En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
carême : année de la foi : le credo (5) : « je crois en Jésus Christ son fils unique »
Chios, église Nea Moni, la descente aux limbes , milieu 11e
Le monastère Nea Moni est un édifice d’époque byzantine, fondé et décoré entre 1042 et 1048 par l’empereur byzantin Constantin IX où trois ermites avaient découvert une icône de la Vierge.
Le « catholicon » situé au centre du monastère, comprend une église principale somptueusement décoré de marbre et de mosaïques réalisés par des artistes byzantins.
Ces dernières sont faites de pierres et de verre multicolores et naturels, et sont caractéristiques de l’art austère byzantin de cette époque. Beaucoup de destructions ont été dues à un tremblement de terre en 1881 et d’importantes restaurations ont été entreprises.
Les sujets traités sont en nombre limité : à coté du Pantocrator (détruit), de la Vierge Orante et d’une série peu développée d’images d’anges et de saints, on n’y trouve que quatorze scènes qui toutes sont empruntées au récit évangélique et en évoquant les principaux événements de puis l’Annonciation jusqu’à la Pentecôte.
La descente aux limbes montre le goût des couleurs vives de l’artiste.
C’est toute une gamme de bleu qui décrit le Christ : bleu foncé des cheveux, bleu sillonné d’or de son costume, mauve de la croix que le Christ tient dans la main.
La carnation du Christ, de type oriental, est très claire , qui contraste avec les contours rouges et bruns des bras. Tout est très étudié : soit juxtaposition de nuances d’un même ton, soit juxtaposition de couleurs franchement heurtées.
Au centre, le Christ, imposant, victorieux, tenant la croix de la main, arrache des Enfers Adam et Eve dont les traits sont très expressifs.
A gauche sont présentés les rois bibliques, David et Salomon, et d’autres justes de l’Ancien Testament. Ils sont ressuscités. Les couleurs sont la encore vives, bleus, verts, rouges, blanc et or se mêlent harmonieusement.
La vivacité du mouvement du Christ souligne le ton dramatique de la scène.
Le paysage est évoqué par les contours de collines de part et d’autre de la scène.
Le texte biblique
Alors Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d’une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire.
Non, ces gens-là ne sont pas ivres comme vous le supposez, car il n’est que neuf heures du matin.
Mais ce qui arrive, c’est ce que Dieu avait dit par le prophète Joël :
Il arrivera dans les derniers jours, dit Dieu,que je répandrai mon Esprit sur toute créature :vos fils et vos filles deviendront prophètes,vos jeunes gens auront des visions,et vos anciens auront des songes
Même sur mes serviteurs et sur mes servantes,je répandrai mon Esprit en ces jours-là,et ils seront prophètes.
Je ferai des prodiges en haut dans le ciel,et des signes en bas sur la terre,du sang, du feu, une colonne de fumée.
Le soleil se changera en ténèbres,et la lune sera couleur de sang,avant que vienne le jour du Seigneur,grand et manifeste.
Alors, tous ceux qui invoqueront le Nom du Seigneur seront sauvés.
Hommes d’Israël, écoutez ce message. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien.
Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens.
Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
En effet, c’est de lui que parle le psaume de David :Je regardais le Seigneur sans relâche,s’il est à mon côté, je ne tombe pas.
Oui, mon cœur est dans l’allégresse,ma langue chante de joie ;ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
tu ne peux pas m’abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption.
Tu m’as montré le chemin de la vie,tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu’il est mort, qu’il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous.
Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants.
Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas connu la corruption.
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.
Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous : c’est cela que vous voyez et que vous entendez.
David, lui, n’est pas monté au ciel, bien que le psaume parle ainsi :Le Seigneur a dit à mon Seigneur :Siège à ma droite,
tes ennemis, j’en ferai ton marchepied.
Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ. »
Ac 2 ,14-36
Commentaires
« Que Dieu est Père signifie du même coup qu’il a un enfant. Créatures éphémères, nous ne sommes pas, nous, cet enfant que Dieu doit avoir pour être nommé Père. Nous sommes des milliards, et personne d’entre nous ne jouit de la durée qui, même seulement de loin, serait comparable à celle de Dieu. Non ; pour s’appeler Père, un Père qui se donne éternellement, Dieu doit avoir un « unique » Fils, un « unique-engendré ». (Nous le nommons Fils et non pas Fille parce que c’est comme un homme qu’il apparaitra dans le monde – et cela, afin de représenter pour nous l’autorité de la féconde Origine paternelle.)
[…]
« Descendu aux enfers ». Naturellement, car la mort « est suivie des enfers » (Ap 6,8), dont la désolation nous est si réalistement décrite par les Psaumes. C’est comme un mort humain que le Fils est descendu chez les morts, et non pas comme un victorieux-vivant, portant une oriflamme de Pâques, à la manière dont, projetant à l’avance la Résurrection dans le Vendredi-Saint, les icônes orientales le représentent. L’Église a interdit de chanter l’Alléluia ce jour-là. Et pourtant le nouveau mort est différent de tous les autres. Il est mort par pur amour, par amour humano-vivant ; mieux : sa mort était la plus importante mise en acte de cet amour, et l’amour est ce qu’il y a de plus vivant. Ainsi, le fait de connaître effectivement l’état de mort – et cela veut dire : perte de tout contact avec Dieu et avec les frères en humanité (qu’on relise les psaumes) – est-il aussi un acte de son amour le plus vivant.
Ici, dans la plus extrême solitude, cet amour est annoncé aux morts ; plus que cela même : il leur est partagé (1 P 3,19). L’action de salut qu’est la Croix ne valait pas, et de loin, pour les seuls vivants ; elle inclut aussi en elle tous ceux qui sont morts avant ou après elle. Aussi, depuis cette mort a-t-elle reçu une toute autre signification ; elle peut devenir pour nous l’expression de notre plus pur et de notre plus vivant amour, si nous l’acceptons comme l’occasion qui nous est donnée de nous remettre sans réserve entre les mains de Dieu. Elle est, alors, non seulement réparation pour tout ce que nous avons manqué mais, au-delà de cela, gain, pour d’autres, de la grâce de quitter leur égoïsme et de choisir l’amour comme leur attitude la plus intime.
A partir du Vendredi Saint, la mort devient purification. Ce jour-là, le Seigneur mort ouvrit un chemin pour sortir de l’éternelle perdition et aller vers le ciel :le feu qui purifie les morts pour les ouvrir à l’amour. Dans l’Ancienne Alliance, cela n’existait pas ; pour tous, il n’y avait que le Sheol, le lieu de l’être-mort. Descendant dans ce lieu, le Christ a ouvert l’accès au Père.
Urs von Balthasar, Credo, ed. Nouvelle cité,1992