En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
AVENT 2012, avec Isaïe et les annonces de l’Ancien Testament : 1- Isaïe, la Jérusalem des derniers temps, capitale de la paix
Frères Limbourg, (1380-1416) Très belles heures de Notre Dame, Adoration de la Trinité, la création, vers 1405, Bibliothèque Nationale
Les très belles heures de Notre Dame est un manuscrit commandé par le duc Jean de Berry en 1389. Sa réalisation a été élaborée en plusieurs fois. Vers 1405 les frères de Limbourg ont été engagés pour l’exécution de plusieurs enluminures destinées à remplir des blancs qui n’avaient pas été remplis. Cette enluminure a été réalisée à l’intérieur d’un encadrement ligné du 14es.
Elle représente l’Adoration de la Trinité : en bas de page, il y a la Création et dans l’initiale, la création d’Eve à partir du côté d’Adam. Des séraphins furent rajoutés dans la marge et les frères Limbourg supprimèrent une partie du haut de l’encadrement pour accroitre l’espace pictural où figure la Trinité.
Ainsi le Duc acheva, de moins en partie, un projet qui avait traîné en longueur et il a pu ainsi mettre à l’épreuve le talent des Limbourg, maintenant qu’ils n’étaient plus liés à son frère récemment disparu. Ils ont été appréciés puisqu’il leur demanda d’exécuter les Belles Heures
Cette page fait partie d’un folio consacré à des prières à la Trinité et au chœur des anges. La Trinité représentée dans sa version Trône de Grâce, (Dieu tenant la croix du Jésus, et une colombe pour signifier l’Esprit Saint) est représentée au dessus d’une montagne dont les rochers en spirale montent vers le ciel. À droite une ville édifiée sur une montagne encore plus haute. Un chemin sinueux s’élève jusqu’aux remparts.
Quatre vieillards adorent le Dieu trinitaire. Ils ont des tenues différentes et représentent les peuples du monde. Ils figurent comme des « pèlerins » (même motif utilisé dans une autre miniature représentant un groupe de personnes au départ d’un voyage), ils se dirigent vers la montagne et sont en adoration devant la Trinité, devant Dieu qui, par son Fils et l’Esprit Saint, enseigne les chemins du Royaume.
Le texte biblique
Le prophète Isaïe a reçu cette révélation au sujet de Juda et de Jérusalem :
Il arrivera dans l’avenir que la montagne du temple du Seigneur sera placée à la tête des montagnes et dominera les collines. Toutes les nations afflueront vers elle,
des peuples nombreux se mettront en marche, et ils diront : « Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers. Car c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur. »
Il sera le juge des nations, l’arbitre de la multitude des peuples. De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entraînera plus pour la guerre.
Venez, famille de Jacob,marchons à la lumière du Seigneur.
Isaïe 2,1-5
Commentaires
La révélation donnée à Isaïe est selon le texte hébreu une parole qu’a vue le prophète, Dieu fait voir au prophète ce que les autres ne voient pas. L’auteur du livre d’Isaïe exprime ici une révélation sur l’avenir, et prononce un oracle de salut.
La Jérusalem céleste dénoncée comme prostituée dans la vision décrite au chapitre 1, sera rendue à la splendeur première, celle de son Dieu.
Isaïe pense que le roi, messie consacré de Dieu, et Sion, ville choisie par Dieu, bénéficient d’une protection et d’une faveur unique et inaltérable de la part de Dieu. Cela représente aussi bien une promesse qu’un appel qui tous deux traversent le livre de part en part.
Isaïe voit donc l’avenir comme la réalisation de la vocation la plus profonde de Jérusalem. La colline du Temple sera bien la montagne magnifique et fière entre toutes, parce Dieu y réside. Vers Lui, donc vers elle, afflueront toutes les nations.
Le chemin est ouvert à tous les peuples, tous pourront partager le projet de Dieu et son alliance.. toute l’humanité est concernée par cette marche vers Sion ; cette marche devient une image merveilleuse de paix universelle, de fin de toute guerre, qui a traversé les siècles.
C’est la maison de Jacob qui est héritière de ces promesses. L’appel à cette marche est exprimée à la première personne du pluriel, « marchons à la lumière du Seigneur ». il ne s’agit pas d’un appel extérieur mais d’un appel déjà reçu et répété de l’un à l’autre comme le chemin désormais accepté ensemble. Ainsi résonne dans ce début du livre le chant de la guérison de Sion qui s’inscrit dans la droite ligne de l’ensemble du livre d’Isaïe.