En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
carême : année de la foi : le credo (3) : « je crois »
Cathédrale de Monreale, Sicile , Pierre sauvé des eaux par Jésus, 12e siècle
La cathédrale de Monreale a été construite de 1172 à 1176, sous Guillaume II qui domine la Sicile à cette époque. Cette cathédrale, royale et monastique à la fois, est un parfait exemple de style arabo-normand byzantin.
Les murs et les sols sont recouverts de marbre dans leur partie inférieure dans le style islamique et la partie supérieure est entièrement recouverte de mosaïques byzantines sur fond d’or. Elles furent exécutées de 1179 à 1182 par des artistes locaux et d’autres venus de Constantinople. Elles couvrent en 130 panneaux une superficie totale de 6 340 m2 pour raconter des scènes de l’Ancien et Nouveau Testament à des fidèles qui pour la plupart à cette époque ne savaient ni lire ni écrire.
L’iconographie de chaque scène reste conforme aux motifs en vigueur dans l’empire byzantins.
Ce qui caractérise ces mosaïques c’est essentiellement le dynamisme, les mouvements vifs, les attitudes véhémentes et dramatiques, des drapés bouillonnants comme des vagues grondantes soulevées par un vent de tempête.
Le dessin est d’une souplesse et d’une fluidité remarquables.
Les coloris se répondent pour tenir compte de l’ensemble, en évitant les contrastes de couleurs. L’emploi abondant des taches de lumière contribue à la suggestion du volume des corps que l’on voit s’accuser sous les vêtements.
Dans cette scène de Jésus marchant sur les eaux, on voit Jésus s’approcher de la barque de ses disciples au cœur de la tempête. Pierre veut aller à la rencontre de Jésus, mais sa foi lui manque, et il est sur le point de se noyer… Jésus le sauve. Les vagues fouettent la barque dramatiquement. Elles vont s’apaiser.
Le texte biblique
Jésus s’en alla avec ses disciples vers les villages situés dans la région de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il les interrogeait : « Pour les gens, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. »
Il les interrogeait de nouveau : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prend la parole et répond : « Tu es le Messie. »
Il leur défendit alors vivement de parler de lui à personne.
Et, pour la première fois, il leur enseigna qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.
Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches.
Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. »
Commentaires
Continuons notre réflexion sur le credo. Il commence par « je crois », notre chemin de foi.
Saint Thomas d’Aquin (v 1224-1274) commence ainsi son commentaire sur le credo :
1. – La foi est le premier bien nécessaire au chrétien. Sans elle, personne ne mérite le nom de chrétien fidèle. La foi produit quatre biens
– Premièrement c’est par la foi que l’âme est unie à Dieu. Par elle, en effet, l’âme chrétienne contracte avec Dieu une sorte de mariage, conformément à cette parole du Seigneur à Israël (Osée, 2, 22) : Je t’épouserai dans la foi.
Aussi, lors de la réception de son baptême, l’homme confesse-t-il d’abord sa foi, en réponse à la question qui lui est posée : ‘croyez-vous en Dieu ?’ La raison en est que le baptême est d’abord le sacrement de la foi. Le Seigneur lui-même le dit (Marc 16, 16) : ‘Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé’. Car sans la foi le baptême est inutile. Aussi il faut le savoir sans la foi, nul n’est agréable à Dieu, comme l’Apôtre le déclare aux Hébreux (11, 6) : Il est impossible, sans la foi, de plaire à Dieu. C’est pourquoi saint Augustin dans son commentaire de cette parole (Rom. 14, 23) : ‘tout ce qui ne procède pas de la foi est péché’, écrit : « Là où fait défaut la connaissance de la vérité immuable et éternelle, il n’y a pas de vertu véritable. »
2 – Le second bien produit par la foi, c’est de commencer en nous la vie éternelle. Car la vie éternelle n’est rien d’autre que de connaître Dieu, selon la parole du Seigneur (Jean 17, 3) : La vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent vous, le seul vrai Dieu.
Cette connaissance de Dieu qui s’inaugure ici-bas par la foi atteindra sa perfection dans la vie future, où nous le connaîtrons tel qu’il est. Aussi est-il écrit dans l’épître aux Hébreux (11, 1) : La foi est la substance des réalités espérées. Personne donc ne peut parvenir à la béatitude éternelle, qui consiste à connaître Dieu véritablement, si d’abord il ne le connaît par la foi. Aussi le Seigneur déclare-t-il (Jean 20, 29) : Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru.
3 – Le troisième bien opéré par la foi, c’est de diriger la vie présente. L’homme en effet, pour bien vivre, a besoin de savoir ce qui est nécessaire pour mener une vie vertueuse ; et s’il devait apprendre par l’étude toutes les choses nécessaires pour bien vivre, l’homme ne pourrait pas y parvenir ou bien il n’y parviendrait qu’au bout d’un temps considérable. Or précisément, la foi enseigne tout ce qu’il faut savoir pour vivre sagement. Elle nous apprend en effet l’existence du Dieu unique, elle nous révèle que Dieu récompense les bons et punit les méchants, qu’il existe une autre vie, et autres choses semblables. Ces connaissances nous incitent suffisamment à faire le bien et à éviter le mal. Mon juste, dit en effet le Seigneur (Habacuc, 2, 4) vit par la foi. Et cela est si manifeste qu’aucun philosophe, avant l’avènement du Christ, par tous ses efforts, ne put en savoir autant sur Dieu et les vérités nécessaires à la vie éternelle, qu’une vieille femme après l’avènement du Christ au moyen de sa foi. C’est pourquoi le prophète Isaïe a écrit (11, 9) : la terre a été remplie de la connaissance de Dieu.
5. – IV. La foi produit un quatrième bien, à savoir la victoire sur les tentations, comme le déclare l’épître aux Hébreux (11, 33) : Les saints, par la foi, ont vaincu des royaumes. La vérité de cette assertion est manifeste, car toute tentation vient soit du diable, soit du monde, soit de la chair. Le diable en effet nous tente pour nous empêcher d’obéir à Dieu et de nous soumettre à lui. Or, c’est par la foi que nous repoussons la suggestion du malin, car, par elle, nous savons que Dieu est le Maître de tout et donc que nous lui devons obéissance. Aussi saint Pierre déclare-t-il (1. 5, 8) : Votre adversaire, le diable, est là qui rôde, cherchant qui dévorer, résistez-lui, fermes dans la foi.
Quant au monde, il nous tente en nous séduisant par ses biens, et en nous terrifiant par ses adversités. Mais la foi nous donne de triompher de ses assauts, en nous faisant croire à la réalité d’une vie meilleure que la vie présente. Voilà pourquoi, grâce à la foi, les prospérités de ce monde, nous les méprisons, et ses adversités, nous ne les redoutons pas, comme l’écrit saint Jean (1. 5, 4) : La victoire qui nous rend vainqueurs du monde, c’est notre foi, et la foi nous donne également la victoire en nous enseignant qu’il y a des maux pins grands : ceux de l’enfer.
Enfin, la chair, elle aussi, nous tente en nous entraînant vers les délectations passagères de la vie présente. Mais la foi nous montre que par ces délectations, si nous nous y attachons indûment, nous perdons les délices de l’éternité.
Aussi l’Apôtre nous donne-t-il cet avertissement (Ephes, 6, 16) : Tenez toujours en main le bouclier de la foi.
Ce que nous venons de dire, touchant les biens produits en nous par la foi, nous montre clairement sa très grande utilité.
Sermons donnés à Naples, carême 1273