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Centre d'enseignement de théologie à distance

Jésus exige des choix radicaux, la tour inachevée

Bruegel l’ancien (1525-1569), la tour de Babel, 1563, Kunsthistorisches Museum, Vienne

 

Bruegel a traité ce sujet plusieurs fois , le thème étant en vogue au 16e.

Il montre une tour inachevée mais dont l’architecture est très pensée. On y retrouve le souvenir du Colisée que Bruegel avait longuement contemplé lors de son séjour à Rome.

La tour occupe la grande partie de l’espace du tableau. A son sommet s’accrochent quelques nuages. Tout est représenté à l’échelle de la tour, les montagnes et la ville, le port, les hommes qui paraissent minuscules; les tons sont froids, exceptés quelques touches plus colorées.

L’ensemble de l’architecture, édifice circulaire à étages, a été donnée par Jan van Scorel qui fut le premier peintre, vers 1520, à donner à la tour de Babel cette forme.

Bruegel montre la tour à divers niveaux d’avancement, selon les étages. Il veut nous faire suivre la réflexion de l’architecte, et nous permet de pénétrer au coeur de l’édifice. Mais si le dessin architectural est très précis, il n’en reste pas moins absurde. La tour semble composée d’un étrange réseau de galeries voutées en berceau qui ne mènent à rien. L’intention des constructeurs n’est pas de faire un bâtiment fonctionnel mais de pénétrer les cieux !!!

Dieu empêchera de mener le projet jusqu’au bout en créant la diversité des langues en dispersant les hommes sur la terre, ils ne pourront s’entendre et ne pourront poursuivre leur entreprise. Les hommes ont privilégié leur projet à celui de Dieu.

Le texte biblique

De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et soeurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.

Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple.

Quel est celui d’entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout

 Car, s’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui :

‘Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever !’

 Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui vient l’attaquer avec vingt mille ?

 S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander la paix.

 De même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.

 

Lc 14,25-33

 

Commentaires

Durant la deuxième étape de sa montée vers Jérusalem Jésus enseigne les foules à l’aide de paraboles qui mettent en scène les conditions de l’accès au Royaume.

Jésus exprime les exigences demandées. Celui qui veut marcher à la suite de Jésus est invité à « haïr son père, sa mère, sa femme ses enfants, ses frères, ses sœurs et jusqu’à sa propre vie ».

Luc pour exprimer la préférence de Jésus utilise le mot « haïr », mot est très fort, le mot araméen qui est la source de ce texte, peut aussi vouloir dire « aimer moins » et exprimer une hiérarchisation. Luc utilise un langage excessif à dessein. Excessive aussi est la parabole : si la multitude est appelée, les conditions de la suite du Christ restent extrêmement rudes. Luc veut avant tout souligner la nécessite d’abandonner tous les biens.

Luc utilise deux comparaisons, bâtir une tour, se lancer à la guerre. Celui qui veut être le disciple ne doit pas affadir la vigueur des choix initiaux.

Si quelqu’un veut être disciple il doit avoir un attachement pour Jésus tel que, si la situation l’exige, il soit capable de faire passer en second les attachements et les liens les plus légitimes.

Toutes les relations parfaitement légitimes, l’amour de sa propre vie, ne doivent plus être prioritaires. S’attacher à la personne de Jésus suppose de le suivre jusqu’à Jérusalem pour partager sa destinée, le suivre jusqu’à la croix.

Les deux paraboles de la tour et de la guerre parlent d’un temps de réflexion comme métaphore de la réflexion et du discernement nécessaires avant de se déclarer disciple de Jésus. Il est question de fortification,de construire une tour et de forces armées. Devenir disciple, c’est un peu s’enrôler dans une armée en temps de guerre. Dès lors, la sagesse reste requise : le disciple doit peser les conditions et discerner s’il lui est possible de les remplir. Et l’exigence de Jésus est ici radicale.

Peut-être faut-il compléter et équilibrer ce texte par d’autres qui montreront que ce qui paraît impossible aux hommes, et qui est certainement trop difficiles pour eux, Dieu, lui, peut l’accomplir en transformant les cœurs !

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