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Centre d'enseignement de théologie à distance

Sainte Marie Madeleine; la recherche du bien-aimé

La fiancée et son bien-aimé, le Cantique des Cantiques, illustrateur de la bible historiale de Petrus Cosmetor, Bible historiale, 1342, France, musée Meermanno Westreeianum, La Haye

Petrus Comestor , Pierre le Mangeur,  est un théologien,  né à  Troyes vers 1110, élève de Pierrre Lombard. Il dirige l'école de théologie de Paris pendant cinq ans entre 1164 et 1169. Son oeuvre principale, l' Historia scholastica  est un abrégé de tous les livres de la Bible destiné à accompagner les clercs itinérants pour leur fournir des références pour les prêches ou les disputes Au début, il ne s'agissait que de traduire la Bible directement depuis l'hébreu (comme saint Jérome), puis il s'agissait d'admettre l'autorité de l'exégèse juive. Le texte de Pierre le Mangeur montre qu'il recueille nombre de traditions juives et qu'il a des contacts avec les exégètes juifs . Il est aussi l’auteur de commentaires sur les Epitres de saint Paul et sur les Évangiles.

L' Historia scholastica super Novum Testamentum  rédigée entre 1169-1173) fut traduite en français, en même temps que la Vulgate par  Guyart des Moulins et imprimée à la requête de Charles VIII vers 1483 et 1545.

Des traductions circulèrent en Allemagne dès  1248. L' Historia scholastica, est connue en plus de cent exemplaires et se trouve généralement abondamment illustrée.

Elle offre une sorte d'adaptation de l'histoire sainte très narrative, insérée dans l'histoire générale de l'humanité, avec des gloses tirées des auteurs ecclésiastiques et profanes, mêlant les Écritures canoniques à toutes sortes d'emprunts aux apocryphes et aux commentaires des exégètes juifs ; Pierrele Mangeur fait souvent appel à l'autorité d'André Saint Victor  pour améliorer les textes qu'il utilisait.

Nous avons ici une illustration du Cantique des Cantiques insérée dans un motif quadrilobé. Au centre la bien-aimée et son bien-aimé. La bien-aimée porte une couronne, elle symbolise Marie, couronnée par son Fils lors de sa montée au ciel. Ses gestes sont affectueux.

Elle a trouvé son bien-aimé, représenté ici sous la forme du Christ avec son nimbe crucifère et le Livre à la main.

Le paysage est composé de montagnes rocheuses et d'arbres, illustrant la recherche de la femme du Cantique dans les campagnes et dans les villes. Le point de rencontre est au centre, là où tout converge en profondeur.

La composition est fort équilibrée, plein de sagesse et les couleurs sont fraiches. Les gestes de chacun sont souples : la bien-aimée retient élégamment sa robe et le bien aimé se penche délicatement vers la femme. Cela correspond au précieux style gothique international en vigueur à l'époque.

Le texte biblique

  Toute la nuit j'ai cherché celui que mon coeur aime. Étendue sur mon lit,je l'ai cherché, je ne l'ai pas trouvé !

 Il faut que je me lève, que je parcoure la ville, ses rues et ses carrefours. Je veux chercher celui que mon coeur aime…Je l'ai cherché, je ne l'ai pas trouvé !

 J'ai rencontré les gardesqui parcourent la ville :« Avez-vous vu celui que mon coeur aime ? »

 A peine les avais-je dépassés,j'ai trouvé celui que mon coeur aime.Je l'ai saisi, je ne le lâcherai pas.

 

 

Ct 3,1-4

Commentaires

Nous lisons aujourd'hui le troisième chant du Cantique des Cantiques, du « chant des chants qui est de Salomon » selon le titre hébraïque de ce libre biblique. Ce texte est bien un chant, composé des mots écrits et de voix. Le Cantique des cantiques est un univers sonore d'appels, d'échos, de questions, de répliques. Il ne parle pas simplement d'amour, il est l'amour jaillissant en parole. Nous en lisons bien entendu une traduction, donc dépourvu de sa texture sonore.

Ce chant est un dialogue, deux voix se répondent, le « il » et le « elle », sans personnalisation précise. Le poème s'ouvre directement sur la parole vive d'une femme qui exprime son admiration et son désir.

Ce livre biblique est peu utilisé dans la liturgie, pour la fête de sainte Madeleine d'aujourd'hui (et pour la fête de saint Bernard).

Ce troisième chant « Avez-vous vu celui que mon cœur aime? », s 'ouvre en faisant rupture avec le précédent. Le bien-aimé a disparu et une solitude inquiète succède à la rencontre précédente.

Ce chant est dominé par le thème de « chercher-trouver ».

La bien-aimée part à la quête de celui qui s'est mystérieusement dérobé. Et parcourt les villes, les campagnes. Les gardes symbolisent une société bien éloignée de ses soucis et pourtant ils deviennent désormais ses interlocuteurs.

« Elle » pense à  celui qui amène avec lui la lumière du jour. Mais elle en a perdu la jouissance . Sa conscience n’est pas endormie, son amour est réel : «J’ai cherché celui qu’aime mon âme». 

Si notre communion avec Christ s’affaiblit, les motifs en sont uniquement de notre côté. Le Seigneur nous donnera tous les témoignages possibles de son amour, et, aussi longtemps qu’il sera le centre de notre vie, la lumière, l’amour, la paix et la joie rempliront notre âme.

Pour la bien-aimée seule la personne du Seigneur peut satisfaire ses aspirations. «Avez-vous vu celui qu’aime mon âme ? », c’est le cri de celui qui appartient à Christ. Un œil simple ne se porte pas sur deux objets à la fois. Durant la nuit, l’épouse s’est occupée d’autre chose que de son bien-aimé. Ce n’était pas Christ lui-même qui remplissait ses pensées comme au temps où elle s’écriait : «Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes seins». Alors la paix inondait son âme, elle répandait autour d’elle le doux parfum de Son nom. Maintenant elle est manifestement agitée et troublée.

 

La tendresse de la bien-aimée pour son bien-aimé est telle que rien d’autre ne peut satisfaire ses besoins. Elle le cherche, lui, son Seigneur et rien d’autre au monde ne peut le remplacer. Seul l’amour du Rédempteur peut satisfaire l’amour de l’épouse. Le Seigneur est l’objet et le centre de tous les rachetés, comme il l’est des pensées de Dieu.

Sa joie est grande lorsqu’elle trouve son bien-aimé, elle, la pauvre et faible créature errante. Je l’ai trouvé, dit-elle, Celui qui est la source de toute joie, de toute bénédiction. Elle est récompensée de son ardente recherche. Il en est toujours ainsi. Si nous sommes réellement tournés vers le Seigneur, nous le trouverons bientôt. Il prendra plaisir à se révéler à ceux qui aiment, comme il le fit pour Marie. Elle le voit, elle le « saisit », elle ne le lâchera point qu’elle ne l’ait amené dans la maison de sa mère comme cela est dit dans la suite du texte..

Le Cantique a été appliqué à la Vierge Marie dès le 4e siècle dans la liturgie ou dans les sermons, mais surtout au 12e siècle. Cette lecture est liée à la lecture ecclésiale du poème, Marie étant la figure achevée et plénière de l'Église . 

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