En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Annonce de grands bouleversements
Nicolas Poussin,1594- 1665 la destruction du temple de Jérusalem , 1625-26, Musée de Jérusalem
Nicolas Poussin a traduit l’immense catastrophe de la destruction du temple de Jérusalem par les Romains en 70 ap.J.C., en montrant deux aspects de l’évènement, le temple dévoré par les flammes et la panique et les luttes des spectateurs avec Titus sur son cheval blanc maîtrisant du bras tendu la situation.
La scène est basée sur les écrits de Flavius Josephe, La guerre juive : « Tandis que le Temple brûlait, les soldats ravirent tout le butin qu’ils trouvèrent et massacrèrent en foule ceux qui furent surpris, sans pitié pour l’âge, sans respect pour ce qui en était digne : enfants et vieillards, laïques et prêtres, étaient également mis à mort ; la guerre enveloppait tout le monde, les suppliants avec les combattants. Le crépitement des flammes déchaînées se mêlait aux gémissements de ceux qui tombaient »
Poussin rend la brutalité de l’évènement par des coups de lumière parmi les combattants, la lumière éclaire la croupe du cheval de Titus comme son bras tendu dans le coin en bas à gauche, et se diffuse par lambeaux à partir de là.
Tout est mis en œuvre pour traduire le caractère dramatique de l’évènement, coups portés, vaisselles du temple qui volent ! On se souvient de la prise du chandelier à 7 branches représenté sur l’arc de Titus à Rome.
Poussin montre le temple de Jérusalem comme un temple classique et il prend modèle sur le Panthéon. Il place la scène dans une ville romaine ! Les soldats portent des vêtements romains. La représentation de Titus est inspirée de la statue de Marc Aurèle sur le Capitole.
Est-ce la Fin annoncée… ?
Le texte biblique
Certains parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit :
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela va se réaliser ? »
Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom en disant : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux !
Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume.
Il y aura de grands tremblements de terre, et çà et là des épidémies de peste et des famines ; des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel.
Luc 21,5-11
Commentaires
Voilà le deuxième discours apocalyptique de Jésus, le premier étant relaté au chapitre 17,22-35, à la fin de son voyage vers Jérusalem. Jésus est maintenant devant le Temple, donc il s’adresse à un large public.
Son discours est énigmatique, pourquoi « révéler » les évènements de la fin, qui accompagnent le basculement du monde ancien, le notre vers un monde nouveau ?
Jésus annonce de grands bouleversements, et en même temps il met en garde contre les faux messies et contre les annonces prématurées et catastrophiques de la fin. Jésus dit bien qu’il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin.
Dans la Bible une conviction fondamentale est bien enracinée : l’histoire des peuples n’est pas absurde, car Dieu la conduit vers un but soigneusement préparée : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, La mort ne sera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien a disparu » (Ap 21, 3-4). voilà le salut ultime, éternel de l’histoire de l’humanité.
A la suite de Marc, Luc médite sur les événements de la chute de Jérusalem. Il veut montrer qu’il ne s’agit pas de la fin des temps et de la venue du Royaume annoncées par Jésus. Dans ce discours, Jésus commence son enseignement par une belle description du Temple, avec ses richesses inouïes tel qu’il a été restauré par Hérode le Grand à partir de 20 av JC. Jésus prédit donc la destruction du Temple et ses auditeurs se demandent quand cela peut arriver. Y aura-t-il un signe préliminaire ? S’agit-il seulement d’un événement historique ? Le temple a effectivement brulé le 30 août 70 pendant un mois avant la chute de la ville. Mais pour bien des premiers chrétiens la ruine de Jérusalem était étroitement associée à la Parousie, au retour glorieux du Christ venant juger l’univers et instaurer le Règne de Dieu de façon définitive.
Par la bouche de Jésus, l’évangéliste met en garde contre de fausses représentations de la Fin.
Jésus répond en prédisant les étapes successives qui conduiront à la Fin : guerres et cataclysmes, plus loin il parlera de bouleversements cosmiques, de persécutions, et de la chute de Jérusalem.
Mais Jésus commence par une double mise en garde, pour que ses auditeurs ne se laissent pas enflammer par le surgissement de personnages annonçant de façon prématurée de la proximité du « moment », comme il y en avait souvent au 1er siècle. Qu’on ne se mette pas à les suivre. Leurs adeptes seront déçus. Luc a connu deux de ces personnages, bandits ou imposteurs, Theudas (Ac 5,36) ou l’Egyptien (Ac 21,38). mais tant les personnages que les phénomènes ne peuvent présager la proximité de la Fin.