroi.

Jésus se fait connaître , « c’est moi », expression très forte en grec, car elle peut aussi bien être comprise comme le « Je suis » de Dieu qui se révèle au mont Sinaï.

La tempête s’apaise grâce à cette assurance divine. Les disciples ne comprennent pas, ils tremblent.

Comme la tempête apaisée, la marche sur les eaux montre la certitude qui habite l’Eglise dans les moments troublés et incertains de son histoire : son Seigneur vient à sa rencontre pour lui tendre la main et la sauver.adversités qu’elle traverse : le Christ vient à son secours.

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