En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Fête de saint Marc, collaborateur de Pierre à Rome
Embrassement de Pierre et Paul vers 1170-1180, fresque, monastère de Vatopédi, Mont Athos.
Ce thème iconographique qui exprime l'unité de l'Eglise est présent dans l'art byzantin depuis l'époque paléochrétienne.
Du point de vue stylistique, cette fresque se rapporte à la peinture comnène tardive (famille d'empereurs byzantins aux 11 et12 e siècles). Le volume des visages est rendu par des aplats de couleurs plus vives sous les yeux, des sourcils arqués et la chevelure traité comme un dessin graphique.
Les deux visages sont bien différenciés, et l'on reconnaît aisément les deux apôtres (selon les traits que leur prête la tradition dès le deuxième siècle) Les joues sont rapprochées, montrant intimité et affection entre eux deux, leurs auréoles se mêlent.
Dans les temps bibliques le baiser entre deux personnes pouvait porter plusieurs sens. Lorsqu'on accueille quelqu'un le baiser est un geste de respect et d'affection pour l'hôte (Gn 29,11). il peut signifier la paix et la réconciliation (Gn 33,4), mais aussi indiquer la soumission à un supérieur (2 R 4,27), tout comme un supérieur pouvait embrasser quelqu'un d'inférieur pour le rendre égal en dignité (1 S 10,1). Les premiers chrétiens avaient l'habitude de se saluer avec un « saint baiser » (Rm 16,16), que Tertullien appellera le « baiser de paix » et que notre liturgie moderne a remis en valeur.
Le texte biblique
Et tous, comme on met un vêtement de travail, revêtez l'humilité dans vos rapports les uns avec les autres. En effet Dieu s'oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce.
Tenez-vous donc humblement sous la main puissante de Dieu, pour qu'il vous élève quand le jugement viendra.
Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu'il s'occupe de vous.
Soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie.
Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances.
Dieu, qui donne toute grâce, lui qui vous a appelés dans le Christ à sa gloire éternelle, vous rétablira, après que vous aurez souffert un peu de temps ; il vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables.
A lui la puissance pour tous les siècles. Amen.
Je vous écris ces quelques mots par Silvain, que je considère comme un frère digne de confiance, pour vous encourager, et pour attester que c'est vraiment la grâce de Dieu qui est avec vous ; restez-y fidèles.
La communauté qui est à Babylone, élue de Dieu comme vous, vous salue, ainsi que Marc, mon fils.
Exprimez votre amour mutuel en échangeant le baiser de paix. Paix à vous tous, qui êtes dans le Christ.
1 Pierre 5, 5b-14
Commentaires
Alors que dans les Évangiles Pierre tient une place de premier plan comme chef de Douze apôtres et que, selon les Actes des apôtres, il dirigea la première communauté de Jérusalem, nous savons peu de choses sur la période de sa vie qui va de l'assemblée de Jérusalem vers 49 à son martyre à Rome vers 64-67. On sait qu'il s'est violemment opposé à Paul à propos de la conversion des païens.
Nous conservons deux lettres de Pierre qui sont très certainement plus tardives, écrites à la fin du siècle par des disciples de l’apôtre, et qui sont donc pauvres en données personnelles (à la différence des lettres de Paul). L’une et l’autre témoignent de l’accord profond qui désormais règne entre les deux apôtres unis dans le martyre.
La première lettre dont nous lisons un passage aujourd'hui s’adresse à des communautés du Pont-Euxin et du Nord de l’Asie Mineure, formées de chrétiens pauvres, de basse extraction sociale, et déjà en butte à une certaine persécution. La lettre est constituée d'une série d'exhortations pour affermir le courage des fidèles soumis aux vexations d'un milieu hostile, Elle veut susciter avant tout la persévérance et rappelle la béatitude : « heureux ceux qui sont persécutés pour la justice ».
Ici Pierre encourage ses destinataires à l'humilité et la fermeté dans la foi. Parce que l'orgueil est le danger le plus grave, Pierre revient avec insistance sur l'humilité qui obtient la grâce de Dieu et qui permet d'échapper aux ruses du démon, représenté comme un lion qui rôde autour de nous.
C'est de courage et de persévérance que les communautés ont surtout besoin pour vivre leurs épreuves dans la joie de l'espérance ; et Pierre rappelle que cette force viendra de Dieu seul dont la grâce ne cesse d’accompagner les chrétiens qui lui restent fidèles
La fin informe que c'est Sylvain le secrétaire qui sert d'intermédiaire. Sylvain (ou Silas) accompagna Paul lors de son second voyage missionnaire. Son nom ici dit quelque chose du lien qui unit désormais Pierre et Paul.
Aussi Pierre finit-il sa lettre par un encouragement à faire régner la paix au sein même de la communauté et à ne pas manquer d'échanger le baiser de paix.
Ce texte qui n’a rien perdu de son actualité nous touche par sa tonalité chaleureuse et réconfortante.