En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
saint Thomas d’Aquin
Jean-François Millet 1814-1875, "Le Semeur" (1851), Musée des Beaux arts de Boston
Ce tableau majeur, premier du trio des icônes paysannes avec « les Glaneuses » et « l'Angelus » fit reconnaître le talent de Millet, à la fois ancré dans la tradition iconographique et excessivement moderne.
Un jour d'automne, au coucher du soleil, un jeune paysan descend la pente d'un coteau, il semble poussé par la lumière du soleil. Cette puissance de la lumière qui définit la forme, est équilibrée par le mouvement du bras et de la jambe. Le soleil déclinant donne au ciel des riches tonalités roses, lavande et gris -bleu qui par contraste font apparaître plus sombre encore le visage du semeur. Ce contraste fait naitre en même temps les idées opposées à celles que suggère la lumière : l'approche de l'hiver, la nuit qui monte, la fatalité. Le ciel même porte une autre menace, les corbeaux, symboles de ténèbres qui plongent vers la terre pour attraper le grain.
Ce tableau fut vu par ses contemporains comme un manifeste social rappelant de vieilles récoltes paysannes. Mais des critiques conservateurs y ont vu un rituel d'espérance. « va, sème, pauvre laboureur, jette à pleines mains le froment à la terre ! La terre est féconde, elle produira !! »
Le texte biblique
Il disait : « Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ :
nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi.
Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c'est le temps de la moisson. »
Il disait encore : « A quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ?
Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde.
Mais quand on l'a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »
Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre.
Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples.
Mc 4,26-34
Commentaires
Ces deux paraboles de la semence qui pousse toute seule et celle de la grain de moutarde font partie de l'enseignement de Jésus qui veut faire entrer les disciples dans le mystère du Royaume de Dieu.
Dès le début Jésus indique qu'il s'agit du Règne de Dieu. Il compare l'établissement de ce Royaume à l'agriculture : semailles, croissance du grain, de la semence à l'épi de blé. Ainsi est exprimée la puissance de Dieu, mystérieuse, irrésistible, qui fait naitre et se développer son Règne sans que les hommes y soient pour quelque chose. Marc assure ainsi que Dieu mène à bien son entreprise, le Royaume de Dieu, par une action continue, silencieuse, mais efficace. Dieu œuvre malgré les difficultés endurées par les hommes qui pourraient faire croire que Dieu est absent. Quel réconfort ! Tout se déroule jusqu'au temps de la moisson, toujours image d'espérance !
Puis Jésus poursuit son enseignement, et nous lisons ici la dernière des cinq paraboles sur le Règne de Dieu. A nouveau symbole agricole. La toute petite graine de moutarde qui produit une très grande plante ! le Règne de Dieu connait un paradoxe similaire. La petitesse de ses commencements ne doit pas tromper.
L'image de l'arbre gigantesque du moutardier, qui abrite la multitude des oiseaux est une image biblique que l'on retrouve chez le prophète Daniel (4,7-9) où elle évoque déjà le Règne de Dieu assuré du succès universel.
On a souvent parlé chez Marc d’un « secret messianique » : jusqu'à maintenant l'action de Jésus peut être jugée comme insignifiante et le règne de Dieu un humble réalité. Mais, malgré sa faiblesse l'Église primitive a conscience de prendre part à la réussite d'une œuvre d'une immense vitalité qui doit au terme de son développement atteindre l'univers entier.
Saint Thomas d'Aquin que nous fêtons aujourd'hui, dans son sermon 16, Sermo Germinet terra : Que la terre se couvre de verdure ! écrit :
« De même que par la semence du Verbe de Dieu nous devenons fils de Dieu, de même par la semence d'Abraham nous sommes fils d'Abraham. Bénie soit la semence qui nous apporte la bénédiction! [] Le Christ est une petite semence : il fut petit à la croix ; il a crû jusqu’à remplir le ciel et la terre. Il est monté aux cieux pour accomplir toute chose. »