En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
le carême avec Ch de Chergé 1 : Le jeûne, le partage
Vezelay, chapiteau de la nef, le festin du mauvais riche et le pauvre Lazare, 12e
Un riche est attablé entouré d'un homme et d'une femme auxquels il offre un bon repas. Le serviteur apporte les mets, une marmite pend à la crémaillère. Un pauvre est à la porte tout couvert d'ulcères que lèchent les chiens. L'invité fait remarquer au maître du repas sa présence, en pointant au travers de la porte son doigt vers le malheureux que le riche se refuse obstinément de voir. « « Il y avait un homme riche, qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux. Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c'étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies. » (Lc 16,19-20)
Le texte biblique
Comment ! L'or peut-il se ternir, le bon lingot s'altérer, les pierres saintes s'éparpiller à tous les coins de rues ?
Les fils de Sion, précieux, estimés à valeur d'or fin, comment ! ils sont comptés pour des cruches de terre, oeuvre des mains du potier !
Même chez les chacals on donne à téter, on nourrit ses petits ; cette belle qu'est mon peuple devient aussi cruelle que les autruches de la steppe.
De soif, la langue du nourrisson colle à son palais ; les bambins réclament du pain ; personne ne leur en présente.
Les mangeurs de gourmandises sont ruinés, à la rue ; les personnages élevés dans la pourpre étreignent le tas de détritus.
Lm 4,1-5
Commentaires
Christian de Chergé écrit en 1993 , à l'occasion d'une harmonie dans les dates du carême et du ramadan, des réflexions sur « les limites de la concurrence entre carême et ramadan. Le ramadan n'est pas le carême et vice versa. »
Au cours des 6 semaines de carême nous reprendrons quelques unes de ces réflexions et des chapiteaux romans nous aideront à approfondir les textes.
Certains diront que le jeûne du carême n'en est pas un dès lors qu'il n'est pas abstinence complète durant la journée. Certains, parfois les mêmes, diront aussi que la rupture du jeûne chaque soir, avec les débordements alimentaires qu'elle entraine souvent dans le ramadan, enlève au temps sa valeur d'épreuve dans la durée : un mois, peut-être, mais ce mois est cassé tous les soirs. Oui, le jeüne est profitable au corps comme à l'esprit, mais à condition de ne pas soumettre l'estomac à un simple changement d'horaire, avec ce que cela provoque comme décalage dans le sommeil, et comme lourdeurs supplémentaires pour le travail et la vie en société. Oui les chrétiens , au moins en Occident ont perdu la notion de jeûne et même de la simple abstinence, au point de se la voir confisquée par des cures onéreuses ou des grèves de la faim. Lesquelles ne sont spectaculaires, et parfois, efficaces, qu'en milieu nanti et économiquement protégé (sauf notoriété publique à la taille d'un Gandhi). Irait-on en faire réclame au Soudan ou en Somalie en ces jours de sécheresse et de grande détresse ? De même, quel enseignement irait-on donner sur le carême ou le ramadan aux enfants de ces pays ou d'ailleurs qui « quémandent leur pain à tous les coins de rues, sans personne pour en donner »(Lm 2,11 ss)
Ch de Chergé, Sept vies pour Dieu et l'Algérie, Bayard édition /Centurion, 1996