En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Pierre et Jean à la Belle Porte
Guérison d’un infirme à la Belle Porte, vitrail de la primatiale saint Jean Baptiste – saint Étienne de Lyon, chœur vitrail du Sud Est, 13e.
La cathédrale de Lyon a été fondée par saint Pothin et saint Irénée, évêques qui venaient de Smyrne, envoyés par saint Polycarpe, qui était lui-même un disciple de saint Jean l’Evangéliste. . La ville de Lyon a connu très tôt des martyrs (comme saint Pothin ou sainte Blandine). Dès le 5e siècle plusieurs églises ont été construites sur les bords de la Saône. La construction de la cathédrale actuelle a débuté au 12e. Elle a subi beaucoup de dommages au cours des siècles, notamment au cours de la dernière guerre.
Les vitraux anciens de la cathédrale ont naturellement beaucoup souffert du temps et certaines réparations ont entraîné la disparition complète de beaucoup de vitraux.
Les vitraux les plus anciens et le mieux conservés sont ceux de la chapelle absidiale. Ils doivent dater du 13e. Deux fenêtres illustrent la vie de saint Jean et de saint Polycarpe
Notre panneau en fait partie de la fenêtre sud est. Y est représenté en raccourci l’histoire de saint Jean l ‘Évangéliste. On voit ici la guérison par Pierre et Jean, guérissant le boiteux à la porte du temple.
Pierre et Jean, auréolés, s’approchent de l’infirme grabataire, couché au sol, deux béquilles à côté de lui. Ils sont devant l’entrée du temple. L’apôtre bénit de la main, les yeux levés au ciel représenté par une demi cercle au-dessus de la scène, manière fréquente de représenter la présence de Dieu. Leurs vêtements sont de couleurs vives, comme ceux des personnes qui sont derrière eux, ou ceux du jeune homme qui semble vouloir aider l’infirme.
Le malade, émacié, est vêtu d’une pauvre tunique de couleur terne, qui le couvre à peine ; il regarde intensément Pierre.
Le temple est représenté à l’arrière comme une cathédrale du Moyen Age !
Le texte biblique
A l’heure de la prière de l’après-midi, Pierre et Jean montaient au Temple.
On y amenait justement un homme qui était infirme depuis sa naissance ; on l’installait chaque jour au Temple, à la « Belle-Porte » pour demander l’aumône à ceux qui entraient.
Voyant Pierre et Jean qui allaient pénétrer dans le Temple, il leur demanda l’aumône.
Alors Pierre fixa les yeux sur lui, ainsi que Jean, et il lui dit : « Regarde-nous bien ! »
L’homme les observait, s’attendant à recevoir quelque chose.
Pierre lui dit : « Je n’ai pas d’or ni d’argent ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. »
Le prenant par la main droite, il le releva, et, à l’instant même, ses pieds et ses chevilles devinrent solides.
D’un bond, il fut debout, et il marchait. Il entra avec eux dans le Temple : il marchait, bondissait, et louait Dieu.
Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu.
On le reconnaissait : c’est bien lui qui se tenait, pour mendier, à la « Belle-Porte » du Temple. Et les gens étaient complètement stupéfaits et désorientés de ce qui lui était arrivé.
Actes 3,1-10
Commentaires
Ce récit illustre la pratique puissante des apôtres. Luc qui a déjà écrit nombre de miracles dans son Évangile, veut montrer que, revêtus de la puissance de l’Esprit saint, les apôtres poursuivent la pratique libératrice de Jésus, les guérisons étant des signes concrets du salut qu’ils annoncent.
On remarque qu’il n’y a pas de rupture entre la jeune communauté chrétienne et les habitudes religieuses juives. Pierre et Jean représentent tout le groupe apostolique
L’infirme qui mendie à la porte du Temple, est là de manière habituelle : il donne l’occasion aux juifs pieux qui montent au Temple l’occasion de pratiquer l’aumône, l’une des trois « bonnes œuvres » demandées aux fidèles avec la prière et le jeûne.
La belle porte est sans doute la porte orientale de la ville située face au portique de Salomon. Elle séparait la cour des païens de la cour des femmes. Elle était interdite aux non juifs et à divers exclus, comme les boiteux et les aveugles. Donc notre infirme doit rester « à la porte ».
Plusieurs jeux de regards sont décrits dans ce texte :
– le mendiant regarde les apôtres qui ne sont pour lui que deux fidèles comme les autres.
– Pierre fixe les yeux sur l’infirme et lui donne l’ordre de les regarder. Pierre veut établir une relation personnelle entre eux deux, ce que ne font pas d’ordinaires les fidèles pressés
– alors l’infirme les observe, attendant sans doute une aumône exceptionnelle
Mais Pierre le déçoit, il n’a pas d’argent, il a une autre richesse, : ce qu’il a, c’est la foi au nom de Jésus ; la certitude que le Seigneur ressuscité peut encore aujourd’hui guérir ceux qui reçoivent sa Parole. Cette foi il veut la partager avec l’infirme et lui ordonne : « lève toi et marche ». Comme dans les récits évangéliques Pierre le fait se lever, (même verbe que pour la résurrection) , et l’effet a lieu à l’instant même. L’homme guéri loue Dieu, tous les assistants sont hors d’eux mêmes et remplis de crainte à la vue de ce qui s’est passé.
L’infirme est totalement transformé, il ne sera plus passif et dépendant des autres, il devient capable d’autonomie et d’initiative. Il peut désormais passer la porte et dans le temple exprimer à Dieu sa reconnaissance. Tout le peuple se rassemble autour de lui et les apôtres. La situation est semblable à celle du jour de la Pentecôte. Et Pierre en profitera pour proclamer la Bonne Nouvelle !