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Centre d'enseignement de théologie à distance

Le nouveau et l’ancien ?

Gérard David ( 1455-1523) Noces de Cana (1500-1510) Louvre

 

Gérard David, est un peintre flamand actif  à l'époque où Memling était considéré comme le maitre incontesté de la peinture à Bruges. A la mort de Memling, David devint le peintre de la cité. Il commença par réaliser plusieurs commandes pour la ville de Bruges dont son chef d'œuvre bien connu, conservé aujourd'hui à Rouen, La Vierge entourée de saintes avec deux anges musiciens

 Il est un des derniers « Primitifs » flamands, introduisant cependant dans son œuvre cette douceur inspirée par la toute jeune renaissance italienne. 

 

Ce tableau des noces de Cana était autrefois attribué à Van Eyck, C'est l'œuvre la plus touchante de Gérard David, par la douceur calme du coloris et des visages. La jeune mariée par exemple assise au premier plan à côté du Christ. Le front ceint d'une mince couronne d'or, elle a une attitude troublante, songeuse, un peu anxieuse, indifférente à l'échanson qui s'avance vers elle, un pichet à la main.

Sur la nappe blanche sont laissés dans les plats d'étain les reliefs du repas, abondance et richesse du festin qui se poursuit avec le gâteau apporté par le serviteur à gauche. Les convives sont nombreux, de toutes origines. Le donateur du tableau, Jean de Sedano, est représenté en bas à gauche. Un homme à l'extérieur regarde la scène. Des belles outres du premier plan est tiré le vin servi aux convives.

C'est la fête et tous y participent aux cotés de Jésus.

Le texte biblique

On disait un jour à Jésus : « Les disciples de Jean jeûnent souvent et font des prières ; de même ceux des pharisiens. Au contraire, tes disciples mangent et boivent !
 Jésus leur dit : « Est-ce que vous pouvez faire jeûner les invités de la noce, pendant que l'Époux est avec eux ?

 Mais un temps viendra où l'Époux leur sera enlevé : ces jours-là, ils jeûneront. »

 Et il dit pour eux une parabole : « Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf pour le coudre sur un vieux vêtement. Autrement, on aura déchiré le neuf, et le morceau ajouté, qui vient du neuf, ne s'accordera pas avec le vieux.

 Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, il se répandra et les outres seront perdues.

 Mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves.

 Jamais celui qui a bu du vieux ne désire du nouveau. Car il dit : 'C'est le vieux qui est bon’.

Luc 5,33-39

Commentaires

Les chapitres 4 et 5 de l'évangile de Luc rapportent la prédication de Jésus dans les villes de Galilée, avec de nombreuses guérisons, puis l'appel des premiers disciples.

Jésus avait appelé un collecteur d'impôts (Lévi) à le suivre et celui-ci offre un festin, invitant toute un monde de collecteurs et d'autres personnes dont la réputation auprès des juifs était détestable.. Jésus est invité. En principe les pharisiens et les scribes ne peuvent par principe, participer à la même table que les collecteurs d’impôts. Ils doivent regarder d'un mauvais œil la salle des fêtes, ils s'offusquent et somment les disciples de justifier leur comportement contraire à la Loi. Ils ne comprennent pas qu'une telle hospitalité exprime la grâce que Dieu offre aux pécheurs.

C'est Jésus qui répond en comparant ses disciples à des invités à une noce et s'applique la métaphore de l'Époux, un qualificatif divin chez les prophètes.

De la question « avec qui manger ? », on passe à « quand jeûner ? »

En plus des préceptes prévus par la Loi les groupes religieux pratiquaient des jeûnes supplémentaires. Et aux prières officielles ces groupes baptistes ajoutaient probablement une prière qui les distinguait. Les disciples de Jésus eux se contentent de s’attabler au festin !

 

Jésus ne rejette pas la pratique du jeûne, mais il est en consonance avec l'enseignement rabbinique qui interdit de jeûner les jours anniversaires d'événements heureux. Jésus distingue deux temps : aujourd'hui où l'époux est avec les invités de la noce et « ces jours-là où l 'époux leur sera enlevé ». Comment les adversaires pourraient contraindre les disciples à adopter dans le présent une pratique triste alors qu'un monde nouveau s'annonce dans la joie. En revanche Jésus prophétise que dans le temps de son absence, l'Eglise apostolique pratiquera le jeûne..

 

Pour marquer combien la présence de Jésus parmi les pécheurs est une nouveauté inouïe par rapport au judaïsme pharisien, Luc poursuit avec d'autres paraboles utilisant des exemples pris dans les dits de sagesse de ce que personne ne fait : coudre un morceau neuf sur un vieux vêtement ou mettre du vin nouveau dans de vieilles outres. Jésus ne donne pas d'explication : à chacun des auditeurs et des lecteurs d'aujourd'hui, d'en tirer les conséquences. Cela fait comprendre qu'il y a incompatibilité entre le vieux et le neuf, entre la façon juive de pratiquer le jeûne ou la prière et celle qui désormais a cours dans la nouvelle économie du salut. L'Eglise chrétienne doit trouver des formes nouvelles de piété, les anciennes ne peuvent être pratiquées telles quelles.

 

Mais à la fin le « vieux » prend sa revanche sur le « nouveau » : plusieurs explications ont été suggérées ; sans doute Luc veut-il mettre en garde les communautés chrétiennes contre les fausses nouveautés : le vin de l'Évangile a bien vieilli et c'est lui qui est bon ! 

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