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Centre d'enseignement de théologie à distance

Le grain semé

Vincent Van Gogh ( 1853-1890), semeur au coucher de soleil, juin 1888, Rijksmuseum Kröller-Muller, Otterlo, Pays Bas

 

Ce tableau date de la fin de la courte vie de Van Gogh, deux ans avant qu’il se suicide a à Anvers, après avoir peint son fameux « Champ de blé aux corbeaux », qui s’apparente à cette toile, tant par la luminosité de ses couleurs que par l’opposition entre les blés brillants et la présence des oiseaux de mauvaise augure.

 

Van Gogh a réalisé ce Semeur au soleil couchant en juin 1888 en Arles où il s’était installé quelques mois auparavant, attiré par la luminosité des paysages. Il travaillait sur le motif, en plein air, à différentes heures du jour, la lumière changeante influençant les couleurs.

 

Le peintre réalisa cinq fois ce thème, à partir d’une œuvre de Jean François Millet, peintre que Van Gogh vénéra toute sa vie. “Pour moi, Millet est le peintre essentiellement moderne grâce à qui l’horizon s’est ouvert devant beaucoup. ». Chaque fois Van Gogh essaie d’améliorer son dessin tout en approfondissant l’approche psychologique de ses modèles, hommes ou femmes aux traits grossiers, éclairés par la lumière du midi, parcourue par une touche ondoyante. Les coups de pinceaux sont bien personnels à Van Gogh et les couleurs intenses affirment la personnalité de l’artiste.

 

La ligne d’horizon est placée très haut, et le ciel n’occupe qu’une faible partie de la toile. Cela donne beaucoup de profondeur au paysage et les petites dimensions de la maison et des arbres au loin augmentent l’idée d’éloignement.

 

Le semeur et les corbeaux se trouvent au niveau de la ligne de force horizontale du tableau, et apparaissent ainsi comme le sujet du tableau. Ils se répondent de chaque côté d’une trouée représentée dans ce champ irrégulier

Le soleil au centre permet la symétrie de la maison et des feuillages.

 

Les coloris de Millet étaient nuancés, sobres, ceux de Van Gogh sont violents, les soleils jaunes vifs, les champs de blé dorés. Il ajoute ici les couleurs de la nuit, violet, bleu, noir ; les blés sont abondants, la terre du semeur est irrégulière, les oiseaux presque au ras des mottes !

Le texte biblique

 Comme une grande foule se rassemblait, et que de toutes les villes on venait vers Jésus, il dit en parabole :

« Le semeur est sorti pour semer la semence. Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin, les passants l’ont piétiné, et les oiseaux du ciel ont tout mangé.

Du grain est tombé aussi dans les pierres, il a poussé, et il a séché parce qu’il n’avait pas d’humidité.

Du grain est tombé aussi au milieu des ronces, et, en poussant, les ronces l’ont étouffé.

Enfin, du grain est tombé dans la bonne terre, il a poussé, et il a porté du fruit au centuple. » En disant cela, il élevait la voix : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »

 Ses disciples lui demandaient quel était le sens de cette parabole.

 Il leur déclara : « A vous il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais les autres n’ont que les paraboles, afin que se réalise la prophétie : Ils regarderont sans regarder, ils écouteront sans comprendre.

 Voici le sens de la parabole. La semence, c’est la parole de Dieu.

 Ceux qui sont au bord du chemin, ce sont ceux qui ont entendu ; puis le démon survient et il enlève de leur cœur la Parole, pour les empêcher de croire et d’être sauvés.

 Ceux qui sont dans les pierres, lorsqu’ils entendent, ils accueillent la Parole avec joie ; mais ils n’ont pas de racines, ils croient pour un moment, et, au moment de l’épreuve, ils abandonnent.

Ce qui est tombé dans les ronces, ce sont ceux qui ont entendu, mais qui sont étouffés, chemin faisant, par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et ne parviennent pas à maturité.

 Et ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole dans un coeur bon et généreux, la retiennent, et portent du fruit par leur persévérance.

 

Luc 8, 4-15 

Commentaires

Jésus parle de la façon d’écouter la Parole et d’y répondre. Ici c’est la parabole bien connue du semeur, traitée par les trois évangiles synoptiques, il faudrait l’appeler plutôt la parabole de la semence !

 

Jésus oppose les échecs initiaux de la semence à un rendement évidemment extraordinaire. Les échecs viennent de trois sortes d’obstacles, les passants, les oiseaux, les ronces. À l’opposé la réussite vient de la bonne terre qui donne les meilleurs résultats, un rendement au centuple, rendement exceptionnel pour l’Antiquité. L’accent premier de la parabole était d’insister sur la surabondance du don de Dieu, qui sème à profusion, et sur tous les terrains….

Jésus alors élève la voix, il faut écouter ce qu’il dit à un niveau plus profond que le sens premier !

 

Alors les disciples posent des questions sur la signification à comprendre par tous.

Jésus va opposer différents groupes et l’accent est mis sur la responsabilité des hommes qui accueillent ou non la Parole de Dieu, et lui font ou non une place dans leur vie.

Jésus commence par rappeler l’initiative divine, Dieu a révélé son dessein de salut à quelques uns d’abord. D’autres devront faire le détour par la parabole.

Il y a donc initiative divine et réponse humaine. Selon les dispositions de chacun, les mêmes dons de Dieu sont source de vie ou de mort.

 

Quels sont les différents types d’hommes ? La parabole est alors allégorisée. Les quatre types de terrains représentent quatre groupes d’auditeurs, les oiseaux figurent le diable etc.. Et pourtant l’allégorie montre peu de rigueur, car dans le troisième exemple, ce sont des humains que symbolise la semence. De plus rien n’est dit sur le semeur, Jésus ou ceux qui annoncent la Parole.

On avance vers une lecture moralisante de la parabole.

Un premier groupe d’auditeurs ne croit pas et n’est pas sauvé, l’initiative en revient au démon. Dans le deuxième groupe se trouvent ceux qui accueillent avec joie mais ne croient que pour un moment, ils abandonnent dès que leur fidélité à Dieu est éprouvée. Le troisième groupe comprend les croyants qui ne parviennent pas à l’âge mûr de la vie chrétienne; ce qui étouffe lentement leur croissance, c’est la richesse qui favorise les préoccupations égocentriques et les plaisirs de la vie. Enfin certains réalisent le mieux l’idéal humain : ils ont un cœur bon et généreux, dans lequel la Parole trouver le terreau idéal ; ils sont fidèles dans la durée, ils retiennent la Parole, et à force de persévérance face à l’adversité ils se conduisent et agissent conformément à cette Parole qu’ils portent en leur cœur ; ceux-là parviennent à la maturité chrétienne.

 

Saint Jean Chrysostome, (docteur de l’Église, v 349-407) estime que cette parabole marque trois étapes de l’évolution spirituelle : la bonne terre est promise à tous, mais à la condition de renoncer aux plaisirs et aux différents esclavages, pour enfin exercer la vertu, seul gage de la liberté.

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