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Centre d'enseignement de théologie à distance

La visite de la reine de Saba à Salomon

Lorenzo Ghiberti 1378-1455) Rencontre entre le roi  Salomon  et la reine de Saba, porte du Paradis, baptistère de Florence

 

Lorenzo Ghiberti  est un sculpteur, orfèvre et écrivain italien de l'époque de la première Renaissance.

Après avoir remporté le concours pour réaliser une première porte du baptistère de Florence dans un style encore proche du gothique, il élabora une deuxième porte face à la cathédrale qui sera appelée par Michel Ange, « porte du paradis ».

A cette porte participeront également Luca della Robbia, Donatello, Michelozzo, Gozzoli, Cennini, ainsi que ses deux fils pendant 25 années de travail, de 1425 à 1452 ; elle considérée comme l'acte fondateur de la Renaissance artistique. Vasari écrira qu'il s'agit de « la plus belle œuvre qui ne soit jamais vue au monde, tant chez les anciens que chez les modernes ».!

 

Ghiberti ainsi que Donatello seront les initiateurs d'une sculpture permettant la représentation d'un grand nombre de figures placées dans un espace délimité. Le sculpteur utilisera la perspective et un relief de moins en moins accentué pour disposer un grand nombre de personnages sur plusieurs plans.

Les représentations sont des scènes de l'Ancien Testament, programme choisi par Leonardi Bruni, chancelier de la République florentine.

 

Dix panneaux ornent la porte reprenant des scènes tirées de la Bible, de la Genèse au Livre des Rois. La lecture se fait de gauche à droite et de haut en bas.

Après la création, jusqu'à Noé, l'histoire du salut et les préfigurations du Messie (Abraham; Moïse…), c'est la rencontre de Salomon et de la reine de Saba. on peut y voir une allusion au concile qui se tiendra à Florence en 1439, convoqué à Ferrare et transféré par Eugène IV, suite aux sollicitations de Cosme l'Ancien, dans le but de réconcilier les chrétiens d'Orient et d'Occident. Salomon représente l'église d'Occident et l'église d'Orient est représentée par la reine de Saba.

 

Ghiberti a été libre dans l'interprétation du thème imposé, et disposera de moyens financiers sans limite, comme il l'écrira plus tard dans ses Commentaires.

Ghiberti va rompre avec toutes les lois qui avaient alors présidé à l'ordonnance du bas-relief. Comme un peintre il veut se servir des secrets de la perspective pour étager ses personnages sur des plans différents, pour les multiplier, pour les placer dans leur milieu, dans de beaux décors de paysage ou d'architecture. Ce fut considéré comme une très grande nouveauté.

Le style ainsi élaboré est d'une grande pureté, d'un grand naturel : la beauté des lignes, l'élégance des silhouettes, la souplesse des formes.

 

Quelle magnificence dans cette représentation qui frappe par la pureté des lignes dans l'architecture du palais ! Quel équilibre de l'ensemble, avec le Roi Salomon et la reine de Saba au centre et tous leurs sujets symétriquement disposés. Équilibre, calme, paix émanent de cette représentation.

Le texte biblique

 La reine de Saba avait entendu parler de la renommée de Salomon. Elle vint donc pour le mettre à l'épreuve en lui proposant des énigmes.

Elle arriva à Jérusalem avec une escorte imposante : des chameaux chargés d'aromates et d'une énorme quantité d'or et de pierres précieuses. Quand elle fut parvenue auprès de Salomon, elle lui proposa les énigmes qu'elle avait préparées,

mais Salomon trouva réponse à tout et ne fut arrêté par aucune difficulté.

Lorsque la reine de Saba vit toute la sagesse de Salomon, le palais qu'il avait construit,

les plats servis à sa table, le logement de ses officiers, la tenue du service et l'habillement des serviteurs, les holocaustes qu'il offrait au temple du Seigneur,

elle en eut le souffle coupé, et elle dit au roi : « Ce que j'ai entendu dire dans mon pays sur toi et sur ta sagesse, c'était donc vrai !

 Je ne voulais pas croire ce qu'on disait, avant de venir et de voir de mes yeux ; mais vraiment, on ne m'en avait pas appris la moitié ! Tu surpasses en sagesse et en magnificence la renommée qui était venue jusqu'à moi.

 Heureux tes gens, heureux tes serviteurs que voici, eux qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse !

 Béni soit le Seigneur ton Dieu, qui t'a montré sa bienveillance en te plaçant sur le trône d'Israël. Parce que le Seigneur aime Israël pour toujours, il t'a établi roi pour exercer le droit et la justice. »

 Elle fit présent au roi de cent vingt lingots d'or, d'une grande quantité d'aromates et de pierres précieuses ; il n'est plus jamais venu une quantité d'aromates pareille à celle que la reine de Saba avait apportée au roi Salomon.

 

1 Rois 10,1-10

Commentaires

Qui ne connait pas le roi Salomon pour ses immenses richesses, pour ses femmes nombreuses. Cette anecdote de la visite de la reine de Saba (royaume situé quelque part en Arabie du Sud – Ethiopie) à Jérusalem a alimenté notre imaginaire pictural !

Le livre des Rois présente le roi Salomon comme l'initiateur du courant de sagesse en Israël et comme le constructeur du temple… tout en n'éludant pas ses différentes infidélités qui entachèrent les dernières années de sa vie.

L'histoire de Salomon se décompose en deux grandes parties, l'une rapporte les conditions de l'accession de Salomon au trône de David (1 R 1-2), l'autre décrit les hauts faits de son règne, sans cacher l'image d'un Salomon pécheur (1 R 3-11).

 

Nous lisons aujourd'hui la visite de la reine de Saba. Salomon est présenté comme un grand roi. Jérusalem est le centre vers lequel doivent converger toutes les nations et devient la capitale religieuse de la diaspora juive. Est ici mise en scène la relation pacifique entre Salomon avec une reine « arabe », ce qui veut souligner qu'il assura la paix durant tout son règne ; son nom Shelomoh signifie le « Pacifique ».

 

La reine de Saba a entendu parler de Salomon à propos du nom de YHWH, elle vient pour l'éprouver par des énigmes… Personne n'avait jusqu'à présent mis Salomon à l'épreuve, à part le Seigneur lui-même au début de son règne : « Demande, que veux-tu que je te donne ? ». Mis à l’épreuve, le jeune roi, déjà sage, n’avait demandé que la capacité d’écouter et la sagesse ; la richesse lui fut donné par surcroît (1 R 3, 1-15). Cette alliance entre un homme et son Dieu, ou plutôt un dieu, YHWH, et un homme étonne et interroge. Pour répondre à cette énigme, la femme prend le truchement d'autres énigmes. Les sens de la reine sont en éveil, non seulement l'écoute mais la vue : elle voit tout, l'intelligence du roi, sa richesse excessive ; elle en perd le souffle : la réalité dépasse la rumeur.

 

La reine s'adresse au roi, au fils d'Israël. Sa parole cristallise la rencontre de la sagesse des nations et la sagesse d'Israël. Il y a échange entre les deux personnages, échange d’abord de cadeaux incroyables, somptueux. Mais plus encore, en regardant Salomon, la reine exprime ses raisons de croire, elle a vu et elle croit.

La reine se tourne vers les serviteurs, et une béatitude monte de ses lèvres. Il y a là un hommage indirect au maître et au Dieu de ce maître, un hommage à la Loi et à celui qui la promulgue. La béatitude est la reconnaissance du bonheur d'un autre, qu'on aimerait dire sur soi.

Enfin la reine porte son regard vers celui dont le nom avait déclenché la visite :YHWH, le Seigneur. Elle ne le voit pas, mais elle le devine à travers la sagesse et la richesse données au roi d'Israël. Reconnaissance d'une puissance et d'un amour d'élection, non pour un homme, mais pour un peuple.
 

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