En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
François chasse les démons

Giotto di Bondonne (1267- 1337), François chasse les démons de la ville d’Arezzo, fresque de la basilique supérieure saint François, Assise (1290)
La peinture du peintre italien Giotto sont à l’origine du renouveau de la peinture occidentale de la pré-renaissance.
Il réalisa des fresques à Florence, basilique Santa Croce, à Assise, basilique saint François d’où vient notre fresque ,et à Padoue chapelle des Scrovegni dans l’église de l’Arena.
Les murs de l’église supérieure de la basilique d’Assise sont couverts des magnifiques fresques allégoriques de Giotto sur la vie de saint François d’Assise en 28 panneaux.
Depuis le 11e s’était diffusé en Occident l’usage de peindre des épisodes isolés de la vie ou des miracles d’un saint sur les murs de l’église où étaient conservées ses reliques. A Assise les fresques de la Légende de saint François constituèrent à l’époque un phénomène dans le domaine des arts figuratifs appliqués à la dévotion. Elles sont inspirées par la biographie officielle rédigée par saint Bonaventure : il a divisé la vie du saint en 87 épisodes, et 28 ont été sélectionnées pour la narration picturale.
Pour la fresque que nous regardons aujourd’hui, l’action se situe au cours de la guerre civile à Arezzo : François aperçoit les démons au-dessus de la ville et appelle un frère, Sylvestre, « qui avait une simplicité de colombe » pour les chasser : « va te poster face aux portes de la ville.. et en vertu de l’obéissance commande aux démons de la part du Dieu tout-puissant, de décamper à toute vitesse [..] il s’exécute et crie à tue-tête : « démons, de la part de Dieu tout puissant et par ordre de son serviteur François, déguerpissez tous d’ici ! »
L’image est dominée par l’architecture de la ville, séparée du reste du monde par une fissure dans la terre et par l’église. La ville est décrite dans un enchevêtrement coloré de maisons, de tours et de belvédères.
François est à genou en profonde méditation . Sa force semble passer au frère Sylvestre qui d’un geste autoritaire en direction de la ville fait fuir les démons et les citoyens peuvent retourner à leurs affaires en paix. Ils arrivent par les portes de la ville.
Ces fresques inaugurent une manière de peindre nouvelle, appuyée sur l’observation de la nature, la précision expressive des attitudes et des traits, rompant ainsi avec la tradition byzantine.
Le texte biblique
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
Marc 9,38-40
Commentaires
Les Douze réagissent vivement contre un exorciste qui n’est pas un disciple direct de Jésus. Guérir au nom de Jésus n’est-il pas réservé à ceux qui suivent Jésus ? Jésus répond sans embage : ne l’empêchez pas… il n’y a pas d’exclusivité en dehors des Douze.
Là est posée la question de l’action du Christ en dehors des frontières visibles de l’Eglise, question bien actuelle. Quelqu’un qui n’est pas disciple agit pourtant au nom de Jésus.
L’exorciste présenté ici, n’est pas disciple de Jésus, mais se sert du nom de Jésus pour chasser les démons. Le cas devait être fréquent au 1er siècle. Rappelons-nous les exorcistes juifs que Paul rencontre à Éphèse et adjurent les esprits mauvais « par ce Jésus que Paul annonce » (Ac 19,13). Mais ce cas peut être transposé dans d’autres domaines. Que faire si quelqu’un sans être disciple, agit au nom du Christ ? Jésus répond que personne ne peut agir avec la puissance du Christ et aussitôt après mal parler de lui.
Marc souligne le lien entre l’action de Jésus et la parole sur Jésus. Il y a donc possibilité de l’une et de l’autre même en dehors de l’appartenance au groupe des disciples du Christ. Mais en même temps la parole sur Jésus, la foi au Christ, permet d’opérer le discernement.
La conclusion « celui qui n’est pas contre nous est pour nous. » est profondément optimiste. Elle condamne la réaction de Jean qui pourrait se montrer sectaire. Elle invite à faire confiance à l’action de Dieu. Si l’oeuvre des hommes vient de Dieu, elle ne peut pas être détruite.
Juste avant (au verset 35 : « Jésus s’assit et il appela les Douze ; il leur dit : ” Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. “ ) Jésus demande aux disciples d’être des serviteurs. La réaction de Jean et des disciples est une réaction de dominateurs. Ils veulent accaparer la puissance du Christ. Jésus rappelle les siens au souci d’ouverture envers le frère. La consigne est à l’accueil le plus large possible de ceux qui ne sont pas notoirement des adversaires. Dans la phrase suivante Jésus va encore plus loin avec l’exemple du verre d’eau : « Quiconque vous donnera à boire un verre d’eau parce que vous appartenez au Christ, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense. » Le moindre acte de charité fait par un adversaire en faveur d’un chrétien, même en contexte hostile, le Christ s’en souviendra le jour du Jugement.