En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
St Bonaventure :”celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix… celui la célèbre la Pâque avec lui”
Jésus au mont des oliviers, enluminure de l'évangéliaire de Otton III, 10/11e siècle, Bayerische Staatsbibliothek, Munich
L'évangéliaire d'Otton III est un manuscrit enluminé de la fin du Xe siècle ou du début du XIe siècle. Il contient la version de la vulgate des quatre évangileset divers commentaires, notamment d'Eusèbe de Césarée.
Il s'agit d'un exemple notable d'enluminure ottonienne , réalisée à l'abbaye de Richenau dans l'atelier du moine Liuthard. Le manuscrit comprend 276 folios , et inclut notamment une miniature d'Otton III représenté trônant, et des quatre provinces du Saint Empire venant lui rendre hommage : Rome, les Gaules, la Germanie et la Slavonie . Trente-quatre autres miniatures sont présentes dans le manuscrit, dont des poretraits des évangélistes Douze pages de tables des canons sont décorées, et chaque évangile est introduit par une page d'incipit décorée.
Ici est représentée la prière de Jésus au Mont des Oliviers symbolisé par deux élégantes silhouettes d'oliviers . La scène est représentée en deux temps, un grand ruban de feuilles lie les deux scènes. Dans la partie inférieure, Jésus exhorte ses disciples à prier pour ne pas succomber à la tentation, pour avoir le courage d'affronter les épreuves et les souffrances annoncées dans les passages précédents. Ils devront partager les souffrances du Christ. Seul le soutien de Dieu est possible. Pierre devant semble acquiescer, toujours prêt et enthousiaste, les autres disciples dorment déjà !
Sur la partie haute Jésus, agenouillé, prostré prie ardemment son Père représenté par sa main dirigée vers Jésus. Il le soutient et lui montre toute sa confiance tout en n'empêchant pas la coupe de souffrance de s'éloigner. Le salut doit passer par la souffrance.
Jésus doux et humble de cœur accepte la volonté de son Père, tout en étant pris d'une forte angoisse. Mais il est fortifié par son Père. Passage obligé pour le salut, pour le repos à promettre aux hommes. Par le soutien du Père, l'épreuve pourra être supportée.
Le texte biblique
«Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Mt 11, 28-30
Commentaires
Ce court passage suit une prière que Jésus adresse à son Père, qu'il loue car il a caché sa connaissance aux sages, aux gens intelligents. La sagesse humaine ne donne jamais l'essentiel. La connaissance de Dieu passe par le Fils. Et comment acquérir cette connaissance ? En prenant son joug, en se laissant instruire par Jésus.
Venez à moi, c'était déjà l'invitation de la sagesse divine (Pr 9,5; Si 24;19), et le Dieu des prophètes comme Jésus appelle le peuple à trouver en lui le réconfort.
Jésus ne va pas enlever notre fardeau, mais si nous acceptons le joug de Jésus, nous pourrons porter notre fardeau.
Dans le judaïsme le joug de la Loi, des commandements ou du Royaume des cieux, tout ce que l'homme accepte avec joie pour répondre aux exigences de Dieu, les Pharisiens l'estiment léger, mais Mathieu juge pourtant que leur enseignement pèse lourd sur les petites gens ( Mt 24,4). Prendre le joug de Jésus ne relève pas du repos, mais de marcher dans la tranquillité avec celui qui refuse de faire peser son pouvoir, qui se montre doux et humble. Tout devient possible si le guide s'implique dans la voie qu'il a tracée. Jésus nous propose de nous accompagner. En nous plaçant sous le joug du Seigneur, Jésus porte la charge que nous ne pouvons supporter seul. Son joug n'est pas une charge supplémentaire, mais peut procurer le repos. Et le repos vient non pas de l’absence d’effort, mais de l’acceptation de notre condition en Dieu. Il ne retire pas la charge, Il lui donne un sens, Il oriente nos efforts. cet enseignement n’est pas accessible par l’intelligence mais par la foi.
Jésus, maître patient et humble, nous fait découvrir la miséricorde de Dieu dans notre vie et même dans notre propre croix. Il nous montre l’amour de Dieu, même dans les exigences de la Loi. Dieu seul est bon et l’autorité du Christ est bonne.
Saint Augustin commente dans ses sermons : « Pourquoi tous, tant que nous sommes, nous fatiguons-nous ? C’est parce que nous sommes des hommes mortels, portant des vases de boue (2 Co 4, 7), cause pour nous de mille anxiétés. Mais si ces vases de chair nous tiennent à l’étroit, dilatons du moins en nous les espaces de la charité. Car pourquoi vous dit-il: « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués », si ce n’est pour que vous cessiez de l’être. »