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La gloire de Dieu : saint Barthélemy/Nathanael

Tapisserie de l'Apocalypse, Angers, fin XIVe château d'Angers
La tapisserie de l'Apocalypse est une représentation de l'Apocalypse de Jean, réalisée à la fin du xive siècle d'après des cartons de Hennequin de Bruges, peintre attitré du roi de France Charles V. Cette monumentale tenture (103 mètres de long sur 4,5 mètres de haut en moyenne) à usage princier, utilisée pour des occasions solennelles, le mariage du duc louis II par exemple, fut commandée entre 1373 et 1377 au marchand lissier Nicolas Bataille pour le duc Louis Ier d'Anjou.. On date son achèvement aux alentours de 1382. Elle fut donnée par le roi René à la cathédrale d'Angers au xve siècle.
La tapisserie de l'Apocalypse est composée de sept pièces et probablement de 84 tableaux. C'est la plus complète et la plus remarquable illustration de l'Apocalypse que nous ait léguée l'art français du Moyen Âge. L'artiste s'inspira de divers manuscrits, surtout d'une Apocalypse du XIIe siècle, mais il y a en même temps des informations sur la vie politique et sociale de la fin du XIVème siècle.
Chacune des pièces comportait 14 tableaux répartis sur deux niveaux dans un grand bâti à compartiments imitant des encadrements en bois mouluré, et situé entre un ciel peuplé d'anges musiciens et une terre fleurie. En tête de chaque pièce un grand personnage sous un baldaquin invite à la lecture et à la contemplation des scènes.
L'artiste a fait preuve d'une très grande originalité dans la conception de l'ensemble, dans la composition des tableaux, dans l'équilibre des personnages. Son art consommé se manifeste par la simplicité et la souplesse du dessin, par la recherche du contraste des formes et des couleurs.
La tapisserie présentée ici, a pour commentaire : «Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne. Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d'auprès de Dieu…»
Au centre l'ange imposant avec ses grandes ailes colorées guide le voyant par la main hors de la ville terrestre pour lui présenter la Jérusalem nouvelle dans toute sa splendeur, ville idéale ceinturée de murs et ouverte de portes.
Le style « gothique international » de la fin 14e se trouve ici bien représenté par la finesse et la préciosité :les personnages sont gracieux, tant le voyant qui s'avance, livre à la main et écharpe au vent qui forme des volutes animées. L'ange lui tend la main aimablement, ses ailes recouvrant tant la partie terrestre que la partie céleste.
Le texte biblique
Alors arriva l'un des sept anges qui détiennent les sept coupes remplies des sept dernières plaies,et il me parla ainsi :« Viens, je te montrerai la Fiancée, l'épouse de l'Agneau. »
Il m'entraîna par l'esprit sur une grande et haute montagne ;il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu.
Elle resplendissait de la gloire de Dieu,elle avait l'éclat d'une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin.
Elle avait une grande et haute muraille,avec douze portes gardées par douze anges ;des noms y étaient inscrits :ceux des douze tribus des fils d'Israël.
Il y avait trois portes à l'orient,trois au nord,trois au midi,et trois à l'occident. La muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau.
Ap 21, 9-14
Commentaires
Après une fresque terrible de la désintégration du Mal dans un enfer de souffre, Jean fait apparaître comme une icône illuminée intérieurement notre monde, le même et pourtant neuf, parce transfiguré par la beauté de Dieu : « alors j'ai vu un ciel nouveau, une terre nouvelle » (Ap 21,1), C'est la joie, « alors j'ai vu descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la Cité Sainte, la Jérusalem nouvelle ». Dieu va pouvoir demeurer avec les hommes, être l'Emmanuel.
Cette Jérusalem nouvelle est décrite avec précision dans les versets qui précèdent notre passage d'aujourd'hui.
L'ange est l'un des sept anges qui détenaient les sept coupes remplies des sept dernières plaies, ainsi Jean accentue le contraste entre la chute de Babylone et la consécration de Jérusalem : les dernières plaies annoncées précédemment sont maintenant renversées par l'œuvre de salut opérée par Dieu.
La cité sainte est présentée comme la fiancée, l'épouse de l'agneau, antithèse de la Babylone présentée comme la prostituée (ch 17).
La cité est située sur une haute montagne, elle descend du ciel, d'auprès de Dieu.
L'auteur insiste sur la splendeur de la ville, l'éclat et le resplendissement de sa gloire, complément de la perfection de sa construction décrite avant.
La Jérusalem nouvelle a des assises apostoliques et se réclame du peuple de la nouvelle alliance. Que de pierres précieuses, de matériaux extraordinaires ! Cela confirme le caractère idéal de la cité.
Jean offre ici une vision de la Jérusalem céleste extraordinaire telle que «l’œil n’a pas vu et l’oreille n’a pas entendu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment” (1Co 2.9).
Le chapitre 21 de l'Apocalypse arrive à la fin de la Bible, qui commençait par une vision de la première création où Dieu venait converser avec l’homme, son ami, dans l’Eden ; ainsi le Livre se termine par une vision encore plus merveilleuse où déborde la joie d’être avec Dieu.