En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Chaire de saint Pierre
Saint Pierre, Icône peinte à l'encaustique du vie siècle du Monastère Sainte-Catherine du Sinaï
Les premières icônes conservées datent du VIe siècle, montrant le passage de la peinture antique à une nouvelle conception de l'icône. Cette icône de saint Pierre est une des rares icônes qui illustrent cette transition.
La pose est naturelle, le visage n’est pas idéalisé, le regard est pensif et l'épaisseur de la touche rappelle le portrait hellénistique.
A cette inspiration classique s'ajoute une forme de spiritualisation de l'image.
Pierre est représenté de face, de manière bien concrète. Ses traits sont fortement individualisés, le regard volontaire, l’allure imposante, lui qui a été choisi pour être le berger à la suite de Jésus. Il tient un grand bâton surmonté d'une croix et dans sa main droite, les clés du paradis
Pierre est situé dans un espace réaliste, qui pourtant il reste allusif, synthétisant toute la mission, qui lui est confiée.
Les trois figures représentées en médaillon dans la partie supérieure constituent un nouvel emprunt à l'héritage de l'Antiquité : l'imago clipeata, On représentait de la même manière les consuls surmontés des plus hautes autorités impériales.. Ces trois médaillons représentent le Christ, la Vierge et saint Jean l'Évangéliste, ce n'est pas encore la deisis ( Vierge et saint Jean Baptiste entourant Jésus, et implorant pour le peuple des chrétiens) qui apparaitra plus tard dans l'art byzantin, exprimant le lien entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Pierre est protégé dans sa mission par Jésus et les deux personnages qui l’ont accompagné au pied de la croix.
Le texte biblique
Je m'adresse à ceux qui exercent parmi vous la fonction d'Anciens, car moi aussi je fais partie des Anciens, je suis témoin de la passion du Christ, et je communierai à la gloire qui va se révéler
Soyez les bergers du troupeau de Dieu qui vous est confié ; veillez sur lui, non par contrainte mais de bon cœur, comme Dieu le veut ; non par une misérable cupidité mais par dévouement ;
non pas en commandant en maîtres à ceux dont vous avez reçu la charge, mais en devenant les modèles du troupeau.
Et, quand se manifestera le berger suprême, vous remporterez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas.
1Pierre 5, 1-4
Commentaires
Cette première lettre de Pierre est destinée aux communautés chrétiennes dispersées en Asie Mineure dont les membres proviennent pour la plupart du paganisme mais qui lisent assidûment les Écritures. Elles semblent être soudées par un grand sens de la fraternité, puisqu’elles sont très minoritaires et dispersées dans un monde hostile. Pierre se propose donc de les réconforter en leur dévoilant le sens providentiel de l'épreuve.
A partir de son chapitre 4, Pierre lance une série d'exhortations.
Elles sont brèves mais elles apportent un chainon important pour l'histoire du développement des ministères dans l'Église ancienne.
Le mot « anciens » ici traduit le terme grec « presbyteros » : ce sont les anciens d'une communauté à qui revient de diriger les affaires, assurant ainsi une direction collégiale. Les communautés ont évolué, et diverses fonctions sont mises en place. Le rite de l'imposition des mains est institué conférant la grâce de l'Esprit Saint à ceux qui entrent dans le collège des presbytres. Plus tard le président du collège presbytéral sera le futur évêque.
Pierre exhorte donc les presbytres. Il se dit associé dans leur responsabilité pastorale, mais sa charge est supérieure, à titre de témoin des souffrances du Christ et d'associé à sa gloire.
Le témoignage de Pierre a pour objet les souffrances du Christ interprétées à la lumière de l'Ancien Testament et comprises comme moyen de salut. Elles sont inséparables de la gloire dans laquelle le Christ est maintenant plongé en attendant qu'il se manifeste à tous.
« Soyez les bergers du troupeau que Dieu vous a confié » : dans le monde antique la figure du berger est traditionnelle pour exprimer le rôle du chef. Pierre se rattache à ce thème en présentant le Christ comme Berger suprême. Les presbytres n'ont autorité que par délégation, comme représentants du Christ, seul maître du troupeau. Lorsque Jésus avait transmis cette charge à Pierre, il le lui avait dit de façon significative. Ni Pierre, ni les presbytres ne doivent oublier que le troupeau ne leur appartient pas et qu'ils ne peuvent imposer à leurs ouailles leurs conceptions propres.
Ils doivent être les modèles du troupeau en suivant eux-mêmes le Bon Pasteur et c'est ainsi qu'ils pourront recevoir la couronne de gloire au jour de la venue du Seigneur.