En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le fils reflet resplendissant de la gloire du Père
Baptême du Christ, 9-11e siècle, plaque en cristal de roche gravée en intaille, musée des Antiquités de Rouen
Cette plaque a pu être utilisée comme pierre d'autel portatif dont l'usage est attesté depuis le 8ème siècle.
La scène du baptême du Christ est encadrée d'une bordure de rinceaux, donnant encore plus de valeur, de préciosité à la scène, pour symboliser le resplendissement et la majesté du Christ.
Le Christ au nimbe crucifère se tient debout au milieu du Jourdain figuré par des petites vagues qui forment une composition pyramidale avec un mouvement ascendant entourant le Christ.
À gauche Jean Baptiste de profil, tenant un bâton recourbé, pose la main droite sur le front du Christ.
A droite un ange ailé porte un linge en signe de respect pour Jésus.
Au-dessus du Christ vole la colombe symbolisant le Saint Esprit.
Enfin au-dessus apparaît la main rayonnante de Dieu encadrée par deux anges ailés tenant aussi chacun un linge.
Les anges rendent hommage à Jésus, nommé par Dieu : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir ».
Ce précieux objet, dans sa décoration, son style réservé et majestueux, reflète la grandeur, la majesté de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, que les anges révèrent. Elle offre une magnifique représentation de la Trinité dans son déploiement.
Le texte biblique
Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ;
mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes.
Reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être, ce Fils, qui porte toutes choses par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté divine au plus haut des cieux ;
et il est placé bien au-dessus des anges, car il possède par héritage un nom bien plus grand que les leurs.
En effet, Dieu n'a jamais dit à un ange :Tu es mon Fils,aujourd'hui je t'ai engendré. Ou
bien encore : Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils.
Au contraire, au moment d'introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que tous
les anges de Dieu se prosternent devant lui.
Hebreux 1,1-6
Commentaires
Ce passage provient du début de la lettre aux Hébreux, qui est une prédication s'adressant à l'assemblée des chrétiens.
En quelques mots le prédicateur rappelle en quelques mots tous l'histoire du salut.
En grec, les deux premiers versets ne sont qu'une seule phrase : le sujet est toujours Dieu, car Dieu est à l'origine de tout, c'est lui qui a pris l'initiative de parler aux hommes et de se communiquer à eux. Puis c'est le Fils qui est le sujet des verbes suivants (versets 3 et 4), car c'est par le Fils que le dessein de Dieu se réalise.
Tout d'abord Dieu a parlé aux hommes. Tout au long de l'histoire humaine, Dieu s'est soucié d'entrer en relation personnelle avec nous, à bien des reprises et de bien différentes manières. Rappelons nous les conversations avec Abraham, ou Moïse, les appels adressés au peuple d'Israël, les promesses, les reproches, les alliances, les commandements, les encouragements. Dieu est persévérant, il reprend toujours le dialogue, malgré toute l’infidélité humaine.
Maintenant dans la période finale où nous sommes, Dieu nous parle non plus par la médiation d'un prophète, mais par celle de son propre Fils.
Le texte va nous dire qui est le Fils, mais il faut en décrypter les expressions souvent difficiles. L'auteur commence par la fin, « dans les derniers temps » où Dieu a établi le Fils « héritier de tout ». Les derniers sont ceux que nous vivons, il s’agit du temps de l’Eglise qui est en réalité la fin des temps, puisqu’avec la résurrection du Christ et sa glorification, le monde nouveau est en marche, le monde ancien est en train de disparaître. Or, cette glorification finale du Fils a révélé aux apôtres sa gloire initiale (Jn 17, 5.24) : il a été depuis toujours « le Fils de Dieu », celui, par qui Dieu a créé les mondes. Le regard monte plus loin que la création, il porte sur le rapport personnel du Fils avec Dieu lui-même. Reprenant des termes bibliques et notamment des expressions du livre de la Sagesse, l’auteur affirme que le Fils est resplendissant de la gloire de Dieu. Puis est évoqué le mystère pascal, sous son double aspect de victoire sur le mal et de glorification céleste.
Jésus le Fils, venu comme homme parmi les hommes, est ressuscité, il s'est assis à droite de la Majesté au plus haut des cieux, plus haut que les anges. Les anges étaient considérés comme les intermédiaires les mieux qualifiés entre les anges et Dieu. Mais le Fils possède un nom bien plus grand que les anges, nom prononcé seulement plus loin, il est le Fils, le Premier-né du monde nouveau.
Ainsi l'auteur présente successivement la Parole de Dieu et le mystère du Christ en les associant étroitement. Désormais la parole de Dieu nous arrive en plénitude parce qu'elle a trouvé sa forme parfaite grâce à l'incarnation du Fils de Dieu. Il est lui-même la Parole vivante de Dieu. Désormais l'action de Dieu transforme notre existence, car elle s'est déployée pour nous de façon complète et définitive dans la passion glorifiante du Christ. La parole et l'action de Dieu sont liées à la médiation du Christ.
Les deux versets suivants reprennent les termes du psaume 2 : « Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré». En lisant ce psaume qui proclame le sacre du Roi Messie, les premiers chrétiens avaient la joie d'y découvrir une prophétie qui s'était réalisée dans l'évènement pascal : Jésus dont la gloire finale avait été voilée durant sa vie terrestre, a été établi Fils de Dieu avec puissance par la résurrection des morts (Rm 1,4 ; Ac 13,33)